Les coueylas sont des constructions basses en pierre recouvertes de lauzes et de terre qui abritaient les bergers dans les montagnes pyrénéennes, lors des transhumances et de la fabrication artisanale des fromages. Un enclos permettait de rassembler les bêtes pour la traite. C’était comme dit Corbier « le gîte des bergers et de leurs troupeaux dans la montagne. »
Mais ce terme coueylas a de nombreuses orthographes, selon les vallées. Nous pouvons rencontrer des couyalas, des couyélaas, des coïlas et des couélas. D’après Henri d’Agrain, en Bigorre, le terme le plus fréquent serait cuyeu ou couyelau. D’après André Nogaro, couyèous en Lavedan et coeylas en Pays toy.
Nous apprenons par une sentence de 1290 que le port de Serras comprenait quatre coueylas, celui de Campbasque : cinq, celui de Jéret : huit, de Nest : cinq, celui de Gaube : trois, la vallée du Lutour : six ou sept et Calypso : un (le coueyla des fourmis).
Mais, vu le déclin de l’activité de transhumance, le nombre de coueylas a considérablement diminué et nombreuses sont les cabanes abandonnées ou a moitié détruites par la rigueur du temps. Celles que nous pouvons voir encore sont de modestes cabanes à demi-enfouies dans le sol, parfois protégées par des rochers, ce sont alors des toues. Elles sont simples, la première pièce sert de dortoir et de cuisine, la seconde, de magasin de provisions de sel et de bois. Les lies et passeries énumèrent souvent les droits et obligations relatifs à leur usage. Quelques textes donnent quelques précisions, comme les statuts de la Ribère de Saint-Savin (Sen Sabi) : « Celui qui arrivera le premier dans un cuyeu où il y a une cabane, après l’avoir nettoyée la gardera sans qu’un autre voisin puisse s’y mettre. Il fera une marque en signe de possession, mais s’il n’y revient pas pendant trois jours, un autre pourra s’y rendre. Celui qui enfreindra cette ordonnance paiera dix écus, appliqués, la moitié à l’Abbé, l’autre moitié à la Ribère. »
Pâtre dans son "cuyala" par A.M. Guillemin 1817-1880. Musée pyrénéen. Photo J. Omnès
Barèges
Une toue est située sur le vieux chemin de Barèges au pic du Midi, près du ruisseau Coeyla-Bielh. De grandes dimensions : 15 m de long sur 10 m de large, elle a été rénovée en 1951, par le service des Eaux et Forêts de Barèges. Elle est entourée de nombreux enclos grillagés ou de pierres.Les deux abreuvoirs ne sont pas complétés comme traditionnellement par des leytés, mais par des lotges, simple creux dans la roche, recouverts de pierres plates, où l’on entreposait les bidons de lait avant leur descente au village.
Suyen-Tech
La cabane et la tou de Doumblas
En allant au barrage du Tech, puis celui de Suyen, nous rencontrons successivement une cabane de berger entièrement restaurée. Jadis, on y vendait du fromage. Plus haut, après le lac de Suyen, on rencontre une toue. Ce sont la cabane et la toue de Doumblas.
Cabane de Doumbas
Toue de Doumbas
Tourmalet
Les cabanes de Labach. Vers le col du Tourmalet, à la côte 1830, au niveau du restaurant de la Gaubie, petite promenade pour visiter les coueylas. Prendre à gauche du restaurant le chemin balisé. Attention, au départ le terrain est assez spongieux. Les ruines que vous apercevez après dix minutes de marche sont celles des anciennes cabanes de bergers avec leur enclos. Deux ont été restaurées par des bénévoles. Sur l'une d'elles, la porte avec son linteau est située en façade, le trou d’évacuation des fumées ou tire-hum est proche de l’entrée. Le toit de pierres plates a la particularité d’être en partie couvert d‘une pelouse. Un enclos de pierre, en partie détruit et deux bancs de granit terminent l’ensemble. Dans le secteur, la grande pierre plate servait d’autel au curé de Betpouey quand il venait dire la messe pour les bergers en estive. La masse de pierres que vous apercevez en amont est un fort qui servait à casser les avalanches et à protéger les cabanes.
Photo J. Adagas
Troumouse cirque
Cabane et enclos de Troumouse
Cabane et enclos rénovés au cirque de Troumouse
Nous pouvons également citer la cabane Deths Touets et les cabanes d’Aristole. Mais elles sont plus difficiles d'accès.
Coueylas d'Aristole. Cliché SESV
Lourdes-Pic du Jer
Un abri sous roche. En cherchant la grotte de la Murguette au pic du Jer, nous avons rencontré cet étonnant abri de carrier ou de berger au mur de pierres mais surtout au toit fait de larges dalles, j'imagine de plusieurs tonnes. Toit recouvert de végétation ce qui rend relativement invisible ce site. Elle est au niveau du pierrier à droite du chemin longeant le flanc ouest du pic du Jer.
Un incontournable pour ceux qui veulent en savoir plus
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Ouvrage très complet sur les cabanes de berger en activité ou en ruine. Carte du secteur 1 Luz-Barèges
Les gravures sur pierre des bergers
Rares sont les articles ou les études sur ce sujet. S'ils sont nombreux en vallée d'Ossau, près de 1600 dénombrés, il en existe un certain nombre en Lavedan et de très anciens vers le lacc d'Estaing. Un passionné du monde berger, Joseph Tirant, de la grange de Holle en a dénombré près de 150 en Pays toy.