Des pierres de Saint-Martin aux bornes croix
On a donné le nom de Saint-Martin à un certain nombre de rochers, parfois de grande taille ou de forme étrange. Le Lavedan et le Pays toy en abritent quelques-uns.
De nombreux tertres qui se détachaient de leur environnement faisaient l’objet, durant toute la protohistoire, de cultes païens. Attachant quelques pouvoirs à ces rochers à cupules, pierres, et mégalithes, les hommes du Néolithique et de l’Ȃge de bronze leur vouaient une certaine vénération. Censés venir du ciel, n’étaient-ils pas, les meilleurs intermédiaires afin que leurs demandes de moissons abondantes, d’arrêts des tempêtes ou d’une nombreuse progéniture leur soient accordées. Cette vénération ne pouvait que gêner la christianisation en voie d’expansion dans la Gaule naissante.
Les réactions de saint Martin et de l’Église contre le culte des pierres se firent de façon brutale. Soit celles-ci étaient brisées, soit elles étaient surmontées d’une croix. Du Ve au IXe siècle, les édits royaux et les canons des conciles (Arles 452, Tours 567, Nantes 568) poursuivirent sans relâche le culte des pierres (et autres lieux naturels). Leur enfouissement était recommandé afin d’éviter tout retour aux rites sacrilèges. L’excommunion était même prévue pour tout adorateur de pierre. Il était demandé aux chrétiens de « les renverser [les pierres et les offrandes] et de les jeter dans des endroits si cachés que jamais leurs adorateurs puissent les retrouver. » Concile de Nantes.
Une pierre dressée Alphonse Meillon Photo J. Omnès
Les Peyres Sent Marti des Pyrénées centrales
Les hauteurs du Lavedan et du Barétous étaient couvertes de mégalithes ou de pierres dressées. Les bergers des deux côtés des Pyrénées leur accordant certains pouvoirs, en avaient fait des objets de culte. Mais les adeptes de saint Martin veillaient ; ils ont fait disparaître un certain nombre de ces pierres et ont christianisé les plus importantes, d’où le nom de Peyre Saint-Martin à des lieux où subsistaient encore ces pierres plantées d’une croix. Mais les cultes païens perdurèrent. L’ancrage du paganisme dans ces populations était si fort, qu’elles étaient encore vénérées à la fin XIXe siècle. Par la suite, sous Napoléon III, elles servirent de point de départ au tracé de la frontière entre les deux pays, avec l'adjonction de plusieurs centaines de pierre marquées aussi d'une croix.
La Pierre de Saint-Martin de la vallée de Barétous 262
La borne 262 Cliché Olivier Penaud
Les bergers mettent leurs lances en croix sur la pierre. Le dessinateur a fait une erreur sur le numéro de la pierre. C'est la 262 et non la 272.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Junte_de_Roncal_(trait%C3%A9)
(1) Nous n'avons aucune description ou dessin de cette pierre bénéfique.
Alphonse Meillon de Cauterets a été l'un des rares auteurs à s'être intéressé aux pierres Saint-Martin dans une rare brochure éditée à Pau, en 1907 : Les pierres Saint-Martin.
La pierre (peyre) de Saint-Martin du Val d’Azun 312
Nous apprenons son existence par le censier de Bigorre de 1429. Une pierre figée marquée d’une croix limitait la frontière entre le nord de la vallée de Téna en Aragon et le sud-ouest de la vallée d’Azun, en France. Cette pierre était située sur le Mont Saint-Martin des Autels (Sent Martin de las aras). Les Espagnols la nommaient la peyra hita (pierre dressée). Nom transformé en Piedrafita, pour désigner la vallée espagnole. La description du lieu nous est donnée par Jean-Pierre Picqué (ancien maire de Lourdes) : « Des hautes montagnes s’élèvent pour en former la ceinture [du gave] et laisser entre elles deux sentiers très périlleux qui conduisent au lac de Penticouze (Penticosa) […] Ils sont si étroits qu’à peine un mulet chargé peut y passer. On va en compagnie des ysards. Lorsque vous êtes parvenu au point le plus élevé, vous découvrez une étendue immense coupée par des lacs. », Le port et la pierre se trouvent à 2 295 m d'altitude. Le passage a été atteint en 1792, par Ramond de Carbonnières accompagné de sa soeur et de Mademoiselle Marie Vergès. C'est par ce passage que laines, mules et moutons étaient transportés en Espagne et matières d'or et d'argent, huiles et vins en France.
Mais la présence d’eau et de pâturages n’a pas empêché les Aragonais durant des siècles de venir transhumer et piller le bétail du côté français. Nous ignorons pratiquement tout de ces épopées guerrières, mais ce qui est sûr, c’est que lassés par ces pratiques belliqueuses les habitants des deux vallées sont parvenus à un traité de paix. Celui-ci, comme nous l’indique Jean Bourdette (1) a été renouvelé le 5 mai 1544. Comme en Barétous, la paix a été négociée autour de la « Peyra de Sen Marti. »
Nous savons que cinq députés de chaque côté de la borne s’assemblaient tous les cinq ans, le 10 juillet, pour confirmer les termes de la « carta de Pax. » La borne frontière qui a remplacée en 1862, la pierre Saint-Martin a le numéro 312. Visible du chemin, elle est un peu inclinée vers l'Ouest. Est-ce l'ancienne pierre de Saint Martin ? Le doute demeure.
Cliché Olivier Penaud. Borne d'Azun
Pour les amoureux d’histoire c’est par ce port qu’en 406, passèrent les Vandales, en direction de l’Ibérie et depuis 2007, la course annuelle des fiancés, mise au goût du jour par Franck Ferran d’Arrens, emprunte le même itinéraire. Voir la vidéo ci-après.
http://www.youtube.com/watch?v=B66OWswqKL8http://www.youtube.com/watch?v=B66OWswqKL8
(1) Annales du Labeda III, page 465.
La pierre (peyre) de Saint-Martin de Cauterets 313
Cette troisième pierre est portée à notre connaissance dès 1290, dans une sentence arbitrale (1). Elle est mentionnée comme « borne termi, peyra Sen Martii. » Cette information sera reprise en 1423, le 4 août, lors d’une seconde sentence arbitrale (2). Cette pierre est censée être la borne limite ente le Quignon de Penticosa en Espagne et le port de Jerret (Val de Jéret) en France. Le censier de Bigorre (3) de 1429 confirmera sa présence sur le haut des rochers comme « ligne de partage des eaux entre Barimanche en Espagne et Gerret en France. » Sa présence sera reprise à plusieurs époques : en 1619, lors du dénombrement de la rivière de Saint-Savin et en 1667, à nouveau dans le censier de Bigorre, mais là, il s’agit de plusieurs pierres appelées Saint-Martin.
Avec le temps, certaines pierres ont pu disparaître ou se coucher (foudre, vandalisme, tremblements de terre, érosion), mais le nom Saint-Martin demeure, puisque la carte d’Etat-major de 1862, donne au col qui relie Cauterets à Penticosa, le nom de la Peyre Saint-Martin, ainsi qu’au ruisseau qui descend vers le Plaa de la Gole. Si les noms ont varié au cours des ans, le traité de délimitation de 1862, indique bien son emplacement au nord du Marcadau, au plaa de la Gole. C’est là que se trouve la borne 313.
Plaa de la Gole ; borne 313. Cliché Olivier Penaud
La partie haute de ce Marcadau, dont une partie est indivise, ayant été l’objet de nombreux litiges, des réunions annuelles ou vistes furent nécessaires pour les régler. Elles se tenaient au Plaa de la Gole. Vu le nombre de bergers venant régulièrement à ces réunions, un marché aux bestiaux s’y installa et le lieu prit le nom de Marcadau (de marcat : marché).
(1) Cette borne marquait déjà en 1258, lors du traité de Corbeil-acte de paix, la frontière entre le royaume de France de Louis IX et celui du roi d'Aragon, Jacques 1er.
(2) Archives H-P ; E.897.
(3) Archives P-A ; B.1055. Registre des redevances tenu par le seigneur.
Port du Marcadau ; borne 313. Cliché Olivier Penaud
La borne 314 se trouve au col d'Arratille
La borne 315 se trouve au port du Pla d'Aube, les trois chiffres son gravés à l'envers.
La borne 316 se trouve au col de Cardal. Le 3 et le 1 sont gravés à l'envers.
Il existe curieusement une seconde borne 316 non officielle, peinte, avec les chiffres dans le bon sens.
Photos Jean Marchadiier
La borne 317 se trouve au col de la Bernatoire
La borne 318 se trouve au port des Espécières
La pierre (peyre) Saint-Martin du col de Boucharo (Gavarnie) 319
Le pyrénéiste Pasumot (1788-1789) et Noguès de Luz évoquent tous deux, des pierres Saint-Martin à Gavarnie. Lieu qui est nommé sur leurs cartes, port de la Pierre Saint-Martin. Cette appellation sera reprise. Elle est mentionnée dans différents ouvrages par de nombreux pyrénéistes, comme Ramond de Carbonnières en 1801 après son passage en novembre 1792 avec sa soeur, ou La Boulinière en 1825. Ce dernier nomme sur ses cartes, le port de Boucharo, Pierre Saint-Martin. Le terme sera repris sur le cadastre de Gavarnie.
La Boulinière écrit: « … un embranchement de la vallée de l’Ossoue paraît offrir du côté méridional, un passage facile qui probablement conduit aux mêmes points que le port de Gavarnie, vers le quartier de la fameuse pierre Saint-Martin, connue des géographes sous cette dénomination. »
Mais aussi bien, lui, que Ramond de Carbonnières n’indiquent si cette pierre existe toujours et ne fournissent aucune description ou dessin de celle-ci. De même Ann Lister en août 1838, passe également par ce port, l'un des plus bas des Pyrénées (2 298 m) sans mentionner la présence de la pierre.
Nous savons seulement que les arpenteurs de 1862, ont gravé une croix et mis le numéro 319 « sur la face orientale « d’une grande pierre debout appelée pierre Saint-Martin. » Est-ce l’une des antiques pierres bénéfiques ?
La 319 n’est certainement pas la seule pierre Saint-Martin qui subsiste de ces mégalithes christianisés qui se confondent maintenant avec les bornes-croix. Mais le mystère sur leurs emplacements aux crêtes de nos montagnes, à la ligne de partage de deux peuples reste entier. Alphonse Meillon a été l’un des rares Pyrénéistes à s’être intéressé à ces pierres dans un rare ouvrage de 1907. Il conclut : « Nous n’avons pu arracher leur secret aux rochers de Gavarnie, du Marcadau, du Bat-Leytouse et du pic d’Arlas. Ces pierres immuables, fichées sur ces crêtes désertes, depuis des siècles cachent leur secret de leur baptême. »
Pierre dressée, borne 319 au col de Boucharo. Le chiffre 319 et la croix occupent une petite partie seulement de la face visible de la pierre. Clichés Olivier Penaud
Les bornes-frontière
Traité des Pyrénée, 7 novembre 1659
Après le traité des Pyrénées de 1659, le tracé de cette frontière invisible fut précisé par le traité de Bayonne de 1856. Près de 602 bornes sur les 657 km du Pays basque (numéro 1) à la Catalogne, hors Andorre (1), sans croix ou avec croix, en béton, en bloc de granit, sur pierre existantes, rappelant et complétant ces bornes ancienes, vues ci-dessus, dont celles des pierres Saint-Martin, furent plantées ou redressées, gravées et numérotées et avec une date de l'intervention : 1856 par exemple, ou une lettre R.... Pratiquement une borne tous les kilomètres. Trois géographes, délégués à l’abornement veillent à leur conservation, dont Jean-Paul Laborie.
La borne 1 se trouve en bord de mer sur une grotte. Il existe quelques bornes bis suite à des recherches infructeuses; comme le 333bis. Parfois le dessus est gravé d'une ligne cassée en biais indiquant le changement de direction
(1) Andorre a été borné en 2017 : 8 bornes
La borne 1 se trouve sur une grotte au bord de l'eau. .Photo J-P Laborie.
Borne 427 en pierre. Photo J-P Laborie
La borne 602 estdécorée dune plaque de marbre posée par J-P Laborie. Photo J-P Laborie
J-P Laborie en conférence à Lourdes le 10 10 2023
Plusieurs amoureux de la montagne, chercheurs de bornes en ont dressé un inventaire, dont Olivier Penaud avec son site : http://olivier-penaud.blogspot.fr/
Borne 314 d’Aratille Borne 311 Col de Sobe ; clichés Olivier Penaud
Les gardiens des bornes
http://www.ladepeche.fr/article/2010/11/03/940427-entre-france-et-espagne-jean-paul-veille-sur-les-bornes-de-la-frontiere.html
LES BORNES VILLAGEOISES (forêts, paturages)
Adast-Beaucens
Le long du chemin Comte. Photo Yves Sers avec nos remerciements
Arcizans-Avant
La borne de la Peyrère
C'est la borne N° 39 au nord/ est du Bardéroun de «Bignalongue» au dessus de la fontaine de Catibère (1). Cette borne a été redécouverte le 19.10.2014 à ( Après 8 tentatives) par Dédé Cuel d'Arcizans. Il s'agit d'un énorme rocher en granit gris sur laquelle apparaît un trou de perforation d' environ 200 mm de profondeur et d' un diamètre d'environ 30mm. Ce rocher revêt une croix sculptée d' environ 200mm dans le sens longitudinal et 100mm dans le sens transversal Ce rocher ne possède pas de picot en fer. (Après la découverte, Dédé a mis en place un picot jaune fluo avec une une bande rouge et une bande bleu) Cette borne limitrophe délimite Arcizans- Avant de Lau -Balagnas.
(1) Le village était délimité par 42 bornes
Le Béout
Les emplacements des pierres bornes entre Lourdes et Batsurguère ont été à l’origine de nombreuses rixes et de nombreux procès, au niveau des droits de pâturage. Les litiges ont commencé dès le XIIe siècle, avec Centulle III qui accorda à la communauté de Lourdes, des droits sur le Béout (Béüt), droits renouvelés par Philippe- Auguste, et Louis XIV en 1667. Des affièvements furent négociés dès mai 1503, par Lourdes aux communes d’Aspin, Omex et Ossen pour un droit de paissance (1). Mais les limites étant mal définies, et les communes de Batsurguère ne payant plus de droits à partir de 1837, de nombreux procès alimentèrent les rapports entre ces communes, et ce, d’autant que la Révolution n’avait pas tenu compte des actes antérieurs en établissant de nouvelles limites qui deviendront cadastrales en 1809, sous Napoléon. Ces conflits mèneront en 1902, à une mission en 1905, de recherches des bornages anciens. Ceux-ci se résument à la Source (font) de Bramevaque (près de Massabielle 2), au petit bois de Bouchet, à l’Hourat de la Maouro (la grotte du Roy), la Peyre det Soum (Pierre de la Crête et à la Peyre Crouxade (Pierre croisée).
La propriété du Béout (Beüt) n’est toujours pas, de nos jours, bien définie et a donné lieu à de nouveaux litiges avec l’implantation du second relais TV de TDF en 1995. Roger Mézailles a analysé avec tous les détails possibles, cette affaire dans la Revue Mémoires du Pays de Lourdes.
La peyre crouxade (Batsurguère)
La supposée Peyre Crouxade se trouve à la croisée de chemins d’accès à Omex via le Bescuns. C’est-à-dire après la carrière du Bescuns, au croisement de la route Lourdes-Omex au carrefour de celle d’Ossen (longeant la colonie de vacances), sur le côté droit en venant de Lourdes. Voir dessin ci-dessous. Il semble que les délégués de Batsuguère ne sont pas tout à fait d’accord s’il s’agit de la Peyre Crouxade ou de la Peyre del Soum. Que ce soit l’une ou l’autre, la borne frontière d’après le dessin de la commission de 1905, à l’endroit indiqué sur le plan est une pierre de granit de 3 m X 1,20m X 1, 80 m de hauteur posée sur un rocher de 80 m sur 25 m de large (à sa plus faible largeur).
Historique Cette pierre dite de la discorde par les locaux a pour origine l’affaire dite de Nelli (le responsable du chantier des sanctuaires ?) Cette personne dénommée fermier de la propriété Millas, dans le procès le concernant ) faisait paître ses troupeaux sur une partie du Béout (Beüt) reconnue lourdaise par la municipalité, suite aux droits et actes de 1482, 1502 et 1729. Or, son troupeau fut « mis en fourrière » par le garde champêtre de la vallée de Batsurguère, dont les élus ne reconnaissaient pas le droit des Lourdais à faire paître leurs 1500 bovins sur ces pentes du Béüt. Un procès fut engagé par la ville mariale contre les valléens en 1901. A cet effet, furent organisées par des experts nommés, les recherches des bornes et limites de propriété anciennes : font de Bramevaque, bois de Bouchet, , Hourat de la mauresque, Peyre det Som et Peyre crouxade.
Litiges Déjà, de par le nom, les valléens font remarquer que cela ne peut être cette pierre, vu qu’elle n’est pas surmontée ou marqué d’une croix. Suit une discussion de linguistes : cela peut désigner une pierre à la croisée de chemin ou une pierre reposant sur d’autres pierres ( ?). Pour les valléens, cette pierre serait la Peyra det Som. Malgré la ligne de séparation proposée par la commission d’expert le 5 novembre 1904, le litige n’est pas réglé. Il a eu des répercussions, lors de l’installation du téléphérique du Béout, de l’exploitation du gouffre et surtout de la pose des antennes de TDF en 1958.
Pour les curieux un article fort complet a été réalisé par Roger Mézaille dans Mémoire du pays de Lourdes no 5.
Pour accéder à la peyre Crouxade
Prendre le cami deths Bieys et laisser son véhicule sur le premier espace libre rencontré sur la droite. Il suffit de s’enfoncer sur la crête sur près de 70 mètres dans les bois. La pierre bien visible était recouverte de lierre, arbustes, ronces et mousses que nous avons dégagé sur un côté ; cela nous permet de comprendre que c’était l’arrête du bloc (qui s’est fendu depuis 1905 à cause de la végétation) qui servait de frontière entre la commune de Lourdes et celle d’Omex.
(1) Jean Bourdette Le château et la ville de Lourdes, page 173. Jean Bourdette ne précise pas si ce cet arrêt de droit de paissance était doublé d’un droit de voisinage, courant en la matière ; c’est à dire que le bétail des valléens ne pouvait paître sur le territoire communal de Lourdes que du lever au coucher du soleil.
.PS : pourquoi pierre croisée ?
Pierre Crouxade et sa crête borne. Photos J. Omnès
Le rocher croisé tout recouvert de verdure est celui au premier plan, au fond la falaise du Bescuns. Il a fallut dégager la pierre tant elle était recouverte de mousse et d'arbustes divers.
Nettoyée en octobre 2020.
Relevé fait pour le rapport d'expertise de 1905. Archives départementales 3U, 1904-1905.
La borne de l'Hourat de la Maouro (Le trou de la Mauresque)
La première limite qui se trouve dans le val des Bescuns, au début du marquage est située en bas de la route Lourdes-Ségus, jadis appelé chemin d’Ossen : c’est l’Hourat de la Maouro (le trou de la Mauresque), hourat désignant un trou. Ce nom ayant pour origine une légende, était jadis celui de la grotte du Roy (plus commercial). Cette grotte est située du côté droit de la route, au début de la côte sur la rive gauche du ruisseau des Bescuns, au nord de la ferme Menigou. D’après les experts de 1904-1905 chargés du contrôle de l’emplacement des bornes, l’Hourat devait se trouver près de la Peyre det Soum (la pierre du sommet), mais l’emplacement de cette dernière ne fut jamais trouvé (1)
La borne du 1er sommet
En 1809, fut inscrit sur le code napoléonien la borne d’un 1er sommet juste après l’Hourat. Elle se trouve du côté gauche de la route en montant à Ségus. Cette borne, en fait un rocher erratique, serait marqué de trois signes : 0XV. Nous avons trouvé un rocher au croisement du chemin d’accès et de la limite des communes de Ségus et de Lourdes à partir de la carte de Géoportail. Mais nous n’avons trouvé aucun signe distinctif. Ce rocher est situé aux coordonnées de Géoportail suivantes : 42°0531 N, 0°0425W ; altitude GPS 425 m sur 1ere ellipse 539 m, satellite 8.
Une seconde recherche nous a amené un peu plus haut de la ligne de démarcation entre Lourdes et Ségus, à une cinquantaine de mètres environ sous la barre rocheuse indiquée sur la carte IGN : « Turoun Esplat ». Là, deux rochers ont attiré notre attention. Le premier pourrait être une pierre dressée (un signal de localisation ou hitte) en granit bloquée par quatre pierres (calcaire et granit) qui semblent manifestement avoir été positionnées par l’homme. A côté, sur un bloc calcaire isolé (semble-t-il aussi rapporté) attire notre attention car c’est une mini auge naturelle (grosse cupule de dissolution). Elle aurait pu servir d’abreuvoir ou de réceptacle d’offrande.
10 m en dénivelé plus haut et à 24 m, visible de loin, se situe un énorme bloc erratique (6,2x4,2x1,5). Sur sa face plate supérieure, ressemblant à une table, nous avons identifié une croix gravée de 25 cm sur 15 cm en forme de « Tau ». A quoi pouvait servir cette marque dans cet endroit très convoité par les bergers et les vachers tant de Ségus que de Lourdes, une limite de pâturages ?
Nous n’étions pas au bout de nos surprises, toujours sur la zone de la limite communale entre Lourdes et Ségus, 10 m en dénivelé plus haut et à 24m de distance du gros bloc gravé, se trouve un autre bloc erratique mais à priori sans gravure apparente.
L’alignement « suspect » de ces trois blocs erratiques, à égale distance, mais aussi en écart d’altitude ne semble pas être le fruit du hasard et mérite d’être signalé, tant il y a des indices indiquant l’intervention manifeste de l’homme et pas divine...
Alors de quand date cet alignement, pourquoi en ce lieu précisément ?
Autant d’interrogations qui incitent au vagabondage de notre imagination. D’autant plus que nous savons qu’à l’âge du renne, il y a 12000 ans, alors que le glacier avait fondu, l’homme chassait sur les hauteurs du Béout et ses restes ont été retrouvés au fond du gouffre, jadis visité par les touristes. Non loin de là, au pied du Béout, sur la commune de Ségus, il a été découvert une sépulture datée de l’âge du bronze (1000 ans AV JC) au Roc d’Escays. Plus récemment dans l’histoire, sur le Béout, les mérovingiens exploitaient des carrières pour en extraire des sarcophages…
Alors tout est possible, à n’en pas douter ce coin du Béout est à prospecter sérieusement.
Comme nous n’avons pas encore trouvé le fameux rocher gravé OXV, on y retournera quand la végétation sera moins haute…
Pour y accéder
Prendre la route de Lourdes à Ségus 50 m après la carrière abandonnée, au niveau dune ancienne décharge sur la droite, prendre le chemin en face qui monte. Le suivre.sur un replat au bout de 10mn. Apparaissent plusieurs barres rocheuses. Après le premier rocher sur la gauche, marqué de trois points rouges, c’est celui dans son prolongement sur la gauche en hauteur. Mail il ne possède aucun signe distinctif lettre ou croix. Bien que sur le bon emplacement il s’agit peut être d’un autre rocher. A suivre
(1) Mémoires de Lourdes N° 5, Roger Mézaille, page 67.
Départ du chemin. Géoportail
Arivée au replat. Photo J. Omnès
Pierre gravée. Photos J. Omnes La croix Photo Alain Dole
La croix. Photo A. Dole Pierre dressée ? Photo J. Omnès
Plan cadastral napoléonien 1809, indiquanr la borne avec les lettres OXV.
Gez-Arras
L’élevage et le pastoralisme ont été de tous temps avec les carrières-ardoisières, les richesses de la Haute-Bigorre. Ils donnèrent lieu à de nombreux litiges, voire guerres entre éleveurs. Un bornage délimitant les terres indivises des villages dans les sites éloignés s’avéra nécessaire. Il est probable que certaines bornes, simples pierres aux formes parfois curieuses et parfois aux qualités curatives ou inspiratrice de spiritualité furent récupérées par le christianisme que les marqua d’une croix. De lieu de culte pour quelques-unes, elles s’inscrivirent dans les délimitations des terres de pacage ou « terra-mustra (0) ».
Jean Bourdette dans ses annales évoque la reconnaissance de ces bornes concernant les limites entre Gez et Arras en juin 1458, au niveau du quartier du Courouaou, confirmant l’emplacement des pierres vérifiée trente-quatre ans avant.
Tout ce que le val d’Azun abritait de personnes nobles et de « bézis : hommes honorables et d’âge mur » furent invitées par le représentant du comte de Bigorre : Joan Mémbiella d’Arcizàs Soubiran, bayle de Labeda (Lavedan). Ils furent d’accord sur les emplacements suivants :
La première se trouvait (se trouve toujours) au bord du Bergons (Gave)
La deuxième dans la forêt, c’est une grande pierre plate gravée d’une croix ou Pèyra Croutzada comme celle d’Omex au-dessus de l’Arboucau.
La troisième, dans l’Arriéou dét Courouaou, sur la droite du chemin se dirigeant vers la Graba (1) sur Lastéé.
La quatrième, sur le côté inférieur du chemin qui va du Sarrat à la Houn (2) déra Graba.
La cinquième, de forme d’une enclume, près de la précédente en descendant.
La sixième, Pèyra Croutzada sans indication.
La septième, au-dessous de la Graba dét Boèè.
La huitième, et dernière au Haou (hêtre) ou Haou lounc (3), au bout supérieur du pré, Prat déou Cazaou d’Arras.
Il est probable que quelques-unes de ces pierres soient encore présentes. Avec l’aide des populations locales nous espérons les retrouver.
PS : nous avons conservé l’orthographe des lieux de Jean Bourdette.
Terra mustra = ?, appellation donnée par Jean Bourdette (1) Grabas = marécage (2) Houn = source, (3) Haou lounc = ?, peut-être hêtre grand, haut
Au Bergons, photo Terèsa Pambrun
Lamarque-Pontacq
II s’agit de la pierre levée dite de Maumus qui délimitait Lamarque de Pontacq, la Bigorre du Béarn. Le censier de Bigorre évoque sa présence en 1429 (1), mais nous la retrouvons dans le nom de la bourgade dès 1342 : de Marqua = la Limite (2).
Comme elle gênait pour les travaux de curage devant l’usine Palau on la brisa en deux et la déplaça. Elle se trouve contre le poteau de délimitation des deux bourgades;
Il serait bon qu’elle soit restaurée et remise à sa place initiale.
(1) Archives 64, code E377.
(2) Toponymies locales de Michel Grosclaude et J-F Le Nail. Pouillé de 1342.
Pres du poteau Lamarque-Pontacq
Située au carrefour de la rue des Tanneries et la rue des Pyrénées, cette pierre marquée Croix de Hitte a été posée à cet endroit en mémoire d'une imposante croix de béton portant un christ de bronze qui se trouvait là. Cette pierre commémorative sculptée dans du marbre d'Arudy est l'oeuvre de J-J Abdallah sculpteur à Arras-en-Lavedan.
La croix et le christ déposés dans un garage, furent par la suite emportés vers la chapelle N-D de Piétat. La croix fut replantée en 2012, devant la chapelle, sur un terrain appartenant à J Quidarré et H. Buyn après avoir été repeinte et le christ à la jambe brisée, restauré. Voir le dossier églises, canton d'Ossun-Lamarque-Pontacq
Peyrouse
Une autre pierre christianisée, la pierre-borne entre Peyrouse et Lourdes au-dessus de la ferme Caussade.
Saint- Pé
Pierre borne de la forêt de très Crouts
Photo Alain Dole
C’est l'une des 485 bornes qui ceinturent les 2497 ha de la forêt domaniale de St Pé de Bigorre. Il s'agit de la borne 386 de Soum de la Génie Braque...