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La transhumance de jadis à nos jours
« On peut faire des tas de métiers que l'on n'aime pas, sauf berger. »
La transhumance, c'est la montée des bovins et des ovins vers les pâturages d’altitude (estives). Ces estives appartiennent en majorité à des collectivités locales, communes ou syndicats pastoraux. La transhumance est pratiquée dans le Lavedan à partir de fin juin-début juillet. Les troupeaux montent sous la direction d’un majourau ou majoral, responsable des troupeaux et des hommes qui partent avec lui jusqu’aux terres de pacage et aux assès (abris de haute montagne). Chaque animal est marqué du signe de son propriétaire : un trou, une ou deux fentes aux oreilles pour les vaches, une tache de couleur sur le pelage pour les ovins. Les vaches meneuses portent une grosse esquèrre (grosse cloche dont le son est reconnaissable de loin).
Le Lavedan et le Pays toy sont aussi riches en danses traditionnelles, moyens privilégiés d’expression populaire, qu’en légendes ; c’est peu dire. Plusieurs personnes avant-guerre se sont intéressées à ces coutumes locales alors encore vivantes dans certains de nos villages, mais en déclin. Jean-Michel Guilcher (né en 1914, maître de recherche honoraire au CNRS) aidé de son épouse et de Miguel Camelat (1871-1962), puis Françoise Trillat et René Tauziède, puis en 1977, de Marinette Aristow-Journoud (collectes 1954-1970) ont sauvé de l'oubli ces patrimoines immatériels. Ces études font suite en les approfondissant, aux recherches de la Britannique Violet Alfort (1881-1972) qui concernaient toutes les Pyrénées : Pyrenean Festivies 1937.
La Bigorre et le Lavedan en particulier, pays de légendes, ont de tous temps porté à leur paroxysme la crédulité dans les choses surnaturelles.
Tout le monde se souvient de la ferme Séron et de ses feux diaboliques et cela se passait en 1979 (1).
Moins connue car plus ancienne, mais plus dramatique, est l’affaire du couple Subervie condamné en 1850, par le tribunal de Tarbes, pour avoir brûlé vive, la femme Bédouret, censée donner le mauvais œil (mau dat). Et si l’on remonte dans le temps, on se rend compte que le pays était imprégné de croyances d’ordre surnaturel. Le diable et ses suppôts, les mau hads et hadas ou sorciers et sorcières (mauvaises fées) étaient présents partout : lors des soirées de sabbat dans les environs de la tour du Garnavie à Lourdes et lors des avalanches ou pluies diluviennes en pays toy, comme celles de 1678 à Barèges, dont les habitants accusèrent de pacte avec le diable, un certain Fortaner de Trazères, originaire de Sers.
Le pèle-porc Lou pèlo-porc
Cette coutume ancestrale qui couvrait toutes les Pyrénées et surtout la Haute-Bigorre, pays du porc par excellence, avait généralement lieu entre le début de décembre et la fin de février, lorsque les travaux des champs étaient au ralenti et les mouches à viande moins nombreuses à cause du froid. Il se disait que l’on devait tuer le cochon pendant la lune vieille ou après le vendredi de la lune nouvelle, il paraît que c’est le meilleur moment pour la conservation de la viande. Le verrat ou la truie qui devaient être sacrifiés étaient nourris avec un pâté fait de grains de maïs et de farine d’orge dans lequel on mêlait parfois de la pomme de terre. L’animal était engraissé en vase clos et sortait rarement. Il était sacrifié et cuisiné pour les besoins familiaux, après une diète de 24 heures.