Trésors du Pays des sept vallées
Nous avons pu voir dans cette promenade à travers les églises du Lavedan, la richesse de leur mobilier. Souvent baroques flamboyants, d’après les codes de la Contre-Réforme (Concile de Trente 1545-1563), ils ont été réalisés pour nombre d’entre eux, par des ateliers locaux, comme l’atelier Claverie de Lourdes, ou celui des frères Ferrère à Asté... À ces derniers, se sont greffés les ateliers Soustre et Brunelo. Un ouvrage de Laure Decomble, édité par la SESV en 2013 : "Etre sculpteur en Bigorre", évoque avec nombre d'illustrations, l'histoire de ces ateliers réputés qui surent, par la sculpture, glorifier les dogmes catholiques aux XVIIe et XVIIIe siècles.
La Contre-Réforme ne tenant nullement compte des observations des protestants, alla au contraire magnifier la présentation de la statuaire par l'abondance des matériaux nobles et des décorations dorés à la feuille. Rien ne devait être trop beau pour Dieu. A l'exemple du premier temple de Salomon ou du tabernacle de Moïse, souvent donné en exemple par l'Église catholique romaine.
Les abbés Duffo et Francez au XXe siècle, furent les premiers à s'intéresser à ces ouvrages et à leurs exécutants appelés au début menuisier puis sculpteur pour passer lentement en fait du statut d'artisan à celui d'artiste.
Excellent ouvrage de prestige, sorti en 2021, par Jour des Arts. Il résume bien, avec une abondante illustration la richesse du mobilier baroque des Hautes-Pyrénées. Sur la couverture, retable de l'église de Lézignan XVIIIe siècle.
Le mobilier d'église
Les autels
Les autels à la romaine de forme galbée ont remplacé au milieu du XVIIIe siècle (1750-1760), les autels rectangulaires aux lignes droites ou autels tombeaux, dont la façade était souvent recouverte d'un antependium en cuir, à la manière de Cordoue, comme à l'église d'Aucun. À cette époque, ces autels tombeaux étaient placés plus près du centre du choeur, vers les fidèles. Les autels à la romaine servant souvent de support aux retables baroques d'imposant volume, devaient être placés plus près du mur de l'abside.
Du symbolisme de l’emplacement de l’ensemble-autel tabernacle dans nos églises de Haute-Bigorre
Si le frère Matthieu de l’abbaye de Tournay, nous a souvent évoqué la symbolique consécutive au concile de Trente, chargé de lutter contre la Réforme, je n’ai pas souvenir de celle concernant le positionnement des autels actuels, face aux tabernacles réalisés en pleine époque baroque et dont ceux de Haute-Bigorre ont été magnifiquement restaurés. C’est que l’emplacement des tabernacles est resté immuable depuis l’origine. Seule a changé la place de l’autel suite au concile de Vatican II (1962-1965). Et cela semble poser problème pour certains chrétiens, disons traditionnalistes. En effet, depuis des siècles l’officiant faisait face à l’autel récipiendaire du tabernacle, emblème sacré de la présence divine avec ses hosties consacrées, révélant la présence réelle du corps du Christ. Ce tabernacle se trouve à l’Est au Levant par où doit venir le Christ rédempteur, lors du jugement dernier. Le prêtre par intermittence se retournait vers l’assistance pour marquer son rôle de lien entre Dieu et le monde profane. Avec les nouvelles directives et l’emplacement de l’autel au milieu de Chœur, il tourne le dos à Dieu, au sacré. S’il peut faire face aux hommes de temps en temps, c’est bien au détriment du Créateur. Et comme le mentionne Onfray dans son ouvrage Décadence (page 518) : « en voulant rapprocher les hommes de Dieu, Vatican II a réalisé exactement le contraire. » Cela aurait été d’après le philosophe, symboliquement le début de la désacralisation de la communion de Dieu avec ses créatures, annonçant les prémices de la laïcisation de la société.
Autel droit
Autel galbé à la romaine-autel tombeau
Antépendium
Autel à la romaine-autel-tombeau à Bun
Les fonts baptismaux
Les fonts baptismaux ont une particularité en Lavedan et en pays toy. Ils sont souvent encastrés dans un mur, près de l'entrée et sont protégés par une armoire de bois, aux panneaux arrondis et au décor baroque, souvent ajouré, fait de palmes d'arabesques et de décors floraux.
Fonts baptismaux, armoire du XVIIIe siècle
Les retables
"Les modèles inspirés par les créations italiennes et parisiennes, sont empruntés aux foyers les plus dynamiques, de Toulouse particulièrement. Ils furent adaptés dans nombre d'églises et de chapelles des Hautes-Pyrénées en fonction des nécessités du lieu, avec une attention et une continuité remarquables" Fabienne Sartre, Maître de conférences en histoire de l'art moderne.
Il s'agissait, après le Concile de Trente (1545-1563), de réaffirmer la divinité de la Vierge, la transsubstantiation (en opposition à la consubstantiation des Réformés, et le culte de l'intercession des saints. En résumé, magnifier ce qui distinguait l'église catholique romaine du temple des Réformés.
Le modèle que l'on rencontre le plus souvent est celui fait de trois panneaux, avec dans le panneau central, l'évocation du saint patron, sous forme de statue ou de peinture. Ces panneaux sont souvent séparés par des colonnes torses. Au milieu du XVIIIe siècle, fut introduit en Bigorre, le goût romain pour les baldaquins Le Bernin étant le premier à avoir réalisé cet ouvrage pour Saint-Pierre de Rome (1624-1633). Puis suivirent les gloires : ces constructions architecturales dominant le panneau central en attique.
Ce modèle se distingue de celui de la Renaissance qui se compose de niches. Généralement trois à la base , surmontées de deux ou trois, puis de une.
Le bois préféré était le tilleul, les panneaux chevillés étaient réalisés dans les ateliers puis transportés dans les églises et montés sur place. Intervenaient ensuite les doreurs.
Les descriptions détaillées des retables, pour la grande majorité de style baroque (XVIIIe siècle) et pour quelques-uns de style Renaissance (XVIIe siècle), sont énumérées pour chaque église, par canton. Voir les chapitres correspondants.
Gloire de l'église de Julos. Retable Renaissance (XVIIe à niches)
Elle représente la Trinité entourée d'angelots. La Trinité a supplanté milieu du XVIIIe siècle Dieu le Père tenant un globe dans sa main
Superbe retable baroque de l’ancienne église de Lourdes, situé dans la chapelle du château fort,. Photo J. Omnès
Les tabernacles
Le tabernacle se plaçait à l'origine au-dessus du maître-autel. Non indispensable dans la liturgie, il fut cependant très recommandé par le Concile de Trente, car, grâce à l'imagerie qu'il véhiculait sur ces trois panneaux, il présentait au fidèle, un livre d'images indispensable à l'élévation de sa foi. Ces images se réduisaient soit à des phases de la vie du Christ, soit à celles de la vie d'un saint, souvent celui à qui était dédiée l'église. Il représentait un modèle de vie. Mais aussi et surtout il concrétisait le dogme de la transsubstantiation, ou le moment où l'hostie devient le corps du Christ. Le tabernacle devenait le ainsi l'abri protecteur de ce dernier, par l'intermédiaire du ciboire..
Les ateliers de retables
Les retables et autels des églises du Pays des Vallées des Gaves sont attribués aux ateliers :
Abadie : Saux
Abel et Jean de Forguette : Arrens.
Jean Brunelo : Arras, Bun, Esquièze-(Sère) (+ chapelle), Estaing, N-D de Piétat, Luz, Nestalas, Préchac, Sère-en-Lavedan, (Esquièze) Sère.
Castaignèse : Soulom
Jean Claverie : Arcizans-Avant, Arcizans-Dessus, Aucun, Ost, Bartrès (MH), Berberust, Esquièze-(Sere), Gez-ez-Angles, Juncalas (maître-autel), Marsous , Ossen (+2 chapelles) Peyrouse (disparu), Sère-Lanso (MH).
Hélie Courau de Lourdes : Cotdoussan avec Jacque Galy
Dauphole (menuisier-sculpteur) : Lourdes
Famille Domec d'Arrens : Arrens (Jean) chapelle, Ségus (Pierre)
Famille Ferrère : Arcizac-ez-Angles (Dominique), Arrens-Pouey Laun (Jean II et Marc), Julos (Jean), Lézignan (Dominique et Jean I) , Paréac (Marc), Lézignan , Salles (Jean I), Saux (Marc, chapelle)
Jacques Galy de Toulouse, habitant à Cotdoussan : Cheust, Cotdoussan avec Hélie Courau,
Jean Soustre d'Asté pour les églises de : Betpouey, Grust , Juncalas, Sazos, Viella
Atelier toy : Viey.
Liste à compléter ou à rectifier exp le retable de Juncalas est attribué à l'atelier Jean Claverie par plusieurs érudits.
Les ateliers de tabernacles
Parmi les principaux réalisateurs de tabernacles en Haute-Bigorre, nous avons :
Jean Brunelo : Arcizans-Dessus, Arbouix, Arras-en-Lavedan, Aucun, Esquièze-Sère, Luz (chapelle-musée), Nestalas.
Castaignèse : Soulom
Jean Claverie : Anclades, Arcizans-Avant, Ayzac-Ost, Julos, Juncalas, Loubajac (MH), Marsous (chapelle), Omex , Pouts, Sère-Lanso (MH)
Famille Ferrère : Saint-Roch d'Ayné, Cheust (Dominique), les Angles (Marc et Jean), Saligos (Marc)
Soustre : Agos, Betpouey, Cotdoussan, Gez-ez-Angles, Grust , Ortiac, Ossen, Préchac, Salles, Silhen, Villelongue, Viella
Soubervie : Berbérust.
Simon B de Montpellier : Préchac
Liste à compléter.
Les ateliers d'armoires baptismales :
Jean Claverie : Arcizans-Dessus, Bartrès, Omex, Saint-Pé.
Les ateliers d'autels
Assibat Domec d'Arrens : Lourdes (autel disparu)
Les sculpteurs
Avant l'installation du premier atelier spécialisé en sculptures sur bois, d'églises en 1647, celui de Jean Ferrère à Asté, les ouvrages provenaient soit d'ateliers proches de Saint-Bertrand-de-Comminges, influencés par les artisans toulousains, soit d'ateliers de menuisiers locaux, comme celui des Domec d'Arrens ou des Dauphole à Lourdes.
La famille Ferrère : lignée d’ébénistes esthètes. Bien qu’originaires de la Barousse, ils étaient installés en 1647 à Asté près de Bagnères. Les Ferrère ont marqué le Lavedan par leurs nombreuses œuvres en bois travaillé (comme les Nelli avec la pierre sculptée ou taillée). Bon nombre d’églises romanes de la région possèdent soit un retable, soit une statue en bois polychrome provenant de leur atelier. Partisans de la Contre-Réforme qui a donné le style baroque (celui-ci devait faire revenir les fidèles dans les églises désertées), les Ferrère ont magnifié leurs sculptures par d’abondantes dorures et de fastueuses décorations. Ils ont appliqué à la lettre les consignes du Concile de Trente : rendre attractifs les lieux de culte, mettre en scène un système d'images toutes hiérarchisées et codifiées au rôle didactique.
Le fondateur de la dynastie, Jean dit Ier, né en 1620, se lança très tôt (1647) dans la réalisation de retables triptyques à quatre colonnes torses. Père de neuf enfants, c’est surtout le dernier qui laissa un nom dans le travail du bois : Marc.
Marc reprend l'atelier en 1750. Il est très au courant du travail des ornemanistes de Paris.
Ses deux enfants : Jean II et Dominique continuèrent l’œuvre du père et du grand-père.
Dominique, installé à Tarbes, développa un modèle de retable associé à un baldaquin. Il travailla également le marbre, suite à son passage aux cours de Pigalle à Paris. Il collabora parfois avec l’atelier Claverie de Lourdes pour certains travaux dans les églises. Son atelier ne ferma qu'au début du XIXe siècle, à sa mort en 1809, alors que l'atelier d'Asté avait fermé ses portes en 1775. Dominique eut également neuf enfants. Aucun ne s’intéressa à la sculpture. Philippe, le plus connu, fut un partisan farouche de Napoléon et adjoint au maire de Bordeaux. Une rue près des Quinconces porte son nom.
On peut visiter le musée des Ferrère à Asté (près de Bagnères).
Maison des Ferrère. Cette vierge italienne à l'Enfant et au sceptre, qui se trouvait au couvent des Capucins de Médous a inspiré Jean Ferrère lors de l'élaboration de certains de ses retables.
Les Soustre. Le premier Jean I Soustre, originaire de Goudon près de Tournay, vient de l'atelier Jean Ferrère. Il s'est mis à son compte vers 1660 et formera la dynastie Soustre avec son fils Jean II et ses petit-fils, Paul, Dominique et Marc. C'est l'abbé Francès de Poueyferré qui distinguera les oeuvres attribuées aux Soustre et aux Ferrère, tant les travaux des deux familles se ressemblaient. Les Soustre travaillèrent souvent avec le peintre doreur d'Asté, Jean Catau. Jean 1er Soustre décèdera en 1715 et Marc en 1727.
Jean Brunel(l)o est un sculpteur de Vendée fin XVIIe début du XVIIIe (1667-1742) originaire de Fontenay-le-Comte., Venu à Pau, puis à Bétharram il s'est installé à Tarbes où il réalise le retable avec son baldaquin de l'église Saint-Jean. L’abbé Francès de Pouyferré, à l’origine de sa biographie, lui attribue près de douze tabernacles, dont celui d’Aucun et les retables d'Arras, Bun et Estaing. Le pot à feu entouré de draperies formant anses, constitue sa marque originale proche du Grand siècle, un peu pompeux.
L'atelier Claverie de Lourdes. Originaires, avec Pierre, de la vallée d'Ossau, les Claverie furent très actifs dans la région et au nord-est du Béarn. Pierre Claverie eut deux enfants Jean I et Gabriel qui s'installèrent à Lourdes. Le second était menuisier alors que le premier était maître-sculpteur. Jean I eut deux fils Jean II et Joseph, ce dernier est à l'origine de nombreuses rampes d'escalier de la région. On attribue à l'atelier, entre autres, le très beau retable de Lestelle ainsi que ceux de l'église d'Aucun (martyre de Saint-Félix), de Bartrès (MH) et de Sère-Lanso (MH).Voir la liste plus complète ci-dessus.
Ses oeuvres se distinguent par les ailes contournées très en vogue dans les retables baroques.
Simon Boisson originaire de Montpellier s'installa à Vic-Bigorre vers 1670. Il travailla ensuite à Bordeaux
Les peintres doreurs
Les peintres-doreurs, souvent sous-traitants des maîtres-sculpteurs, travaillaient en binôme avec ceux-ci, si bien que l'on peut généralement connaître leur nom, si on connaît celui du sculpteur. Ainsi Jean I Ferrère travaillait régulièrement avec Bernard Donzelot, parfois avec Jean Catau et Betrand Recurt, alors que Jean II travaillait avec les frères Couget et Jean I Soustre avec Jean Catau.
D'après Laure Decomble, vu le prix de la dorure, faite à la feuille d'or, et qui dépassait parfois celui du retable ou du tabernacle, le travail pouvait être engagé plusieurs années après la réalisation et la pose du mobilier. La dorure faisait souvent l'objet d'un contrat séparé. Les archives départementales possèdent les contrats des commandes des tabernacles de Cotdoussan et d'Agos (1683) faites par le même curé.
François Ferrère, fils de Jean I,
Jean Catau, tabernacle de Cotdoussan, tabernacle d'Agos
Les frères Couget,
Bernat Donzelot,
Bertrand Recurt,.
De l'importance des Livres de Raison et de la circulation des recueils de gravure
LE CULTE DE LA VIERGE ET SA STATUAIRE MEDIEVALE DANS NOTRE REGION
Cette statue de 80 cm de haut, provient d’une petite chapelle en Barèges trouvée par le Chanoine Maréchal, ancien curé doyen de Luz. Elle a été place dans le Musée du Trésor
Elle ressemble à la statue de Saint-Savin. La Vierge en robe rouge et bleue, placée dans son trône de Sagesse et l’Enfant Jésus enfant-docteur avec le livre de l’Evangile fermé. Comme à Saint- Savin, mère et fils sont couronnés, le Fils placé au milieu des genoux de Marie, mais à la différence de Saint-Savin, les deux personnages ont conservés leurs bras.
La statuette a été classée Monument Historique en février 1959
Laure Latanne-Bey décrit la statue dans son ouvrage L'église fortifiée de Luz, comme du commencement du XIIIe siècle influencée, par le style byzantin du début du christianisme.
Héas, vierge du XIVe siècle
De 0, 65 cm la statue de bois, il s’agit d’une vierge de bois peinte, assise sur son trône de majesté. L’Enfant Jésus qu’elle tient de sa main gauche se trouve assis sur son genou gauche. Elle présente de sa main droite un globe surmonté d'une croix. La Mère et l'Enfant sont couronnés. Marie est recouverte d’une longue robe rouge recouverte d’un grand manteau bleu. L’Enfant tient dans sa main gauche la Livre de la Connaissance, l’Evangile, ouvert sur son genou. Son bras droit est manquant.
Arras-en-Lavedan, vierge du XIVe siècle
De 0, 65 cm, il s’agit d’une vierge de bois peinte, assise sur son trône de majesté. L’Enfant Jésus qu’elle tient de sa main gauche se trouve assis sur son genou gauche. La Mère et l'Enfant sont couronnés. Marie est recouverte d’une longue robe rouge recouverte d’un grand manteau bleu, elle présente à ses visiteurs une pomme de sa main droite, la pomme symbolique ravie au serpent de la Genèse et tendue au peuple des rachetés par la mort de son fils. L’Enfant tient dans sa main gauche la Livre de la Connaissance, l’Evangile, ouvert sur son genou. Son bras droit est manquant. Jadis en 1958, la statue était placée sous le porche de l’église dans la niche
Gavarnie, vierge du XIVe siècle
Vierge de 0, 80 cm, de l’ancien prieuré des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, elle était placée là pour être vénérée par les pèlerins se rendant à Saint-Jacques- de- Compostelle.
C’est une vierge en bois polychrome, assise qui tient sur son genou gauche, l’Enfant Jésus. Elle offre de sa main droite la gourde d’eau rafraîchissante à ses visiteurs et tient de sa main gauche l’Enfant qui bénit de sa main droite et tient de son autre main, le livre de la connaissance : l’Evangile. Tous deux ont la tête couronnée. La robe de Marie possède d’amples plis.
Geu, vierge du XIVe siècle
Elle a été enlvée de l'autel où elle reposait jusqu'en 2019, pour être protégé dans un endroit sûr. En 2020, il n'était pas question pour la mairie de la restaurer.
Saint-Pé, vierge du XVe siècle
C'est une statue de la Vierge assise à l'Enfant daté du XVe siècle, en pierre polychrome au manteau bleu fleurdelisé d'or, à la robe rouge et au voile blanc. Elle tenait un sceptre dans sa main droite L'Enfant Jésus sur ses genoux, qui donne sa bénédiction tient un globe terrestre, qui ressemble à une pomme, dans sa main gauche. De sa main droite il bénit ses visiteurs. Sauvée du vandalisme des Huguenots durant les guerres de Religion où la Vierge et l'Enfant furent décapités, elle perdit une main à la Révolution, un sans-culotte local lui ayant asséné un coup de sabre en s'écriant "A bas la mariole" Cette absence de main et les raccords des têtes reconstituées probablement au XVIIIe siècle, vu le côté joufflu des personnages, furent cachés jusqu'en 1930, par de précieux habits brodés. Elle a été restaurée en 1979, par l'atelier Mainponte de l'Isle-en –Jourdain.
D'après le conservateur, Thibaud de Rouvray : "cette œuvre s'apparente à de nombreuses statues de la Vierge en majesté présentes dans la région, à la différence qu'elle est en pierre et non en bois. Elle était située dans le bas-côté sud devant un petit retable baroque, environné d’ex-voto".
Elle est classée Monument Historique depuis le 30 juillet 1907.
On peut y admirer une statue de la Vierge dite Noire des Croisades.Probablement du fait de son origine syrienne. Initialement ses carnations, avant restauration étaient noires. Elle aurait été rapportée de Palestine par Centulle II, comte de Bigorre et Gaston IV de Béarn, lors de la première croisade avec Godefroy de Bouillon vers 1100. Ils l’auraient offerte à l’abbaye de Saint-Victor de Marseille, la maison mère. Elle serait parvenue par la suite à Saint-Savin lors de l’installation de ces moines en 1246, venus mettre de l’ordre. Il s’agit d’une vierge de 0, 82 cm en majesté sur son trône de Sagesse qui porte l’Enfant au milieu de ses genoux. Les deux sont couronnés mais hélas Marie a les membres absents. L’Enfant tient l’Evangile de sa main gauche. La statue se trouve dans le Petit Musée.
Photo Petit musée
Détail. Photo Petit musée
Esterre, vierge du XIVe siècle
L’église abrite une Vierge à l'Enfant en bois polychrome, avec feuille d'argent. La Vierge est assise en majesté, mais ici, l'Enfant est debout sur le genou gauche de sa Mère, tel un petit homme. Il tient une colombe dans sa main. La Vierge est couronnée et est vêtue d’une robe rouge couverte d’une cape bleue. La statue initialement était en bois doré. Elle est classée depuis 1908. Et a été restaurée vers 2003, par l 'Atelier 32.
Castet-Castère, vierge du XIIe siècle
On peut apercevoir, à travers la grille de fermeture de la chapelle de Castet (village disparu), Sainte-Castère, une statue de bois trônant au-dessus de l’autel. Il s'agit de la copie de la statue romane de la Vierge au long pouce. L'original du XIIe siècle est visible au musée de Saint-Savin. Il semble que cette Vierge vêtue d’une robe recouverte d’une cape, tenait un bâton (oriflamme ?) dans sa main, vu l'espace entre ses doigt. De même, l'Enfant Jésus qui tient de sa main gauche l’Evangile aurait pu tenir dans sa main droite un quelconque bâton. Seule Marie est couronnée. La copie de la statue repose sur un support décoré du XVIIIe siècle. Elle a repris ses couleurs d’origine.
Anclades, vierge du début XIVe siècle
Cette statuette en bois polychrome de 0, 80 cm provient d’un des 7 oratoires dédiés à Notre-Dame autour de Lourdes. Elle se trouvait dans le bureau paroissial de Monseigneur Méricq, curé de la ville. Récupéré à son décès par la mairie de Lourdes, elle se trouve depuis 1975, dans la chapelle de droite de l’église du hameau d’Anclades. Elle a été classée aux MH par arrêté du 30 juillet 1907. Elle fait penser à la Vierge de Montserrat. Assise sur son trône sans dossier, encadré de 4 boules, elle est vêtue d’un voile couvert d’un manteau cape. Elle porte sur ses genoux, l’Enfant à la large tunique. Il tient la dans sa main droite la pomme symbolique. Cette statue a été exposée en 1958, lors d’une exposition au musée pyrénéen. Sur le catalogue (Raymond Ritter), elle est datée du XIIe siècle, alors que la finesse des traits des personnages et les amples plis de la tunique de l’Enfant indiquent une datation plus tardive.
Photos J. Omnès
LES CHRISMES
Afin de compléter vos connaissances sur les chrismes forts nombreux dans nos églises de montagne, comme vous avez pu le constater, ouvrez le site : http://fr.wikipedia.org/wiki/Chrisme
Petites précisions historiques
Le chrisme chrétien est né d'une volonté de l'empereur romain Constantin le Grand (280-332) de trouver une représentation du Christ en rupture avec les images, qui a ses yeux, étaient synonymes de paganisme. Afin de symboliser l’appartenance au christianisme, il composa ce symbole formé des lettres grecques X (khi) et P (rho) les deux premières lettres du mot Kristos en grec Χριστός (« Christ ») accompagnées plus tard au IVe siècle de l'alpha et de l'oméga : Christ qui est le commencement et la fin de toute chose.
Au Haut Moyen Age, le symbole qui devient décor liturgique (linteaux, fonts baptismaux, autels…) reçoit des additifs tels que le s qui vient enlacer la hampe du P (Rho) S au sens est contreversé, voir ci-dessous. Et le rho devient le P de Pater. Il reçoit une barre transversale le transformant en croix. Au cours des siècles, les sculpteurs ont perdu lentement toute signification du pictogramme d’origine.
De la signification du S par certains théologiens
Dans la cathédrale de Jaca, un chrisme du portail occidental daté des premières années du XIIe siècle a fait l’objet d’un texte latin mentionnant : « Dans cette sculpture prends soin de reconnaître, lecteur, que P est le père, A le fils, la lettre S, le Saint Esprit, tous trois vraiment un seul et même seigneur » On ne peut voir là qu’une adaptation d’une vérité théologique de l’époque en proie à de fortes contestations au niveau de la réalité de la trilogie divine (arianisme wisigothe). C'est pour cela que le rho devient P de Pater via des éléments de sculptures et le S le Saint Esprit; tout deux complétant le X du christ. On peut noter que certains théologiens voient dans ce symbole S tardif non pas le saint Esprit mais le monogramme du Sauveur et d'autres le serpent représenatnt le démon au pied dela croix. L"absence de ce S était chose habituelle au début du christianisme, avant le courant arianiste. Ainsi dans la cathédrale de Braga au Portugal, est exposé un beau sarcophage pré wisigoth de l'époque suève (468-558) sans ce S.
Dans les Pyrénées, ce chrisme a connu un grand succès, car il avait recours à l'abstraction. L'arianisme des Wisigoths refusait toute représentation humaine de Dieu. Dans les églises les plus riches, le chrisme est souvent entouré par les Évangélistes sous leur forme symbolique, ou par des animaux. Ces animaux sont généralement des volatiles : poules, colombes, considérées comme les âmes des défunts, pélicans, symboles du don de soi.
Evolutions du chrisme
Un chrisme bien conservé, celui de l'église de Saligos .Photo J.Omnès
Chrisme de Braga. Photo de J-F Cole
Parfois, certains sculpteurs ne connaissant pas bien le sens des dessins, commettaient quelques erreurs, comme à Aucun où l'alpha et l'oméga sont inversés.
Le tétramorphe
Vers 1145, à Moissac, un sculpteur eut l'idée de créer un nouveau type de tympan en remplaçant le symbole du Christ par une représentation du Christ lui-même. L'image du fils de Dieu n'étant plus considérée comme hérétique (depuis l'an 843). Il entoura ce Christ, généralement en majesté, par les quatre Evangélistes, mais sous leur forme symbolique. Saint Marc représenté par un lion, saint Luc par un taureau, au-dessus saint Mathieu par un homme ailé (un ange) et saint Jean par un aigle. Reproduit dans de nombreuses églises, c'est le tétramorphe de Chartres, via les pèlerins allant à Saint Jacques de Compostelle, qui servit de modèle pour les églises pyrénéennes, dont celles de Luz, Sère-en-Lavedan, Saint-Savin, Sazos, Arrens. Parfois dans les églises plus pauvres, comme nous l'avons vu, le Christ en majesté est remplacé par l'ancien monogramme, moins cher et plus facile à sculpter.
Tétramorphe de l'église de Luz-Saint-Sauveur. Photo J. Omnès
Le monogramme IHS, utilisé vers le XIIIe siècle par l’Eglise romaine, signifiait Jésus sauveur des hommes. Le I est la première lettre de son nom Iesus (en latin). IHS = Iesus Hominum Salvator. Jésus sauveur des Hommes.
Antérieurement, lorsque l’influence grecque était encore présente, les trois lettres : I, H et S désignaient toutes les trois Jésus (et non le I tout seul). Le I et le H étant les premières lettres et le S la dernière lettre du nom Ih-sous en grec. Il s’agissait à cette époque d’une abréviation en trois parties du nom du Christ. Donc ces trois lettres pouvaient signifier selon l’époque et l’influence grecque ou latine : ou Jésus ou Jésus sauveur des hommes.
Dans les temps encore plus anciens, lorsque l’influence grecque était prépondérante, le monogramme utilisé était IHC-XP., il signifiait Jésus-Christ. IHC pour Jésus et XP pour Christus. De nos jours, l’Église orthodoxe a conservé le IC-XP pour désigner Jésus-Christ.
Chrismes du Lavedan et chrismes du pays toy
Bernard Pousthomis, spécialiste des chrismes, a constaté que ceux du Lavedan étaient souvent de dimension inférieure à ceux du pays toy. Et que leur monogramme était souvent lié au cercle extérieur.
9e - 18e siècle - Monument Historique.
L'abbaye de Saint-Orens en Lavedan est l'une des plus anciennes abbayes du département des Hautes-Pyrénées, au cœur de la vallée d'Argelès. Elle a été élevée sur le lieu même de l'ermitage d'Orens, devenu évêque d'Auch. Témoin de l'histoire qui a modelé cette partie des Pyrénées, l'abbaye de Saint-Orens est menacée par la ruine et, à terme, par une disparition complète.
Premières restaurations par l'armée basée à Tarbes
Une rencontre entre l'histoire, l'archéologie et l'art paysager.
L'abbaye possède l'atout d'être sur un site grandiose dans une petite vallée des Hautes-Pyrénées, sur le sentier menant au lac d'Isaby. Des fouilles archéologiques ont révélé l'ensemble monastique, actuellement enseveli sous la végétation: le cloître, le cimetière, une fontaine.
La réutilisation des pierres dans deux granges construites à l'ombre de l'église attestent de la transformation du lieu. Il ne reste aujourd'hui debout que l'abside et une partie des murs de la nef.
Un objectif à court terme, sécuriser les murs et les consolider. Une association a été créée pour sauver ce patrimoine. Son site :
LES MISSIONS DE l'ASSOCIATION DE SAUVETAGE ET DE CONSERVATION DE L'ABBAYE DE SAINT-ORENS SONT :
- Un projet à moyen terme : déblayer le site et consolider l'abside.
- Ne réédifier que le strict nécessaire à une meilleure appréhension du site. Maintenir l'ensemble en bon état.
- Le sauvetage des ruines de l'abbaye de Saint-Orens par l'acquisition de fonds permettant,
- de financer les travaux urgents nécessaires à la consolidation des murs de l'église.
Un projet à long terme, créer un lieu d'art paysager et accueillir temporairement des installations éphémères en matériaux naturels, pour réaliser une sorte de «land art» ou art paysager. Régulièrement, un artiste sensible à l'écologie et travaillant avec des matériaux naturels serait invité à créer une œuvre éphémère au cours de la bonne saison, en respectant le monument historique.
- Le maintien d'un entretien régulier de l'édifice pour sa conservation.
- De veiller à la conservation des bâtiments et de mettre en valeur progressivement l'ensemble du site, pour sa sauvegarde dans le temps
- Plan 1976 de B. Pousthoumis
L'Association pour le sauvetage et la conservation de l'abbaye de Saint~Orens-en-Lavedan, a besoin de votre soutien.
(Association loi 1901)
19, avenue Joffre - 65100 Lourdes.
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http://saint-orens-en-lavedan.minisite.fr/histoire.htmlhttp://saint-orens-en-lavedan.minisite.fr/histoire.html
L'abbaye de Saint-Orens, photo argeles-info.com©
Les beaux restes de Saint-Orens. Clichés Jacques Miswald
Situation en 2013 de l’abbaye de Saint-Orens
par Laure Latanne-Bey, présidente de l’association des Amis du Prieuré de Saint-Orens en Lavedan : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
« Le projet d’entretien et de remise en valeur de l’abbaye de Saint-Orens se poursuit en 2013 du côté de la fontaine et de sa petite chapelle attenante.
Le mur de la fontaine s’est tassé et les pierres se sont déplacées avec le temps. De plus l’eau ne s’écoule plus par le déverseur d’origine. Nous avons installé il y a deux ans une arrivée d’eau à partir d’un tuyau PVC. Le projet consiste à démonter le mur et le remonter, ainsi qu’à refaire couler l’eau par le déversoir d’origine en enterrant le tuyau.
La reprise de la voûte de la chapelle sur une longueur de 1, 70 m
Un énorme tas de pierres gît à côté de la fontaine depuis le désencombrement de la nef en 1973. Ces pierres proviennent de l’écroulement de la voûte du transept. Il s’agira de reprendre la voûte en pierre sur une longueur de 1, 70 m, afin de redonner une lecture compréhensible de ce petit bâti, tout en permettant de désencombrer cette partie du monastère.
Nous envisageons de réaliser ces travaux au printemps 2013, à la première quinzaine de mai. Les travaux seront réalisés par des bénévoles, avec l‘indispensable aide technique de la SESV, l’association se chargeant de fournir les matériaux. Toutes les bonnes volontés sont acceptées, alors n’hésitez pas à nous contacter. »
LES TROUVAILLES DE MONNAIES A SAINT-ORENS
Les fouilles du prieuré de Saint- Orens en 1979, avaient permis à M. Bernard Pouthomis de trouver 72 monnaies. Elles sont inventoriées dans la revue de Comminges tome, XVII. En 1982, de nouvelles recherches ont permis de trouver 121 nouvelles monnaies. Les pièces béarnaises représentent le gros du lot (baquettes Henri IV et Louis XIII), puis viennent les monnaies royales (26), trois monnaies féodales (double tournois) et sept étrangères : espagnoles et portugaises. J'ignore où ces monnaies sont exposées et si d'autres fouilles ont eu lieu après celles-là. La présence de monnaies portugaises est expliquée dans le site patrimonial au dossier du château d'Arras-en -Lavedan. Sources Georges Saves, 1982, revue de Comminges, Tome XCV.
LES CLOCHERS ANCIENS ET LEURS CLOCHES
Clocher-mur à redents (penàus). C'est un clocher classique du Lavedan. Moins coûteux et plus facile à réaliser. Il a souvent été remplacé par des clochers-tours, à la suite d’effondrements dus aux tremblements de terre, avalanches ou guerres de Religion. Photos J. Omnès
Clocher mur à redents
Clocher oblongue à deux niches et houteaux
Clocher oblongue à deux niches
Le chimboulet
Petite cloche à l’arrière des toits, protégée par un « chapeau » conique. Elle servait à annoncer l’élévation.
Un chimboulet
Les fondeurs de cloches de Bigorre
De très nombreuses cloches proviennent des fonderies Dencosse. Une vraie dynastie, cette famille de fondeurs itinérants ou sainctiers (saintiers), comme tous les fondeurs aux XVe-XVIe siècles. Puis elle s’installa à Soues en 1660, avec Charles Dencausse maître fondeur de cloches de bronze (1) "la voix qui appelle les anges". Il se faisait aidé par des batteurs de ce métal venant de Soues même, et de Saint-Pé (martinayres). C’étaient tous les membres de la famille qui travaillaient avec le maître, parfois c’étaient des parents proches, comme les Teyssère.
Au XVIIIe siècle, apparait la fonte et en 1859, le chemin de fer de la Compagnie du Midi, avec la ligne Bordeaux-Tarbes. Elle permit alors de transporter plus facilement leurs produits. La suite du chemin vers les vallées de la Haute Bigorre se faisant en char à bœuf.
Au XIXe siècle, la société était dirigée par Ursulin. Décédé en 1910, la maison sera reprise par son fils. En 1920, il la vend à un Bayonnais, celui-ci la revend à Walborn et Fourcade. Elle fonctionnera sous ce dernier nom jusqu’en 1974. Puis, la famille Laumaillé reprend l’affaire et l’installe à Ibos;
Avec les plus de mille cloches fondues par Ursulin (2), le pays de Luz a été, entre autres, un grand client des forges Dencausse, puis de Fourcade.
Les décorations classiques sur la panse se résumaient à la croix et à une Vierge à l’Enfant. Les inscriptions se limitaient à IHS, Jésus sauveur des hommes, à AM : Ave Maria. Plus tard, vers le XVIIe –XVIIIe siècle, des fleurs de lys viendront s’ajouter ainsi que des armoiries des riches donateurs nobles.
Décor Vierge à l'Enfant. Photo J. Omnès Cloche de Betpouey, cliché J Adagas
Une étude très détaillée des toutes les cloches de Haute-Bigorre a été réalisée par Dominique Henri Laffont d’Esquièze Sère, dans le bulletin de la SESV n°39 de 2008. Une exposition axée sur la dynastie Dencausse a été présenté au public au musée Cénac, à Soues, les 22-24 novembre 2023, textes et présentation de Thibaud de Rouvray.
Publicité Dencausse Ursulin
(1) Mélange de 78% de cuivre avec 22% d’étain
(2) D’après une publicité de 1868
Le baptème des cloches
Bien que l’Eglise catholique emploie le mot de bénédiction pour cet acte religieux, les fidèles préfèrent le mot baptême, car cette opération ressemble bien à un baptême avec la robe blanche posée sur la cloche et la présence d’un parrain et d’une marraine distribuant des dragées.
Jadis, une liturgie assez lourde imposait des lectures de la Bible, des chants, antiennes et oraisons et même un exorcisme, car lors de la fonte, les flammes auraient pu entrainer la présence du diable. Elle était ointe d’huile et de sel.
Le concile Vatican II, en 1962, a très largement amenuisé le rite, mais le parrainage et les dragées sont toujours présents à la grande satisfaction des fidèles.
Baptême à Vier : Le 3 juin 1973, était baptisée l'une des cloches après avoir été refondue suite à des fissures. "Cette cloche baptisée MARIE BERNADETTE avait pour parrain JEAN MARIE CAYREY et pour marraine FRANCINE GRABETE. Sur son portique la cloche était habillée avec la robe de communiante d’une jeune fille du village, devenue célèbre par la suite et par un voile de mariée dont nous avons perdu le nom. Un grand moment de l’histoire de ce charmant village". Pouy Ardoun sur FB "Les amis du Lavedan" le 24 janvier 2021.
Bénédiction St Pé 1940. Photo T. de Rouvray Baptême à Viers. Photo Pouy Ardoun
Les utilisations des cloches
Autour des obsèques
Les obsèques, comme les mariages, étaient des périodes importantes dans la vie des villages. Elles resserraient les liens communautaires qui ont complètement disparu de nos jours.
Jadis, lors du décès d’une personne, tout le village était au courant par le son des cloches qui sonnaient alors les « agonies. » La distinction des sexes était marquée par le nombre de coups, les hommes en général avaient droit à deux fois plus de coups. Dans certains villages, comme à Arras, il y avait treize coups pour un homme, onze pour une femme. Une cloche plus petite annonçait la mort d’un enfant. Dans certaines villes comme à Lourdes il existait des obsèques classifiées, mais chaque classe bénéficiait d'un drap mortuaire et d'un nombre de cierges différents. Et le sonneur qui contrevenait aux usages, voire aux règlements communaux, risquait gros.
On évoque souvent en exemple, l’affaire Soulié. Quelques années avant la Révolution, un prisonnier d’État nommé Soulié, enfermé au château en vertu d’une lettre de cachet, y périt consumé par les ennuis dévorants de la captivité. Ses compagnons d’infortune voulurent lui rendre des honneurs funèbres dignes de sa naissance, de sa fortune et de leurs regrets. Il y avait à Lourdes quatre classes de sonneries pour les enterrements : la première pour les prêtres, la seconde pour les membres du corps de ville, la troisième pour les bourgeois et la quatrième pour les pauvres. Le sonneur payé pour obéir, céda à la demande des prisonniers du château et fit usage de la sonnerie de deuxième classe. Les habitants ne voulurent pas tolérer que de tels honneurs fussent rendus à un étranger ; leur irritation devint si violente que le malheureux sonneur fut condamné à la prison. Pendant sa longue détention, il ne cessa de gémir et de s’écrier : « Ah ! Maudit Soulié, si ce n’eut été qu’une savate, je ne serais pas ici. » (1)
(1) Texte des Archives secrètes de Lourdes J. Omnès et B. Eschapasse, édition Privé, page 282.
Pour éloigner les orages
Les cloches étaient souvent mises à contribution pendant les processions destinées à éloigner les orages. Nous en connaissons l’existence officielle indirectement par cet arrêté du maire de Lourdes, du 30 mars 1831, mis au jour par E. Seyrès, l’architecte de la ville :
« demeurant l’usage suivi dans cette commune de sonner les cloches pendant les orages,… attendu que si, dans les temps d’orage, on sonne pour un motif pieux ou pour avertir les fidèles qu’ils doivent implorer la clémence divine, c’est aussi et plus particulièrement parce qu’on est persuadé que le son des cloches pouvait avoir la vertu d’arrêter les orages ; attendu que c’est là une erreur reconnue depuis fort longtemps et après des expériences infiniment malheureuses, qu’en effet, au lieu de chasser les orages, nombre d’accidents contraires sont arrivés en divers lieux et dans divers temps, […] ; il est fait défense aux sonneurs pour les églises de Lourdes et à tous autres habitants de sonner ou de faire sonner les cloches dans les temps d’orage, sous les peines de droit. »
Pour chasser les orages. Photo O. de Marliave
Mais le curé ne se contentait pas de sonner les cloches, et de réciter des prières, il organisait également des processions, croix en tête en chantant des litanies de saints ou le Miserere. Patrice Roques dans son ouvrage (1) précise :" les prêtres doivent se rendre sur la place publique face aux nuages. Ses prières ne sont cependant efficaces que s'ils jettent un de leurs souliers en arrière. Les quatre hommes les plus forts du village s'y tiennent cramponnés, afin que le diable n'emporte point la chaussure" ! Cela tenait plus de la superstition des fidèles que du droit canon ? Il a fallu beaucoup de temps et de patience aux curés pour placer la confiance des paroissiens dans la science. L'un des prêtres du pays toy, d'après J-M Deville aurait affirmé : « je voudrais leur inspirer plus de confiance au paratonnerre que je m'occupe à faire dresser sur la cloche ». Durant ces processions comme d’autres, certaines églises faisaient sonner leurs cloches à grandes volées jusqu’au retour à l’église.
(1) Sorcièrs et superstitions en Pyrénées. Edition Lacour
Pour les usages domestiques
Avant la parution des sirènes les cloches servaient à annoncer toutes catastrophes, incendies, avalanches, débâcles des gaves. Ce rôle d’alerte s’appelait le tocsin.
Elles annoncent également l’heure et ont annoncé la fin des guerres de 14 18, et 39 -45.
Une particularité : La Semaine sainte
Du jeudi saint au samedi saint, il était d’usage durant ces trois jours de la passion du Christ, afin de s’associer à son agonie, de ne pas faire sonner les cloches, qui étaient parties à Rome (1). Aussi il était demandé aux enfants de chœur et ceux du catéchisme, de faire jouer leur crécelle (cascarette). D’après Dominique Henri Laffont d’Esquièze, les enfants se donnaient à cœur joie de faire craquer leur instrument dans l’église sous les ordres du curé ; certains s’en allaient dans les rues de leur village pour annoncer les prochains offices. L’objectif selon les enfants était faire le plus de bruit possible.
Crécelles de Sère-Lanso. Exposition Cénac novembre 2023. Photo J. Omnès
(1) Tradition orale
Les cloches Dencausse en pays toy
Parmi les clochers abritant des cloches de Dencausse, nous avons trouvé :
Le clocher de Betpouey
Il abrite deux cloches identiques provenant de la fonderie Dencausse de Soues : elles datent toutes deux de 1886. L'une des deux a été restaurée en 2020. La petite au sommet, servant d'horloge date de 1905.
Le cocher de Sère
Il abrite deux cloches. La plus petite date probablement de 1844/1846 d'après M. Laffont du village, la plus grande (196 kg) de fin 1885. Toutes deux proviennent de la fonderie Dencausse de Tarbes. La plus petite, fendue sur 50 cm a été restaurée en 2023 par l'entreprise Bodet à Trémentines en Maine-et-Loire
Le clocher d’Esterre
II abrite deux cloches, dont l'une seule est visible. Celle -ci date de 1837, alors que l'autre à l'intérieur est plus récente 1854 et a été fondue par le célèbre atelier Dencausse de Soues (Tarbes). La première nous vient de la fonderie J.-B. Dupont.
Le clocher de Sassis
À deux ouvertures à arcades, il abrite deux cloches. La plus grande date de 1889 et la seconde de 1894. Toutes deux proviennent de la fonderie Ursulin Dencausse de Tarbes.
Le clocher de Sazos
Ce clocher abrite trois cloches sur les cinq initiales mentionnées dans un rapport épiscopal. La plus petite vue de la rue, à gauche est datée 1871. Elle remplace l'ancienne cloche fêlée. La seconde, vue à droite, provient de la fonte de deux anciennes cloches en 1869. Elles viennent de la fonderie Ursulin Dencausse de Tarbes, comme la plus petite à l'arrière qui est aussi de 1869
Le clocher de Sers
Le clocher possède deux cloches : la plus grande, à gauche provient de l'ancienne cloche de 1885 refondue en 1988. La plus petite, à droite, date de 1889. Si la première provient d'une fonderie d'Orléans, la seconde a été fondue par Dencausse de Soues, comme la grande majorité des cloches du pays toy. C'est une souscription paroissiale qui a financé la cloche la plus récente.
Le clocher de Vizos
La cloche la plus grande date de 1910 et la seconde de 1893. Toutes deux ont été fondues par Ursulin Dencausse de Tarbes.
LES PLATEAUX DE QUÊTE OU D’OFFRANDES
En cuivre, laiton, étain, et même en or ces plateaux sous forme de petite assiettes plates furent progressivement remplacés par des paniers, souvent en osier, permettant de recevoir des billets de banque. Dans le Sud-Ouest c’est surtout le bois de buis qui était généralement utilisé. Et ces plateaux possédaient alors une poignée verticale représentant un personnage ou un attribut liturgique peints. Les listes de la plateforme ouverte du patrimoine (POP) du ministère de la culture (1) ne présentent que des plateaux en métal. Il faut donc faire des enquêtes individualisées pour en retrouver en bois.
Si les plateaux des XIVe –XVe siècles sont rares, ceux des siècles postérieurs sont encore visibles dans certaines églises du pays des vallées des gaves. Ils sont en principe enfermés dans les armoires des sacristies ou des presbytères. L’église de Cheust en possède deux, la chapelle de Pouey Laün, un seul sans sa poignée. En revanche nous avons découvert, grâce à un catalogue de Margalide Le Bondidier de 1953, que le musée pyrénéen en abritait une dizaine, sous la forme de trois personnages différents. Un avec un personnage au milieu des flammes de l’enfer appelé les âmes du purgatoire identique à celui de Cheust (et d’Asté), un autre le même personnage accompagné par un ange et le troisième est représenté par un homme en habit, semble-t-il un ecclésiastique.
Les lieux d’appartenance ne sont pas indiqués. En revanche il est mentionné : « confrérie de Saint-Roch » Cela voudrait-il dire que ces plateaux étaient tous réalisés par cette confrérie présente dans le piémont pyrénéen ? A Cheust et à Asté ?
Eglise de Cheust les âmes du purgatire et le Saint-Sacrement. Photo J. Omnès
Un autre plateau de quête prouvant qu'il ne s'agit pas de copie, mais de la traduction d'un thème, ici les âmes du purgatoire. S'agit-il de directives de l'Eglise de France, du diocèse ou d'une confrérie ? Coll. Musée pyrénéen catalogue album du centenaire N° 33. H31X D26 cm
Le Sanctuaire abrite, dans ce qui a été le Musée-Trésor, géré jadis par Monsieur Monory et qui a été fermé faute de rentabilité, près de 300 bannières, oriflammes provenant des différents pèlerinages dans la cité mariale.
Historique
La plus ancienne nous vient de Loubajac. Elle date de 1864. La grande majorité vient du célèbre pèlerinage de 1872, dit des Bannières. Tous les diocèses avaient été invités à venir en procession avec une bannière de leur paroisse y compris et surtout celles d’Alsace et de Lorraine avec un crêpe noir de deuil. Celle d'Alsace était en velours noir (1). Elles furent durant des années suspendues aux voutes de la basiliques supérieures (Voir la carte postale).
De nouvelles bannières virent s’ajouter en 1946. Jugées dangereuses, car les lambeaux qui tombaient risquaient de mettre le feu avec les cierges exposés au sol, elles furent enlevées. Après leur retrait, elles furent stockées, pour les moins usagées, au musée Trésor. Vinrent s’ajouter de nouvelles bannières qui firent dire au conservateur actuel, Robin Dupont, que « pas un seul pays catholique n’avait pas sa bannière au Sanctuaire » Parmi les plus belles nous avons celles de Czestochowa, Chine, Egypte, Constantinople et USA ; Il ne reste plus qu’une vingtaine des bannières de 1872, du fait de leur fragilité.
Les bannières
De laine, lin ou soie, elles sont brodées d’or et d’argent des deux côtés. Elles présentent avec le nom de la paroisse, une ou plusieurs images ayant un rapport avec le diocèse, le pays.
Le problème d’après le conservateur c’est que « la soie cuit, sèche et se délite » Ci -après quelques bannières exceptionnelles dont quatre datent de 1872, grâce à l’amabilité de Robin Dupont, archiviste du Sanctuaire, que nous remercions ici.
Copyright Conservation du Patrimoine SNDL
La basilique de l'Immaculée conception dite supérieure en 1878
Situation actuelle
Après un énorme travail de reconnaissance et de restauration par des bénévoles, sous la direction de Robin Dupont, elles ont été référencées pièce par pièce et entreposées dans un local à l’hygrométrie-température contrôlée.
Un jour, peut-être, elles seront à nouveau exposées. Un grand projet d’expositions diverses est en cours dans la maison des chapelains. Vous serez prévenu à temps.
(1) Henry Branthomme, Histoire de Lourdes, Privat, 1993, page 209
Egypte 1913
Bannières de 1872 copyright Conservation du Patrimoine SNDL :
129, 5X 69 cm 146X71cm
La bannière d'Alsace
Recto : l’oriflamme, en velours noir, possède en son centre les armes de l’Alsace : carton recouvert de taffetas de soie rouge avec applications de couronnes en orfrois. La bande centrale est recouverte de cordonnets de soie d’or. Le tout est surmonté de la couronne comtale dont les orfrois sont incrustés de pierres de couleurs. Sous le blason, un phylactère brodé en son pourtour d’un galon d’or bouclé porte l’inscription « ALSACE ». Broderie en application de tissu d’or rebrodé de paillettes. Au-dessus de la couronne, un phylactère d’or est bordé en son pourtour d’un petit galon d’or bouclé. L’inscription « IN TE SPERAMUS » est en lettres d’or appliquées. Au-dessus du phylactère figure l’inscription « MARIA », en lettres d’or appliquées sur le velours bleu foncé. L’oriflamme est bordée d’un cordonnet d’or, et frangée d’or. Le pourtour de la bannière ainsi que les deux lambrequins sont agrémentés d'un galon de passementerie et d’une frange en fils d’or.
Iconographie dans un vitrail de la Basilique de l'Immaculée Conception (Chapelle à droite des orgues).
le verso : simple toile noire.
Texte envoyé par Robin Dupont, conservateur du sanctuaire de Lourdes, avec nos remerciements