De par leur nature calcaire (karst) (1), les sols de la région, ceux de Lourdes et de Saint- Pé en particulier, ressemblent à un gruyère. Ils sont truffés de grottes et de gouffres et en surface poinçonnés de clottes, qui sont des dolines (2), ces entonnoirs de dissolution rocheuse.
Tous ces phénomènes sont dus à l’action érosive de l’eau qui creuse lentement depuis des milliers d’années !
Certains textes sont complétés sur le plan archéologique dans le dossier préhistoire-protohistoire par Jacques Omnès, grand archéologue local, auteur de l'inventaire archéologique des Hautes-Pyrénées, édition G. Mauran.
Pour mieux comprendre notre environnement : la formation du milieu karstique (grottes, dolines, gouffres, rivières souterraines, lire le lien :
(1) https://youtu.be/uGh6egP33CE
(2) Explications sur les dolines : http://fr.wikipedia.org/wiki/Doline
Le Lavedan a la particularité de posséder les trois plus beaux cirques des Pyrénées. Splendeurs de la nature, telles des corolles ouvertes face au nord et à l’ouest, les cirques de Gavarnie, d’Estaubé et de Troumouse sont le résultat de millions d’années de travail d’érosion. Erosion d’immenses glaciers quaternaires qui ont, non seulement creusés la roche de calcaire gréseux, mais aussi façonnés les nombreuses vallées parcourues de torrents, de cascades, de lacs et de ruisseaux qui ont donné naissance au Gave de Pau.
Les filons et les mines + carrière de baryte
Avant-propos : la partie industrielle, prolongement logique de certaines mines, carrières et ardoisières exploitées est reprise dans le dossier patrimoine industriel.
Maurice Jourdan, un grand collectionneur de minéraux lourdais au salon des hobbies à Tarbes Octobre 2017. Photo J. Omnès
La présence de nombreux filons métallifères dans les Pyrénées centrales vient de niveaux géologiques très anciens d'origine volcanique de l’ordovicien supérieur (ère primaire). C’était bien avant la naissance des Pyrénées. Connus et parfois exploités par les Romains, ces filons furent inventoriés au XVIIIe siècle par l’abbé Bernard Palassou dans son Essai sur la minéralogie des monts Pyrénéens en 1784, et surtout à la même époque, par le baron de Dietrich, Commissaire du Roi des mines, bouches à feu et des forêts. Le résultat de ces recherches à travers la France, fut publié en 1786. Dans le diocèse de Tarbes (Bigorre), il a visité nombre de sites des vallées du Lavedan, dont Barèges, Gavarnie, Héas, le Val d’Azun, Saint-Sa(u)vin et Castel-Loubon. Il en a dénombré pas moins de 87. En 1884, Ph.Debette a repris l'inventaire dans sa notice sur les mines de Bigorre (pages 91 à 128 dans les Annales des mines série 5, volume 4.
LES RICHESSES LOURDAISES DES TEMPS JADIS
Les richesses de Lourdes, pointe extrême, éperon rocheux de la chaîne tertiaire pyrénéenne, résultat de la poussée ibérique, a été durant des siècles la pierre, et le schiste.
S’ajoutèrent la forêt et …les cochons.
La pierre lourdaise se présente sous trois formes :
de roches Aptienne à faciès Urgonien qui abrite des fossiles, majoritairement des rudistes de l'espèce Toucasias. Cette roche dite pierre de Lourdes se présente sous la forme d’un calcaire gris à veinures blanches. Elle a servi aux constructions locales et à la réalisation de sarcophages à l’époque mérovingienne.
L’ophite d’un vert brun et de taches vert pale avec des veines jaunes qui a servi pour les ballasts de la ligne de chemin de fer.
Et la pierre à chaux, abondante dans le massif lourdais. Elle a servi comme liant dans les constructions et comme fertilisant.
Les ardoisières
Avec les carrières de pierre et de marbre, celles d’ardoise s’inscrivent dans le paysage du Pays de Lourdes et du Lavedan et font partie de notre patrimoine naturel. Le mot carrière et souvent plus employé que celui de mine, car malgré le statut de mineur des ardoisiers, les gisements en Bigorre sont essentiellement affleurant et leurs exploitations se font à ciel ouvert. La plupart sont installées dans la vallée de Batsurguère, et celle du Castelloubon; Elles sont tenues par de petits exploitants locaux. Les ardoises des toitures et des enclos anciens (labasses), font partie du paysage local. Elles attestent du savoir-faire de nos artisans. Un savoir-faire qui disparaît lentement.
Des pierres de Saint-Martin aux bornes croix
On a donné le nom de Saint-Martin à un certain nombre de rochers, parfois de grande taille ou de forme étrange. Le Lavedan et le Pays toy en abritent quelques-uns.
De nombreux tertres qui se détachaient de leur environnement faisaient l’objet, durant toute la protohistoire, de cultes païens. Attachant quelques pouvoirs à ces rochers à cupules, pierres, et mégalithes, les hommes du Néolithique et de l’Ȃge de bronze leur vouaient une certaine vénération. Censés venir du ciel, n’étaient-ils pas, les meilleurs intermédiaires afin que leurs demandes de moissons abondantes, d’arrêts des tempêtes ou d’une nombreuse progéniture leur soient accordées. Cette vénération ne pouvait que gêner la christianisation en voie d’expansion dans la Gaule naissante.
La flore pyrénéenne est un enchantement. Son isolement par rapport aux autres chaînes de montagnes d’Europe a permis à plus de 160 plantes et fleurs endémiques (propres à la région) de se développer.
En gros, on peut distinguer trois étages de végétation en fonction de l’altitude.
- Jusqu'à 900 mètres, étage collinéen, forêts de chênes.
- De 900 à 1 800 mètres, étage des estives ou étage montagnard, frais et humide. C’est là que poussent les forêts de hêtres et de sapins surtout sur les versants nord, et de pins sylvestres sur les versants sud. Y abondent la cardamine à feuilles larges et la valériane.
- De 1 800 à 2 400 mètres, étage subalpin avec les forêts de pins à crochets (endémiques), de bouleaux et de sorbiers. C’est là que nous rencontrons les rhododendrons, l’iris, le lis et le chardon bleu, le gispet.
- Et enfin, de 2 400 à 2 900 mètres, l’étage alpin. C’est le royaume des plantes robustes. Courtes et rases, mais de couleurs vives comme la saxifrage (d’Irat), le pavot parfumé et le silène sans tige. Elles se développent souvent près des saules nains.
Nous avons mis pour simplifier, les plantes des zones humides très particulières (tourbières, lacs) dans l'étage 900 à 1800 m
E = endémique
Les eaux minérales et autres
La définition
Une source a été définie en 1694 par l’Académie comme « endroit où l’eau commence à sourdre, à sortir de terre, pour avoir un cours continuel ». Mais cette source peut fournir de l’eau dite naturelle et de l’eau dite minérale. C’est Henri IV, probablement en souvenir de da grand-mère, Marguerite de Navarre, utilisatrice des sources de Cauterets qui a défini par un édit royal en 1605, les sources qui pouvaient avoir l’appellation minérale.
Définitions, Sources légendaires et curatives,
Les sources d'Agos-Vidalos, Gazost, Lau-Balagnas, Lourdes, Ourdon-Juncalas, Pierrefitte-Nestalas, Saint-Pé, Uz, Viger, Vizos, Le Réseau de l'eau de Lourdes (Massabielle ).
Les pierres ayant un rapport avec la préhistoire et la protohistoire se trouvent dans le dossier Préhistoire.
Pour les rocher de Roland, voir dossier Circuits d'histoire et de légendes : la Via Charlemagne.
Il y a près de 100 000 ans, le Pays des Vallées des Gaves était recouvert d’un immense glacier, parti des cirques et massifs granitiques du sud du pays surtout du pluton de Cauterets, avec une extension maximale vers 60 000 ans. Ce glacier de 53 km de long avait une pente de 0,m 039 par mètre et recouvrait le pays des vallées des gaves. Aux environs de 44 00 -41 000 ans cal AP (1) a débuté son lent retrait et un peu plus tardivement dans les vallées du pays des vallées des gaves. On date généralement ce retrait entre 30 000 et 23 500 cal AP. Pour atteindre une stagnation au niveau des 400 m durant 2 500 années entre 17 500 et 15 000 cal AP (2). C’est dans ces zones que l’on trouve nombre de cavités dans les massifs karstiques du pays et qu’au-dessus que l’on retrouve des présences humaines correspondant au Paléolithique Puis la déglaciation s’est poursuivie jusqu’à la disparition du glacier située généralement vers 11 700 cal AP âge fin du Paléolithique et début du Mésolithique. En se retirant l’immense glacier a laissé maintes traces, dont de nombreux lacs et blocs erratiques, nombreuses dolines et cavités. Le front de glace au nord du pays atteignait les sites d’Omex, Peyrouse, Poueyferré, Loubajac, Adé Julos, Gez-ez-Angles… Sur cette périphérie, les blocs atteignent d’imposants volumes comme celui dessiné par Edmond Collomb en 1867, dans son ouvrage « Essai sur l’ancien glacier de la vallée d’Argelès » (3). Avec son collègue, Charles Martins, ils affirmèrent qu’ils avaient « rarement vu, même en Suisse, des restes de l’époque glaciaires aussi remarquables » (4). Seul, le sommet du pic du Jer, à 905 mètres, émergeait.
(1) cal AP : Avant le Présent (celui-ci a pour date 1950). En anglais cal BP (Before Présent)
(2) Pyrénées d’hier et d’aujourd’hui de J. Canérot, J.-P. Colin J.-P. Platel et M. Bilotti. Edition Atlantica, 2008. Page 148.
(3) Mémoire de l'Académie des Sciences et Lettres de Montpellier. 1867, p.79-80.
(4) Bulletin de la Société Ramond. 1867, p.93.
Pour mémoire (Wikipédia) : Les préhistoriens s'accordent généralement pour reconnaitre sur le territoire de la France actuelle le découpage chronologique suivant :
Paléolithique inférieur : des premières traces laissées par l’Homme jusqu’à 350 000 ans avant le présent (AP)
Paléolithique moyen : de 350 000 à 45 000 ans AP
Paléolithique supérieur : de 45 000 à 11 700 ans AP
Mésolithique : de 9 700 à 5 000 ans av. J.-C.
Néolithique : de 5 000 à 2 000 ans av. J.-C.
Âge du bronze : de 2 000 à 800 ans av. J.-C.
Âge du fer : de 800 av. J.-C. jusqu'à la conquête romaine de la Gaule.