Le Lavedan et le Pays toy sont aussi riches en danses traditionnelles, moyens privilégiés d’expression populaire, qu’en légendes ; c’est peu dire. Plusieurs personnes avant-guerre se sont intéressées à ces coutumes locales alors encore vivantes dans certains de nos villages, mais en déclin. Jean-Michel Guilcher (né en 1914, maître de recherche honoraire au CNRS) aidé de son épouse et de Miguel Camelat (1871-1962), puis Françoise Trillat et René Tauziède, puis en 1977, de Marinette Aristow-Journoud (collectes 1954-1970) ont sauvé de l'oubli ces patrimoines immatériels. Ces études font suite en les approfondissant, aux recherches de la Britannique Violet Alfort (1881-1972) qui concernaient toutes les Pyrénées : Pyrenean Festivies 1937.
Toutes ces personnes ont distingué deux types de danses, celles récréatives et sociales composées de couples et exécutées lors des fêtes, et celles purement composées d’hommes exécutées lors du Carnaval ou de certaines fêtes particulières et qui généralement étaient des danses itinérantes et de quête. Ce sont surtout ces dernières que nous allons aborder. En particulier, la danse du Baïard d’Esquièze, celle du Pantalon de Saint-Savin et de Sazos, de l’Ours à Gèdre et la ballade des vallées d’Argelès, Azun et Arbéost. La plupart de ces danses étaient éxécutées après les ballades ou les passes-rues (passa carreta)
Les études de ces danses sont relativement succinctes alors que le Lavedan avait une véritable culture populaire originale en matière de chorégraphie, entre les sauts et branles basques et les bourrées ariègeoises ; celles réalisées par Jean-Michel Guilcher eurent lieu durant la guerre, période peu propice aux danses. Et selon lui, la plupart des textes émanaient de gens de passage, d’observateurs occasionnels « jamais de résidents locaux en contact suivi avec la vie paysanne de l’endroit. » Une mention spéciale doit être adressée à Margalide et Louis Le Bondidier, administrateurs du Musée pyrénéen. Ils analysèrent à travers les coupures de journaux de l’époque, les danses remises à l’honneur, lors du séjour du couple impérial à Bagnères.
Pour les passionnés, lire : Danses traditionnelles en Pyrénées centrales de J.-M. Guilcher, éditions Cairn.
Au pays du Lavedan de Marinette Aristow-Journoud, édition Marrimpouey, 1977
Fêtes pyrénéenne de Violet Alford,1937. Édition en français, Loubatières, 2004.
La danse du Baïar (Baïard ou Bayard) et ses avatars en Pyrénées
(L'orthographe variie selon les lieux et les époques)
Pour en savoir plus : http://fr.wikipedia.org/wiki/Bayard_(cheval)
Son impact dans les Pyrénées (Pays basque)
C'est sous la forme d’une danse, la danse du Baïar que cette légende a été revisitée dans les Pyrénées, point de passage obligé vers Compostelle. Le cheval-fée et ses quatre cavaliers ont été transformés en homme-cheval, appelé en Pays basque, zamaltzain. Mais ses prouesses ne sont plus tournées contre l’empereur à la barbe fleurie pourtant, pilleur de Pampelune, mais contre les Maures (Sarrasins). Ces derniers, toujours présents dans la région, n’hésitaient pas à faire des incursions (razzias) et de voler femmes et bétail. Et dans une région où passaient nombre de Jacquets, la lutte contre l’infidèle leur donnait du courage. Dans la danse, l’homme-cheval que certains souletins associent au roi Sanxto, défend le village avec les siens, contre les envahisseurs et va délivrer une belle captive aux mains des « méchants ». Des méchants, car au cours des siècles, l’identité de ceux-ci évolue, d’infidèles, ils deviennent bohémiens, puis simplement étrangers. Mais les protagonistes gardent toujours les mêmes couleurs de vêtement : noire pour les méchants et rouge pour les bons, défenseurs du village. Cette danse ou « mascarade » a toujours un grand succès populaire en Soule et en Guipúzcoa. Mais, de nos jours, sous forme de simple divertissement.
Robe du danseur, musée du château fort de Lourdes Photos J. Omnès. L'homme -cheval Zamaltzain (Pays basque) Photo Google
Et en Lavedan ?
Les chorégraphies ont sans cesse évolué du fait, surtout, de l'origine inconnue et mystérieuse de l'introduction de cette danse à Esquièze
Les instruments de musique comme en Pays Basque se limitent à deux, la flûte à trois trous et le tambourin à cordes. Parfois a été rajouté curieusement, l'accordéon entre 1909 et 1942. Autres photos à la fin du dossier
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Description du vêtement par Madame Le Bondidier, Château de Lourdes. Photo J. Omnès. Mr Gastellu,
cliché M-B Hourtané
Mr Alias de la Pastourelle de Campan avec ses bretelles de baladins et son tambourin à cordes. Photo J. Omnès
À droite Alain Delile
Pour Madame Le Bondidier Baïar est devenu Ben Yar. Aucune explication sur cette danse n'est donnée par le musée du château fort de Lourdes. Mais le terme de Ben Yar pour l'homme-cheval nécessite quelques explications. Il y a en effet, du fait de l'origine incertaine de la danse, nombre de confusions et d'amalgames autour du nom Baiar ou Baïard. Tantôt il est assimilé au cheval Baïard des 4 frères Aymon, tantôt à celui de Roland, neveu de Charlemagne, qui pourtant s'appelait Veillantif. Mais, parfois, il désignait le roi maure lui-même, sous le nom de Ben Yar ou son cheval comme dans la danse d'Esquièze.
Coiffe (croze) Tête sculptée du cheval. Mairie d'Esquièze. Photos J. Omnès
Drapeau du meneur de la file. Musée pyrénéen
Cette danse-rite, en principe, était exécutée tous les sept ans. Elle a été présentée en 1856, devant Napoléon III, à Saint-Sauveur. Puis elle a été exécutée à des dates fantaisistes : 1895, 1909, 1923, 1942... Un film a été réalisé en 1942, Pyrénées, terre de légendes, par Jean Lods avec la voix (méconnaissable) de Jacques Dufilho. En introduction, l'oeuvre présente le village, puis la légende et se termine par la danse. Dans ce film, c'est le chef maure qui possède le fameux cheval-fée Baïar(d). Il lui permet d'enlever Talismar, la belle fille du roi local qui habite au château Sainte-Marie. Récupérée par les soldats de son père, elle est enfermée dans la tour de la forteresse. Mais le Maure intrépide amoureux vient délivrer la belle et l'enlève à nouveau sur son cheval. Rattrapés, ils devront avouer leur amour devant le roi et tout le village. Le mariage est accepté sous les cris de joie des villageoises, mais à condition naturellement que le Maure se convertisse...
Photo de la troupe d'Esquièze du film de 1942. Le porte-drapeau est encadré par le Maure et la princesse (rôle interprêté par un homme).
Troupe de la danse du Baïar 1942. Coll. particulière. Photo J. Omnès
En 1956, le ministère de la culture, dans une série d’ethnomusicologie, a réalisé un certain nombre de photos sur les différents intervenants et la réalisation de quelques instruments de musique.
L’association l’Adouréenne de Tarbes, qui a pour vocation depuis 1978, l’étude et le maintien de danses traditionnelles locales, a codifié cette danse, à partir des travaux de J.-M. Guilcher, de Mariette Aristow et Marguerite Le Bondidier qui était archiviste du Château fort de Lourdes. L’association a offert en 2010, lors du Carnaval de Pau, une démonstration de son savoir-faire. Ci dessous petit film de l'Adouréenne à Esquièze qui commence par la danse du Baïar ( 1,35 min) et continue par des danses et chants locaux à (9, 25 mn). Durée du film 27 mn. Don de Dominique Laffont d'Esquièze :
https://drive.google.com/file/d/1dLD50qpvKeGwyJQY8lCiPMVNN22cd09H/view?usp=drive_web
Passa carreta. Cliché Adouréenne au jardin Massey à Tarbes avec leur aimable autorisation
Danse du Baïar à Esquièze-Luz. Clichés M-B Hourtané, avec son aimable autorisation
(1) Dont le nom actuel est toujours bayard (vient de la couleur de sa robe baie).
Monsieur Dominique Laffont de la Société d'études des sept vallées a réalisé pour le bulletin de l'association, une étude complète sur la légende et la danse avec de nombreuses photos. Bulletin de 2009. Nous tenons à le remercier pour le contenu DVD (film) qu'il a bien voulu nous offrir.
Un projet européen vise à jumeler ces légendes, aux chemins de Saint-Jacques. Vous l’aurez compris, les légendes de Baïard et de Roland, associées à l’histoire des chemins de Saint-Jacques doivent permettre aux européens de l’Ouest, de se retrouver autour d’une identité commune. Elles facilitent, non seulement la communication entre les gens des différents pays, mais aussi entre les générations. Cette thématique des légendes concerne aussi bien les amateurs d’histoire que les êtres portés sur le rêve et l’imaginaire. Gageons que les nombreux touristes européens sauront apprécier à leur juste valeur, cette plongée dans notre imaginaire commun, en venant dans les Pyrénées.
La danse du Pantalon (Eth Pantalou)
À Saint-Savin
Danse du Pantalon Cliché FOL Le face à face (jardin Massey, cliché FOL
La danse de l’Ours
Un rappel historique La chandeleur et la chandelours
Nous ne connaissons de la Chandeleur que la tradition de la confection des crêpes censée rappeler la présentation de Jésus au Temple.
Crêpes dont le premier « créateur » aurait été, selon l’histoire légendée, le pape Gélase 1er. Il avait pris l’habitude durant son court pontificat (492-496), d’offrir ce plat aux Romieux venus dans la ville sainte, offrande qui devait servir à lutter contre les rites païens.
En effet, dans une grande partie de l’Europe, la sortie de l’ours de sa tanière, de l’obscurité, des ténèbres, fin janvier, début février était honorée comme la fête de la lumière.
Dans nos campagnes, on allumait des feux, des chandelles, on se travestissait en ours, on organisait des simulacres de viols ou d’enlèvements de jeunes filles.
Le pape Gélase 1er organisa donc, pour éradiquer cette coutume qui s’ajoutait à d’autres coutumes païennes en l’honneur du jour qui s’allonge de plus en plus vite, propice aux semailles, des distributions de crêpes et des processions aux flambeaux en l’honneur de la présentation de Jésus au temple, qu’il plaça le 2 février.
Les partisans de la chandelours ne voyaient dans les crêpes du pape que la représentation du disque solaire, évoquant le retour du printemps après l’hiver sombre et froid (Wikipédia). Ce syncrétisme cultuel est peut être à l’origine du succès de la longévité du rite de la crêpe.
La danse de l'ours
Danse de quête par excellence, elle était exécutée lors du Carnaval, à Gèdre, près de Gavarnie. L’Ours, animal emblématique, permettait aux jeunes du village, chaque année, le jeudi qui précède Mardi Gras, sous prétexte de montrer toutes les facéties que les « oursaillès » pouvaient faire jouer au « Moussu », de grappiller tout ce que les habitants étaient prêts à leur offrir. Si cette danse n’a plus cours dans le village lavedanais depuis les années 1940, (bien que la revue Lavedan et pays toy nous présente une photo de Christian Parrou de 1971), elle est encore très vivace en Pyrénées orientales, à Prats de Mollo. En fait, en 1990, le village d'Esquièze a exceptionnellement renoué avec la tradition.
Esquièze 1990. Coll. J. Plana.
C’est l’une des plus anciennes et plus authentiques traditions carnavalesques des Pyrénées. Le rite est turbulent à la différence de la danse du Baïard.
Les participants
La troupe était composée d’un ou plusieurs ours (trois à Prats) d’un oursaillè, montreur d’ours ici appelé eth labayle, du porteur d’œufs (eth porto ouéus), du porteur de nourriture (eth porto sàrpo) littéralement porteur sac à dos, du médecin et du chasseur. Cliché ci-dessous : Bulletin de la SESV 36 page 201.
Gèdre-Tantôt l'ours est brun-noir tantôt blanc (?) Collection C. Parrou-L.Laporte avec leur aimable autorisation
Les costumes
L’ours : son costume était composé de peaux de chèvres cousues, et de la tête d’une peau d’agneau doublée de tissus ; le nez était fait d'une pièce de tissu rouge et les oreilles de morceaux de peau de chèvre. À Prats, son visage est apparent, mais recouvert de suie bien noire, rappelant le monde obscur de sa grotte-tanière. On doit préciser que dans ce village, le symbole fort ancien de l’ours va au-delà des apparences. En se retirant dans sa grotte l’hiver, pour réapparaître au printemps, il représente le renouveau de la vie, le cycle de la disparition-réapparition. Symbole qui semble absent dans la danse de Gèdre. Sa tête, à Prats, est surmontée d’une toque de peau renforçant la stature de l’animal afin de lui conférer un certain prestige. Voir la photo jointe.
Le chasseur en tenue kaki, cartouchières, fusil, gibecière et parfois gourde a un uniforme conforme à sa fonction.
Un détail, à Prats, c’est lui qui porte le seau de suie des ours. Question de commodité ?
Le montreur d’ours ou eth labayle. Sa tenue, pour une raison qui nous échappe, est débraillée. Porteur d’un grand bâton ou baro agrémenté de clochettes, il est le personnage principal, l’animateur de la troupe. Une trompe en bandoulière, sous forme d’une corne de vache ou de bouc lui permet d’annoncer son arrivée. Ses vêtements sont amples (grande veste). Sa large toque bordée de franges complète ses grandes moustaches, toutes deux lui permettant de passer incognito.
Le porteur d’œufs ou eths porto ouéus. Son apparence est soignée : chapeau, canne et nœud papillon, il est vêtu tout de blanc, mais surtout porte un panier d’osier qui servira à transporter les œufs offerts par la population visitée.
Le médecin remplace les barbiers de Prats. Ceux-ci, tout de blanc vêtus, sont censés représenter les villageois. Ils doivent donner au plantigrade l’aspect d’un homme, après l’avoir capturé et enchainé. Cette transformation se fera par le dépouillement de sa fourrure. Cette chorégraphie n’existe pas à Gèdre.
L'ours de Prats de Mollo Ici l'ours à droite est blanc (?). Collection C. Parrou-L. Laporte avec leur aimable autorisation
Danse de l'ours à Luz, collection François Pujo avec son aimable autorisation .l’Ours François Pujo de Luz, nous communique cette photo « exhumée » par son père Pierre. Photo prise avant son service militaire en 1949 où l'on voit : debout de gauche à droite : Pierre CARNOT dit Pierrot (gendarme), Pierre PUJO (chasseur), Louis LAFFONT dit Santagnère (l'ours), Georges GUILLEMTOY dit Jojo (labaylo), Claude LAPEYRE (mariouline femme de labaylo). Accroupis de gauche à droite : Roger ADAGAS (médecin), Germain RUIZ FERNANDEZ (rabatteur), Jeannot DA SIVA (contrebandier).
La chorégraphie
Comme pour les danses de quête, la troupe se déplace de maison en maison. Mais les mouvements sont désordonnés. L’ours sautille à la recherche de jeunes filles et d’enfants. Le labayle sonne de la corne pour prévenir les habitants. Le chasseur et les porteurs de paniers et de sacs suivent. Le médecin ferme la marche. Ici, pas d’instruments musicaux à l’exception de la corne et de la clochette du labayle, mais des chansons de circonstance. La troupe entre dans la maison qui a bien voulu l’accueillir. (Celles qui refusent seront l’objet de représailles bon enfant). Et commence alors la pantomime si bien décrite par Lise Laporte dans Lavedan et pays toy : « l’ours s’est déjà faufilé à l’intérieur, il apeure les jeunes filles et les enfants, vole le jambon oublié dans la pièce, va effrayer les poules et fait fuir chats et chiens. » Le labayle après son boniment d’accueil, fait entrer la troupe dans la maison : « en parlant fort et en agitant les accessoires. [Il] frappe le sol et les poutres de la pièce, bouscule les cochonnailles qui pendent au plafond et s’adresse au maître de maison. » L’ours poursuit de ses assiduités les femmes de la maisonnée. Cris, grognements, cabrioles, sauts, le charivari devient insupportable, le labayle fait mine d’arrêter l’ours avec son bâton (baro). Mais le chasseur arrête net la pantomime par un coup de fusil qui tue l’ours dans sa course aux jeunes filles. Le labayle est désolé ; l’ours étant son unique gagne-pain, il fait alors appel au médecin. Température, pilules, piqures, rien n’y fait. Le labayle intervient : » [il] parle dans le creux de l’oreille, tantôt en murmurant, tantôt à haute voix. Il lui fait des promesses, des festins, peu de travail, des jolies filles…et là l’ours se redresse d’un bond et se met à nouveau en quête de nouvelles farces. » La maisonnée s’empresse alors de donner œufs et nourriture aux deux porteurs de paniers et sacs restés en retrait, afin de faire sortir la folle équipée. Celle-ci va continuer sa « danse » dans une nouvelle maison. Lise Laporte a récolté quelques chansons ou paroles chantées qu’elle a transcrites dans la revue numéro 36 de la SESV, avec quelques photos.
Collection L. Laporte - C. Parrou
Collection L. Laporte-C. Parrou. Série remise par C. Parrou avec nos remerciements
Conclusion. Si cette danse semble pour certains locaux, une parodie de défense de territoire face à l’intrus, elle a un sens semble-t-il plus profond à Prats. Là-bas, l’ours est vu comme un « générateur exubérant » : on lui doit l’arrivée du printemps, il est le symbole de la régénérescence ; il sort de sa grotte obscure à la nouvelle lune pour renaître. Enfant d’homme, il veut en faire profiter les jeunes filles en les « mâchurant ». Par les étreintes symboliques et les barbouillages de suie (dont il est lui-même recouvert) il offre à l’humanité fertilité et fécondité. Cette offre n’est pas totalement refusée par le village, mais il faudra rendre l’humanité primitive à l’animal sauvage (2). Ce sera le rôle des barbiers.
(1) Appelée « chasse à l’ours » dans l’article de Lise Laporte, Lavedan et pays toy numéro 36, 2005.
(2) Homme métamorphosé par la Vierge pour avoir fait peur à l’Enfant Jésus. Légende catalane qui n’est peut-être pas parvenue jusqu’au Lavedan, où cependant la bête appelée le Monsieur, était considérée comme un être mi-homme, mi-animal.
Une seconde danse est également présentée comme danse de l’ours par Michel Praneuf, dans son ouvrage L’ours et les hommes dans les traditions européennes.
Celle-ci ressemble à un mélange de danse du Pantalon et de l’Ours décrite ci-dessus. Nous la reproduisons telle que présentée.
« A Gèdre, près de Gavarnie, pour le Jeudi gras, treize jeunes gens vêtus de pantalons noirs, de chemises blanches, de ceintures rouges, avec des rubans aux vêtements et aux bérets, portant de petits bâtons et accompagnés de tambourinaires, escortaient un ours. C'était un homme couvert d'une peau de bique, portant un masque poilu et des gants de laine en guise de pattes. Il était enchaîné et mené par une sorte de montreur d'ours. Il faisait des farces, menaçait les gens, se couchait sur le chemin et mimait l'accouplement d'une manière obscène. Un deuxième ours apparaissait. Tous deux se sautaient dessus et se roulaient par terre en grondant.
Toute la journée, le cortège parcourait le village, les chasseurs embrassaient les filles, les ours aussi les lutinaient. Un docteur en noir proposait de guérir toutes les maladies avec des fèves et de la crème Simon.
Le soir, on mangeait l'omelette faite avec les œufs recueillis à la quête. On tirait des coups de fusil, les ours tombaient, les hommes se lamentaient, les appelaient par leur nom, Martin pour un mâle, Fernande pour une femelle, puis ils faisaient semblant de les dépecer, alors les ours se redressaient.
Le lendemain, les villageois faisaient un gros pâté avec de la farine de maïs, du lait et du saindoux, et tous avaient le droit d'y goûter.
À Luz, en Bigorre également, pour Jeudi gras, un cortège circulait dans le village. Il y avait un ours déguisé, mené par un homme portant un masque peint et un collier de laine rouge et verte, et soufflant dans une corne de bœuf; ils étaient suivis par des chasseurs, un docteur et un garçon en jupons qui quêtait avec un panier. À plusieurs reprises, on tuait la bête au fusil, on la ressuscitait en lui soufflant dans l'oreille avec la corne, et on la rasait avec du lait de brebis. Il arrivait que l'ours s'empare d'une fille et l'embrasse. Le lendemain, comme à Gèdre, on faisait un grand pâté pour tous les villageois avec les ingrédients recueillis à la quête."
On peut se poser la question de savoir si ce n’est pas cette danse que Violet Alfort a pu voir lors de son passage dans le village. Passage mentionné par J.-M Guilcher dans son ouvrage Danses traditionnelles en Pyrénées centrales.
L'ours semble mort le médecin essaye de le réanimer. Collection L. Laporte, voir origine ci-dessus
Panneau de la danse de l'ours Carnaval d'Ibos 20 janvier 2024
La danse du Peyroutou
Historique
Le Peyroutou, nom donné à la danse par le premier vers qui signifie Petit Pierre est très célèbre en Gascogne. Elle associe un chant fort ancien, probablement médiéval à une danse -jeu très rythmée. Traditionnellement dansée par des hommes, on l’assimile avec le crabe, le mounein et le moutchicou à la classe des sauts.
L’air comprend deux parties : A et B, dont chacune assemble deux phrases de huit temps :
A : Peyroutou, parti à la chasse tout seul, croit prendre un lièvre et ne prend qu’un levreau
B : Le Peyretou, le levreau, le pauvre, pauvre Peyroutou.
Deux bâtons sont posés sur le sol en croix. Ils délimitent quatre quadrants, que l’on appellera I, II, III, et IV, dans le sens d’une montre. Voir le dessin. Le sauteur se trouve au départ à l’extrémité de l’un d’eux. Dans certains villages on remplace les bâtons par deux rubans se croisant et tenus au quatre points cardinaux par des femmes. Comme sur la vidéo ci-jointe.
La chorégraphie est relativement simple ; les danseurs-sauteurs en cercle durant la phase A, partant du pied extérieur en changeant de pas à chaque saut, au-dessus des barres, passent d’un quadrant à l’autre, dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Arrivés au point de départ, après un temps d’arrêt, ils recommencent un tour identique. Les pas entre les sauts doivent être très légers « on doit à peine voir les pieds des danseurs toucher le sol. »
Dans la partie B qui suit, le danseur-sauteur retombe en appui sur ses deux jambes pied gauche en I et pied droit en III, puis après quelques notes et un nouveau saut, le pied droit se trouve en II et le gauche en IV ; encore après quelques notes, le danseur se retrouve comme au début, pied gauche en I et droite en III et ainsi de suite.
Sur la vidéo de lo ceu de Pau qui suit, les bâtons sont remplacés par deux rubans tendus par des femmes, aux quatre points cardinaux : http://www.dailymotion.com/video/x2l047_lou-peyroutou_news
Sur cette seconde vidéo (la première danse) les femmes font partie de la ronde, mais seuls les hommes sautent au-dessus de bâtons invisibles.
http://www.youtube.com/watch?feature=endscreen&v=mKVmXMMuppg&NR=1
Ces sauts exigent d’eux une grande condition physique et une agilité peu commune.
La ballade
Baladins , illustration Fêtes pyrénéenne deViolet Alford
La ballade est également une danse de quête dont l’origine remonte à la nuit des temps.
Elle était exécutée encore au siècle dernier dans les villages de la région d’Argelès-Gazost et à Saint -Savin, lors de la période de Carnaval. Certains auteurs affirment qu’elle était également dansée lors de la fête des saints patrons. Les jeunes garçons se rassemblaient en un point donné pour aller rendre visite au village voisin.
Le costume des danseurs se composait d’un pantalon assez large, de bas, de sandales, d'une large ceinture de tissu souvent rouge et dans certaines régions ornée de différents motifs, de bretelles multicolores et d'un large béret. Certains portaient une cravate. Ils avaient la tête poudrée et le corps couvert de rubans multicolores. L'été, le pantalon était blanc dans certains villages. La dominante des uniformes était les longs rubans multicolores qu’ils portaient. Certains avaient des rubans sensiblement différents sur la poitrine. C’étaient ceux offerts par leurs fiancées comme pour les ceintures. Voir aussi le dossier patrimoine vestimentaire.
flageolets Dessin de Georges Geo-Fourrier
Baladins à Argelès uniforme d'été Baladins de Sazos. Cliché Gascon, 1949
L'uniforme du baladin était tellement ancré dans l'inconscient collectif, qu'on n'hésitait pas à présenter sur des cartes postales, ces danseurs, ainsi vêtu, en partance pour les estives, avec leur pantalon blanc. Ici carte de 1905 ; la photo est prise à Argelès, au départ du Val d'Azun
Coll. privée
Baladins à Saint-Savin, août 1946. Porte-drapeau : Albert Hour-Sempé. Cliché Aristow- Journoud. A droite, baladins d'Argelès-Gazost. Carte postale 1901.
En tête des danseurs, se trouvait le porte-drapeau avec un étendard bleu, rose ou blanc. C’était généralement un ancien baladin, le plus leste d’entre tous. La troupe était accompagnée jusqu’à la sortie du village par la gent féminine. Un petit orchestre composé de flageolets, de musettes, violons et tambourins encadraient le porte-drapeau et donnait le tempo. Le porte-drapeau agitait ce dernier dans tous les sens, le faisait virevolter de main en main, autour du cou, derrière le dos, sous une jambe levée et en l’air, tel un jongleur. La bande suivait en file indienne aux pas cadencés et sans cesse répétés, qui, d’après Marinette Aristow, ressemblaient à des « pas de polka glissés. » Ils étaient accompagnés de cris de joie et de bonne humeur.
Sur le dessin de Georges Géo-Fourrier ci -dessus, le danseur présenté, appelé baladin, serait originaire de Saint-Savin. Ici , l'homme n'a pas de gilet et son pantalon est de bure brune, soutenu par des bretelles. Il a bien les quelques rubans au béret et sur le haut du torse se dirigeant vers les épaules. En revanche son tambourin avec ses cymbalettes, typiquement espagnol, n'avait pas d'utilisation en Bigorre. Ce dessin a été exécuté en 1937.
Ceintures et brettelles du Val d'Azun réalisées et offertes par les jeunes filles à leur amoureux. Collection J.-M. Prat
Bretelles de Baladin. Cliché Aristow-Journoud. Orchestre traditionnel de Campan Monsieur Isla. Photo J. Omnès
Jean-Michel Guilcher (1), dans son ouvrage, tente d’en donner quelques notes récoltées en 1941. La mélodie comprenait trois phases dont chacune assemblait quatre mesures 3/8.
Note d’une ballade
Au centre Clément Gainza et son épouse. Les deux hommes sont en costuume de baladin. Arrens-Marsous. Mini musée Gainza.
L’objectif était de recevoir des habitants voisins, œufs, jambons beurre et farine. Arrivé devant une maison, le porte-drapeau criait « Aubade ! » et les danseurs opéraient un quart de tour sur eux-mêmes afin de se trouver face à l’entrée de la maison. C’est alors qu’ils exécutaient plusieurs pas de danse avant de recevoir des dons des propriétaires. Puis ils repartaient au cri de « Ballades ! » toujours en file indienne. Certains informateurs ont fait part à J.-M. Guilcher des vêtements particuliers que portaient les quêteurs : deux étaient en tenue de vacher et deux autres en tenue de berger, avec chacun un sac de peau et chacun tenant, qui un aiguillon et qui un bâton.
Au retour de la tournée, le soir, ils étaient accueillis à la limite de leur village, par les mêmes accompagnatrices du matin. Les ingrédients recueillis servaient alors à faire un repas collectif le lendemain de la fête. La fonction de cette danse : présenter au dehors, la collectivité dont elle émanait.
Une ballade plus au moins identique existait en vallée d’Azun, surtout dans les communes d’Arrens et d’Aucun, chaque dimanche entre Noël et le mercredi des Cendres.
Ballade des guides de Cauterets, gravure de Rougeron-Vigneroy
(1) Auteur de Danses traditionnelles en Pyrénées centrales, éditions Cairn
Quadrille d'Ossun
Est-il dansé ailleurs ? Je l'ignore. Illustration carte postale de Merlo
La danse du baiser
illustrée par Merlo (carte postale)
Un groupe local de jeunes danseurs : que van dansa.
https://www.facebook.com/profile.php?id=100009810335849&hc_location=ufi
Les danses des Maures et des Chrétiens
En Pyrénées et Amérique latine
Il a dû exister de nombreuses versions de la danse des Maures et des Chrétiens, que ce soit dans les Pyrénées ou en Amérique latine.
L’ancêtre de ce spectacle si répandu en Amérique latine est né au XIIe siècle en Aragon avec une extension des deux côtés des Pyrénées, en Bigorre notamment, vassale de l’Aragon, où la présence réelle ou imaginaire des Maures-Sarrasins, a couvert pendant des siècles, l’imaginaire des montagnards sous différents aspects. Des histoires légendées du Moyen Age donnant vie à des spectacles dansés de ce côté des Pyrénées, il ne reste que quelques lambeaux. La Soule restant le principal gardien de ces manifestations populaires avec ses pastorales où la représentation entre le Bien (les Chrétiens) et le Mal (les Maures-Sarrasins) est souvent peuplée de personnages historiques idéalisés comme Charlemagne et Roland. La manifestation d’Esquièze, appelé danse de Baïar n’étant qu’un avatar de la représentation des luttes entre Chrétiens et Maures. A Esquièze, point de batailles et de rythme endiablé, il s’agit d’une danse de passe- rue et le Maure se converti par amour, non par reconnaissance de la « vraie religion ». A Lourdes, nulle trace, semble- t-il, de danse, Mirat s'étant converti par intérêt pour conserver son château. Mais dans les campagnes, ce genre de défoulement collectif devait, j'imagine, être pléthore. Bien que nous n'ayons, à ce jour, trouvé aucune trace écrite, pas plus que des masques ou d’instruments que devaient certainement porter les protagonistes, comme ceux exposés au Mexique, au musée Rafael Coronel à Zacatecas. Peut-être en existe-il en Aragon ?
Initialement il s’agissait d’un combat simulé, d’une danse pantomime mêlé parfois de dialogues, produit des danses de bâtons et d’épées et des romances de la « Reconquista ». Appelé parfois danse des Bouffons, le rythme était assuré par de tambourins et des grelots rappelant les cliquetis des armes. Parfois saint Jacques, monté sur un cheval blanc, surgissait d’entre les nuages au-dessus des batailles, pour terroriser les Maures et donner la victoire aux Chrétiens. Les survivants devant se convertir, leur Dieu n’ayant pas réussi à leur donner la victoire.
Difficile de comprendre la gravure représentant la « dance du Maure de Barèges », postée il y a peu par J-L Laplagne et éditée par le marquis de Paulny en 1752. En visite inspection pour le roi, en Pays Basque, il a peut-être fait un détour en vallée de Barèges ? On voit quatre ecclésiastiques et une femme à genou devant un personnage brandissant un bâton face à un aréopage de nobles, dont l'un présente la scene la main en avant. Mystère…
Collection de masques Musée Coronel à Zacatecas. Les rouges représentent les Maures, les blancs les chrétiens. Photo J. Omnès
Transporté dans le Nouveau Monde, notamment dans les bagages des ordres missionnaires, ce spectacle a suscité de nouvelles chorégraphies prenant place dans divers contextes festifs. Bien sûr leur grand intérêt est que ces danses étaient conçues à des fins didactiques : la danse des Maures et des Chrétiens a accompagné, dès ses premiers pas, le mouvement évangélisateur franciscain. Les Frères des missions l’ont utilisée comme modèle pour christianiser les anciennes danses guerrières, mettant en avant l’image de Santiago et de la croix. Bien sûr, toutes les versions s’achevaient en principe par la conversion des infidèles, avec une place privilégiées pour les dialogues.
Se danse encore dans certaines régions du Mexique. Photo Jean Omnès- Musée Rafael Coronel. Zacatecas
"Danse du Maure", Barèges, 1753, Gallica Marquis de Paulmy. Signification de cette illustration suite à la visite militaire du marquis en pays basque, totalement inconnue
Les instruments de musique traditionnels
LA FLAUTA ET LE TAMBOURIN A CORDES OU TUNN TUNN (1)*
Musée pyrénéen : tambourin, mailloche et flûte. Photo J. Omnès
La flûte gasconne, appelée « flaüta », n'a que trois trous et se joue avec une seule main. Le musicien doit souffler plus ou moins fort dans son instrument pour jouer toutes les notes, ce qui n'est pas facile ! En même temps qu'il joue de la flûte ou flaüta, le « flaütaire » frappe, de son autre main libre, avec une mailloche (genre de maillet), sur un tambourin à cordes appelé « ton-ton ». ou" tunn-tunn." (1) Il rythme ainsi la mélodie de la danse. Parfois, il était rajouté l'accordéon ou le violon.
Historique
Le tambourin à cordes est un objet instrumental fort ancien que l’on retrouve dans des bas reliefs orientaux (2) grecs et romains souvent sous forme de cithare à cordes frappées. En France du Sud, comme en Aragon, au Moyen Age, l’instrument couplé à la flute à trois trous prend ses lettres de noblesse et devient un instrument de musique de plus en plus utilisé dans les fêtes populaires. On le retrouve entre autres, dans certaines enluminures, vitraux et bas-relief d’églises, son utilisation s’installe dans la Gascogne surtout dans les trois B (Bigorre-Béarn-Pays Basque).
Vitrail église de Rouen
Sa fabrication
Réalisé généralement dans du bois d’arbre fruitier, cet instrument de 5 à 9 cordes que l’on tambourine à l’aide d’un maillet comprend cinq pièces de bois dont une caisse de résonnance oblongue de 80 cm de long (plus en Aragon). Des petits trous présentés sous forme de rosaces, appelés ouïes permettent à l’air de passer. Les cordes, en boyau de mouton sont tendues sur la table d’harmonie grâce à des chevilles de bois. Cette table d’harmonie est équipée de deux chevalets, un à chaque extrémité. Ils transmettent la vibration des cordes qui passe au niveau du chevalet de tête par des cavaliers (anneaux de cuivre).Ceux-ci sont destinés à donner ce son si particulier de l’instrument, appelé bourdon.
Les "ouies" de l'instrument
Situation actuelle
Un renouveau de la musique et des danses locales se fait de plus en plus sentir et ce genre d’instrument avec parfois un accompagnement de violon ou d’accordéon se fait de plus en plus connaître. Les Pastourelles de Campan et Nadau en sont les principaux ambassadeurs. Un luthier local, Régis Latapie, contribue à la survie de la tradition instrumentale.
Régis Latapie, luthier local et sa fille Serge Cladères à la journée médiévale de Lourdes le 11 08 2024. Photo J .Omnès
Un essai fort complet et illustré a été réalisé par Marcel Gastellu, pour la revue Pastel du conservatoire occitan de Toulouse en 2004-2011 (n° 53, page34-45)
(1)ttun-ttun au Pays basque, tamborin, temborin, tonton, tom-tom ou tembo en Gascogne, salterio ou chicotén en Aragon et plus généralement choron au Moyen Age (Wikipedia).
(2) ruines de Ninive 668-627 avant J.-C), musée du Louvre
Un petit film en béarnais pour les curieux : https://www.youtube.com/watch?v=o2kQMmp9cgM
Cliché M-B Hourtané avec nos remerciements. Groupe folklorique à Luz
Flûte à trois trous.
Réalisé par l'école ETMT (école tarbaise de musique et traditions)
Joueur de tunn- tunn, Matthieu Carassus, photo remise par le musicien. Flûte à trois trous, musée Massey. Elle provient de la maison Guilhème à Esquièze (près de Luz-Saint-Sauveur), le musicien Jean-Marie Rivière en a joué pour la dernière fois en 1942 pour accompagner le théâtre-danse cérémoniel du Baïar. Cet instrument, toujours en état de jeu, est accordé en Ré au diapason La 405.
Mr Gastellu de Tarbes était un autre virtuose de ces instruments et même un artisan-fabricant.
Joueurs de tunn tunnà Echapées belles mars 2023
La vielle à roue
Instrument à cordes frottées par une roue au milieu d’un archet. On tourne la roue avec la main droite pendant que la main gauche joue les mélodies sur un clavier » Cet instrument parait dès le IXe siècle pour accompagner les chants liturgiques. Il ne vient, qu’après quelques modifications dans le domaine des instruments régionaux. Il accompagne alors les danses de bals populaires.
Instrument réalisé par l'Ecole de Tarbes de Musique et Tradition (ETMT)
Lors d'une fête à Luz
La bouha (cornemuse)
Sur le panneau de l'Ecole de musique deTarbes, il est indiqué instrument des Landes. Il se trouve que dans la Bigorre cet instrument était aussi utilisé dans les fêtes et les mariages, comme ici gravée sur les fonts baptismaux de l'église d'Aucun. Nous trouvons une autre bouha sur un linteau d'une maison de Luz. Cette bouha est jouée par un singe. Bouha =souffler. Rappel la Bouhadère.
Le Clari ou clarin
C'est le hautbois de Haute-Bigorre. Instrument à vent de musique d’origine médiévale proche de la txanbela souletine, c’est est un petit tube de 20 à 25 cm de long, taillé dans du bois d’une seule pièce. Il est percé de 6 trous de jeu alignés verticalement, d’un latéral vers le bas et d’un trou d’octave supérieure à l’arrière. Il est muni d’une anche (1) double faite de corne ou de grosse plume d’oiseau. Le pavillon (extrémité évasée) est souvent peu développé. Objet personnel du berger, il était souvent décoré de motifs géométriques, genre dents de loup, parfois avec des inscriptions. Un clari se trouve exposé au Musée pyrénéen de Lourdes.
(1) Lamelle de roseau, de métal ou de matière plastique qu'on place à l'embouchure de tuyaux sonores et dont les vibrations produisent un son d'autant plus élevé que sa longueur est plus faible et ses battements plus fréquents.
Cliché Eth Clari de Soulas Gagost (FB), coll. privée. Ce clari appartenait au berger Théodore Crampette de Vier- Borde qui gardait ses troupeaux sur la montagne d'Estaube au-dessus du barrage des Gloriettes. Il changeait sa hanche faite de bois de frêne à chaque utilisation.
Lire : Danses traditionnelles en Pyrénées centrales par J.-M. Guilcher, éditions Cairn, 2009 ; Au Pays de Lavedan-Saint-Savin et Sazos par Aristaw-Journoud édition Marrimpouey Jeune, 1977.