Mobiliers anciens
LE MOBILIER BIGOURDAN ET SES MOTIFS DE DECORATION
Dans nos vallées, l’enrichissement du monde rural au XVIIIe siècle correspond à l’implantation d’une nouvelle culture, celle du maïs. Cet enrichissement, bien sûr tout relatif a souvent donné lieu à des rehaussements d’étage des fermes avec des chambres indépendantes. Complétant ainsi la salle commune ou chauffoir (1) et les chambres attenantes du rez-de- chaussée. Les nouvelles pièces recevront un mobilier imposant composé d’ armoires (cabinets), et de chaises paillées et la salle commune, buffet et vaisselier provenant des ateliers locaux tant bigourdans que béarnais. Ils auront tendance à se multiplier et à remplacer lentement les coffres, bancs, tabourets, pétrins et blutoirs (chaque maison faisant son pain), Ces derniers disparaitront lentement lors de l’apparition des boulangers, mais ils avaient rarement des décorations sculptées.
L’influence des styles Renaissance et Louis XIII restera encore fort sensible. Ce mobilier recevra nombre de décorations sculptées, surtout géométriques. La conservation des ces meubles, vient du fait qu’ils étaient transmis de mariages en mariages dans les contrats de dot. Nous en retrouvons au Musée pyrénéen de Lourdes et au Musée bigourdan de Bagnères.
Les meubles des paysans les plus pauvres étaient en bois blanc (bois de montagne) pin ou sapin passés au brou de noix. Ceux des plus riches, en noyer, chêne ou châtaigner. Ils étaient régulièrement nettoyés au vinaigre.
L’objectif de ce dossier est de montrer et d’analyser les motifs de décoration que l’on retrouve parfois dans les décorations lapidaires des linteaux et claveaux des maisons campagnardes. L’étude de l'évolution du mobilier en Haute-Bigorre à travers les siècles, n’ a pas été pour le moment envisagé.
Si nombre de décorations proviennent par influence du Béarn, il n’en demeure pas moins que la Bigorre possède quelques particularités tant dans la forme des meubles que dans leur décoration. Et ce, tout en reconnaissant une forte présence du mobilier béarnais en terre bigourdane du fait de l’importance de ses ateliers comme ceux de Morlaàs, Thèze, Salies, Orthez. Beaucoup de Haut-Bigourdans réalisaient eux-mêmes leurs mobiliers.
Pour illustrer notre étude nous avons utilisé les dessins au trait de l’enquête sur le mobilier traditionnel (EMT) menée entre 1941 et 1946 par le musée national des Arts et Traditions populaires. Cette enquête commanditée par le Ministère de la culture de l'époque a pu être réalisée grâce aux jeunes étudiants qui ont ainsi échappé au STO (travail obligatoire).
(1) ou cauhadé du fait de la présence de la cheminée