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     Four2  four restauré Agos  Four Cazaux-Moutou 1  Four à chaux Anclades  onf foye st pé 1970

Le Lavedan, riche en calcaire fut dès les âges les plus anciens, un grand fournisseur de chaux extrait de ses pierres. Les Romains ont largement utilisé comme liant, ce matériau facile d’élaboration. Les Wisigoths et leurs successeurs continuèrent de l'utiliser comme mortier,  jusqu’à l’apparition du ciment au XIXe siècle. Aussi le pays est-il couvert de fours à chaux dont la quasi-totalité actuellement, sont à l’état d’abandon, mais ils n’en constituent pas moins une partie de notre patrimoine industriel, qui un jour, espérons-le sera pris en considération. Témoin des usages et du savoir-faire ancestral, ce petit patrimoine interpelle.

                                                                                        Généralité

"Un four à chaux est une structure de cuisson permettant de transformer la pierre calcaire en chaux par le biais de sa calcination. La chaux est définie comme un corps minéral. Sortant du four, la chaux est dite « vive », une fois hydratée, elle est « éteinte » et utilisée en construction ou en agriculture. « C’est à la fois un amendement qui favorise l’ameublissement des sols compacts, argileux et lourds, en augmentant leur perméabilité à l’air et à l’eau. C’est aussi un engrais qui favorise la croissance des plantes, dans ces conditions, un matériau hautement utile dans les sociétés rurales" (1).

(1) Extrait du mémoire en deux volumes de Lisa Jamet Chopin, Produire de la chaux dans les Pyrénées à la période contemporaine (Montaut-Saint-Pé-de-Bigorre) Université de Pau, 2019 vol. 1, page 13                                                                                       

                                                                        La chaux

Ce calcaire ou carbonate de calcium peut être plus ou moins pur. En fonction de sa pureté, il peut fournir différents type de chaux. En gros : la chaux maigre, la chaux grasse et la chaux hydraulique.

La chaux maigre est réalisée avec de calcaires renfermant en moyenne 20 % d’impureté sous forme d’oxyde de magnésium ou d’oxydes métalliques. De couleur grise mélangée avec de l’eau et du sable, elle offre un liant classique pour la construction. Les Romains avaient l’habitude de le mélanger à de la brique pilée, ce qui lui donnait une teinte rosée.
La chaux grasse est réalisée avec des calcaires relativement purs. Elle est plus blanche et augmente de volume donc baisse de densité lorsqu’on l’hydrate. La densité passe en moyenne de 3 300 g/dm3 à 2 250 g/dcm3. Elles servent entre autres, avec un mélange de plâtre et de colorants à la réalisation d’imitation stucs et de marbres.
La chaux hydraulique est réalisée avec des calcaires mêlés à des argiles à hauteurs de 10 à 30 %. Le mortier obtenu sert essentiellement aux travaux dans des milieux humides : piliers de ponts, fondations de maison ou de châteaux (douves). La plus importante carrière de pierre à chaux hydraulique se trouve à quelques dizaines de kilomètres de là, en Barousse à Izaourt, avec d’imposants fours modernes à Orthez (Société Soclé). 

                                                                                   Four à chaux
 
Le four à chaux est utilisé pour transformer, grâce à une haute température, environ 950°C, le carbonate de Calcium CO³Ca, en chaux CaO (oxyde de calcium) et en CO² gaz carbonique. Les pierres à chaux sont concassées par les chaufourniers, puis versées dans le four par la partie haute sur la voûte composée de blocs réfractaires (briques d’argile ou roches). Sous celle-ci, le foyer est alimenté  par du bois à partir d’une ouverture située devant le four. Sous le foyer une cavité permet la concentration des cendres et par une trappe, leur enlèvement. Au bas de la voute, une ouverture permet la récupération de la chaux obtenue. Des ouvertures latérales servent à l’évacuation des fumées. À la fin de la « cuisson », lorsque le gaz carbonique ne s’échappe plus, la chaux dite alors vive est soit récupérée dans des sacs avant d’être mélangée à de l’eau pour devenir de la chaux éteinte  Ca(OH)²,  soit laissée dans le four qui sert alors de silo. La capacité des fours locaux était d’environ 30 m³. La durée d’une cuisson était d’environ une semaine.

dessin-four1-ccfaa                                                                         Coupe four à chaux. Dessin rando83, ccfa.

Les emplacements
Ces fours dans la région étaient très souvent édifiés près  des fermes, car ils participaient à l'économie des familles pour lesquelles ils apportaient un complément de ressources ou/et une diminution de frais quant à l'utilisation du produit fini pour l'épandage dans les champs (fertilisant ) ou comme matériaux de construction. Mais le pays calcaire ne manquaient pas de carrières et de  forêts de chênes, hêtres ou sapins,  nécessaires à leur alimentation. Elles étaient souvent proches. Ce qui évitait des frais de transport.
La plupart étaient des fours de dimensions restreintes : de trois mètres de diamètre pour quatre mètres de haut. De pierres résistantes au feu et réfractaires pour la voute, ils étaient souvent accolés sur une déclivité de terrain, afin d’économiser la construction d’un mur de fond.

La législation

Les principales dates de la réglementation générale sont :
1667 : Ordonnance sur le fait des Eaux et Forêts
1791 : Convention générale des Forêts
1801 : Administration générale des Forêts
1810 : Code Forestier

Les fours
D’après les archives des Hautes-Pyrénées, série 5M, les nombreux fours à chaux avec leur date de construction ou de concession (entre 1818 et 1861), sont les suivants :
Les fours du Lavedan par ordre alphabétique
Adast
Agos-Vidalos
Argelès
Artalens
Ayzac-Ost
Beaucens, 3 concessions
Cauterets, 9 concessions
Estaing
Ferrières
Gazost
Gèdre près de 16 concessions
Lau-Balagnas
Luz-Saint-Sauveur, 7 concessions
Omex, 4 concessions
Ossen
Ourdis-Cotdoussan
Ousté
Ouzous
Pierrefitte-Nestalas, 8 concessions
Sazos
Ségus
Soulom, 5 concessions
Viscos, 3 concessions.

Les autres :

Tous ne sont pas mentionnés : on peut y ajouter entre autres, le four communal de Préchac mentionné en 1661, les deux fours d’Héas de l’archiprêtre Brune (1715), celui communal d’Arras en Lavedan (1721) celui intercommunal de Lugagnan pour la réalisation du pont Neuf (1747), celui d’Agos de Raymond Cabageu (1772) qui vient d’être restauré en 2010, près de la porte d’accueil des vallées des Gaves, celui communal d’Arcizans-Avant (1772), ceux de la forêt de Trescrouts à Saint-Pé (1), ceux de Lourdes et ses environs  et enfin celui de Soulom de la famille Peyra.

Mais leurs implantations et importances s'inscrivent plus dans une économie rurale ancienne d'autonomie, perçue comme une activité de « complément », que dans une économie d'expansion industrielle. Rares étaient les fours comme ceux de Cazaux- Moutou à Lourdes qui pouvaient se targer de l'appelation "four industriel" et dont le produit était commercialisé à grande échelle.

    fours molins Lourdes St Pé 001

                                            Carte Alain Dole fours et moulins région de Saint-Pé
 
Ci-après, vidéo expliquant le fonctionnement du four d’Agos qui était alimenté de fagots de buis :

        four restauré Agos    Four à chaux
                                   Four restauré d’Agos intérieur et extérieur. Photos J.Omnès 

(1) À Saint-Pé-de-Bigorre l'implantation des fours avec les demandes à la mairie des mises à feux ont été collectées par Lisa Jamet-Chopin avec sa thèse de l'Université de Pau : Produitre de la chaux dans le Piémont pyrénéen à la période contemporain (Montaut 64 et Saint-Pé- de- Bigorre 65)

                                                                                           Agos 
La commune était riche en gisement de calcaire, aussi de nombreux fours furent édifiés près de ces gisements. Hubert Mathieu ancien maire de la commune a en dénombré quelques un
En premier celui d’Agos de Raymond Cabageu (1772). C’est celui qui vient d’être restauré en 2010, près de la porte d’accueil des vallées des Gaves.

Agos 1

Suivent quatre fours privés dont il ne reste que des ruines :
Le four de la maison Doumec, en bordure du parking de la Porte de Vallées sous le chemin des Vignes. Sa carrière se trouve à 100 m au-dessus du chemin. Pour y accéder prendre le chemin des Vignes, route qui donne accès à Agos en montant,  derrière le four restauré. A 100 mètres, descendre à gauche le chemin de terre qui donne accès à un champ. A mi- chemin, dans la broussaille, on découvre les restes du four. Vu la proximité du chemin et du parking public, sa rénovation serait la bienvenue.

Agos 3 

La carrière au-dessus du four, de l'autre côté de la route. Photo J. Omnès


Agos 4                                                  Àtravers les broussailles, restes du mur. photo J. Omnès

Agos 2
Restes du four. Photo J. Omnès

Le four de la maison Hourcade au nord du parking de la maison de la Porte des vallées. Restauré en 1940, sa carrière se trouve à 100 m au nord, sur le terrain communal
Le four de la maison Soupène  en bordure du chemin d’Arnau, près de la maison neuve. La carrière est en face à l’Est sur le Nagéou (la colline arrondie) On peut voir quelques blocs de chaux durci.
Et le four de la maison Poume sur le chemin de Poume-Barrade vers les Escalas.

                                                                       Esterre    (près de Luz-Saint-Sauveur)

ESTERRE- DECOUVERTE DE L’EMPLACEMENT D’UN FOUR A CHAUX MEDIEVAL

Lors de la restauration de la grange foraine,  au lieu-dit les Arailles (1), proche du château de Sainte-Marie à Esterre et de sa transformation en auberge municipale, il a été trouvé en 2023, les restes d’un four à chaux. Il était enterré, dans la butte adossée au mur  ouest. Elle a été arasée pour réaliser la sortie de secours  de la future auberge, les entrepôts et les toilettes.

Le chantier a été réalisé sous la surveillance de la Drac et de la Fondation du patrimoine qui a permis de transformer cette grange foraine en auberge de caractère, en conservant  les usages de construction à l’ancienne.

C’est Catherine  Viers de l’Inrap de Toulouse qui a fait procéder à une datation au carbone 14. Elle fait ressortir d’après l’étude des charbons,  une utilisation qui va de à 1324-1355. Il a été utilisé au moins deux fois (2) Probablement à l’époque où ledit château était occupé par les Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem.  Ce four devait pense-t-on, servir à faire du liant pour une éventuelle reconstruction.
Le restaurant a pris pour nom la Grange du château

(1) Lieu pierreux
(2) courriel de Catherine Viers du 14/10/2024
PS le résultat de la fouille se trouve au Service régional de l’architecture de l’Occitanie (SRA)Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. (Toulouse)   

                                          Esterre grange 2

                                                  Emplacement de la grange. Photo Fondation du patrimoine

Esterre grange 2 

     La motte qui a été arrasée. Phto fondation du patrimoine

esterre

                                                    Dossier Inrap et Drac

                                                                esterre grange 5

                                       A la place de la motte,  à gauche réserves, à droite sortie de secours. Photo J. Omnès


                                                                                

                                                                         Geu
Les environs du sud de Lourdes étaient également riches en carrières de pierre à chaux, aux pics du Jer,  du Pibeste, à Geu, Viger et Calypso.

La dernière exploitation du Lavedan se trouve à Geu. Elle produit de la chaux pour les amendements agricoles, sous la marque MEAC. http://www.meac.fr/pourquoi_amender/sos_agro/melange_fumier_et_lisier-638.aspx

Carrière de Geu

                                                Carrière à chaux de Geu Juillet 2012. Photo J. Omnès


                                                                                       Lourdes

Lourdes n’a jamais été fervent défenseur de son patrimoine préférant raser plutôt plutôt que restaurer ou rénover. Sont ainsi partis dans les trappes de l’histoire pour des raisons diverses, les murailles et les tours de défense, la tour- porte du Baous, l’église millénaire, la Poste, nombre de moulins, la place Peyramale et son bassin, etc.

En dehors de la tour de Guigne (Garnavie) le rare bâtiment patrimonial abrité par la ville, aussi inconnu que l’était la tour du moulin est le four à chaux. Il est pourtant inscrit à l’inventaire des MH.

Le four à chaux Cazaux-Moutou

C’est l’un des principaux fours de la ville qui s’alimentait dans la région proche en pierre à chaux. Véritable usine à chaux, il a entraîné avec ses annexes composées de divers ateliers, écuries pour les ânes, maison de gardien et maison de maître, son inscription à l’Inventaire des Monuments historiques en octobre 1990.

Construit en 1860, en pierre de moellons équarris, il est légèrement tronconique. Il est soutenu dans sa partie aval par un contrefort, ceinturé dans sa partie haute par une étroite armature en béton ; la plateforme du four est surmontée d'un lanterneau en tôle ondulée.

Historique

Il a été réalisé en 1860 par Jean-Marie Cazaux-Moutou, avec extension en 1880, période de son apogée. J-M Cazaux-Moutou est devenu maire de la ville entre 1896-1900, puis entre 1901 et 1904. Sorti major de l'École des Arts et métiers d'Angers, il s'est formé aux établissements Schneider du Creusot. Il fit ajouter aux angles de la plateforme du four, deux têtes de mouton sculptées en pierre, en forme de gargouille rappelant son origine patronymique. L'usine s’est arrêtée vers 1960, suite à la flambée du prix du charbon.
Depuis son arrêt, aucun travaux de maintenance ou de protection n’ont a été engagés, pas plus que de visites patrimoniales envisagées. Un comble pour un tel site qui a entraîné le gel de certaines constructions dans le secteur.

Il serait temps d’engager un projet de réhabilitation.

Accès

Au niveau du 42 avenue Maréchal Foch (Cadastre CT5, 17)au but de l’impasse au lieu-dit Le Rocher





                   Four Cazaux-Moutou 1    Four Cazaux-Moutou 2
                                                 Les bâtiments annexes du four Cazaux-Moutou. Photos J. Omnès

Four chaux 3
                                    Cazaux-Moutou tête de bélier    Four à chaux Cazaux-Moutou
                              Photos J. Omnès (tête de bélier) et M-C Castro (four et annexes)

                    Lourdes Cazaux Moutou

                                                                                   Vue du rocher


                                                                                        Anclades

Les autres fours proches de Lourdes, se trouvaient sur le site de la Couradette à l'entrée du hameau d’Anclades, côté ouest, à la base du Pic du Jer, à l'écart de la route qui traverse l'agglomération en direction de Jarret, en face du beau pigeonnier. Deux fours à chaux  jouxtaient la  carrière des pierres calcaires servant à la chaux (L'autre production était le marbre servant aux travaux publics et aux ouvrages d'art.). De l'exploitation, il reste une cheminée en moellons. C’est l’une des dernières exploitations de la région. L’historique de ces carrières étudiées par M Mézailles, permet de comprendre les problèmes inhérents à ce genre d’exploitation.


       Carières Anclades 1         Carrières Anlades 3 
        Carrière  Photo J. Omnès        En face, cheminée de l'ancienne exploitation. Photo J. Omnès 

                                                 Débris carrières Anclades
                                      Débris de la carrière. Photo J. Omnès, juillet 2012

Résumé des exploitations d'Anclades (hameau de Lourdes) d'après l'étude de M Mezailles :
    
a) Une adjudication de Mai 1876 concédée à Jean- Marie Fourcade sera résiliée un mois après, car l'exploitant ne peut effectuer des tirs de mine, le voisin ayant fait défense d'envoyer des pierres dans son pré, distant de la carrière de 6 mètres seulement.

b) En Septembre 1912, le Préfet Canal autorise les époux Arquié d'ouvrir un four à chaux. En Février 1914, Mme Vve Arquié désire mettre en exploitation la carrière à ciel ouvert.

c) Le 1er Janvier 1926, la reprise du chantier de la Couradette se fait par la concession des terrains communaux accordée à Clément Capdevielle, jusqu'au 31 Décembre 1955.
Le 26 septembre 1928, Clément Capdevielle crée la "Société des Fours à chaux, marbres et graviers du Pic du Ger. Mais M. Capdevielle ne remplit pas ses obligations vis-à-vis de la Ville qui l'assigne en Février 1928, en résiliation de bail. Le 18 avril 1930 est prononcé le jugement qui résilie le bail et notifie l'expulsion de l'adjudicataire. La Société des Fours à chaux se substitue à lui jusqu'en 1933 pour le règlement du litige.
En mai 1931, est réalisée l'expertise des biens de la carrière qui se composent de : un hangar en maçonnerie, c'est l'entrepôt de la chaux et le quai de chargement des véhicules ; une maison d'habitation du contremaître ; deux fours à chaux; une passerelle avec voie Decauville et wagonnets; la grande cheminée en moellon ; la salle du compresseur, bâtiment en maçonnerie avec station d'air comprimé ; la carrière de marbre, nettement séparée ; trois camions.
Cet inventaire prouve l'importance de la carrière. La résiliation effective du bail interviendra deux ans après. 
Un autre carrier, Auguste Capdevielle, demande de prendre la carrière. Il obtiendra l'autorisation en Octobre 1935, mais "à ses risques et périls". En Juin 1936, l'adjudication en Mairie lui sera accordée pour 3 ans sur la carrière de pierre à chaux  et sur la carrière de marbre. En fin de bail, Auguste Capdevielle se dirigera vers Ger Mayou.
En Août 1938, lors du renouvellement du bail, aucun candidat ne se présente. Puis se dessine une offre de la Société industrielle des Pyrénées de Bagnères, mais en décembre, la Mairie donne une réponse négative, car les tirs de mine exigés ne peuvent être accordés.

d) Dernier exploitant : le 17 Décembre 1940, l’entrepreneur Antoine Béguère (ancien maire de Lourdes 1953-1960) va occuper la carrière.
Le 11 Août 1942, M. Béguère informe le Conseil municipal qu'il va installer une ligne électrique pour ses compresseurs depuis la route de Bagnères, par suite de la pénurie de carburant liquide.
Le 1er Septembre 1942, le bail d'exploitation est prolongé jusqu'au 30 Juin 1960.
Depuis cette date, la carrière et les fours à chaux sont abandonnés. Ils présentent un état de non entretien regrettable, car de nombreux randonneurs partent de cet emplacement pour l'ascension du petit Ger.

                                                                Dans les environs de Lourdes

FOURS A CHAUX DE LOURDES ET SES ENVIRONS

Avec  ses deux importants sites de four à chaux : Anclades  (Couradette) et Le Rocher (Cazaux- Moutou,) la ville et ses environs  abritent encore quelques ruines  inconnues  du grand public. Grand consommateur de bois, ces fours sont souvent situés près des forêts, quand ils ne sont pas proches des carrières de pierre à chaux.  Ce sont  ceux :

1) de la ferme Abbadie, il a été édifié en 1828, par Antoine Pontico Barron à la sorte de la forêt de Subercarrère en se dirigeant sur Rieulhès, sur le côté droit de la route. Il s’agit de la seconde ferme Abbadie, celle qui se trouve derrière la première qui est communément connue sous le nom ferme du Bon Air. Les nouveaux propriétaires, la famille Vergez, n’a jamais entendu parler de four à chaux. Sa ruine mentionnée sur le cadastre napoléonien de 1812, se trouverait sur la gauche de la ferme au milieu du chemin, d’après les coordonnées Lambert 3 données par Alain Dole : 399.333, y = 3091.646 à 385 m d’altitude, il s’agit sur place d’un immense champ sans aspérité. Le seul endroit susceptible d’avoir abrité un four à chaux est situé sur le mamelon à droite du chemin, abrité par un conifère. Quelques présences de galets laissent à supposer l’existence d’un petit édifice dont les pierres auraient pu servir à l’amélioration du chemin boueux jouxtant un ruisseau. Les coordonnées Lambert 93 prises sur place sont 445850.0, 6227170.2.

2) de la ferme Cuyaubère,  au bout de la route du bois de Subercarrère, après les fermes Abbadie sur le côté gauche tout en hauteur. Les propriétaires actuels sont aussi la famille Vergez de la ferme Abbadie. Il a été érigé en 1855, par Etienne Théas Menigou. Là, également les propriétaires n’ont pas connaissance d’un ancien four à chaux, qui serait d’après les coordonnées Lambert 3 données par  Alain Dole, au point  x= 339.907 y = 3090.777 à 441 m d’altitude. Celles de la ferme même, prises sur place en Lambert 93 sont : 3445723.1, 6226887.3.

3) de la ferme Sarastets, il a été  édifié en 1843, par Joseph Mégerville , au sud du lac de Lourdes). A l’est de la ferme Larrouy et de son lac éponyme. Il faut prendre le premier chemin qui monte à droite après le passage à niveau de Vizens. La ferme se trouve sur les hauteurs. Les ruines du four entouré de ronces se trouvent sur le côté droit, à 10 m, de la ferme en regardant la façade de la ferme. Elle appartient actuellement à la famille Pinto. Les coordonnées Lambert 93 prises sur place sont : 448557.93, 6227550.2. Les coordonnées Lambert 3 donnés par Alain Dole sont  x= 402. 495, Y= 3092. 266 à 455 m d’altitude. Ce qui le situe quelques mètres plus au nord.

              Lourdes fours à chaux

                                                 Emplacement des trois fermes

Ferme Abbadie

                     Site supposé du four de la ferme Abbadie

                                        Ferm e Abbadie

4) et du cimetière de l’Egalité. Erigé en 1878, par Théodore Clos. Sur les deux fours réalisés, il reste visible un bâtiment tout en rond, genre de tour  derrière le 5 du chemin  de l’Arrouza à l’adresse de Monsieur S.  qui pourrai éventuellement être le propriétaire de cette ruine. Le site est visible du fond de la cour du  32 rue des Pyrénées, derrière la Résidence Saint-Savin. Les coordonnées Lambert 93 prises sur place sont : 451556.3, 6226340.3. Celles en Lambert 3 présentées par Alain Dole Lambert sont : x= 405. 687, y = 3090.961 à 380 m d’altitude

 

                                                             Lourdes cimetiere 3

     Lourdes cimetière        Lourdes cimetiere 2

 5) Il y aurait eu un cinquième four qui a disparu et qui aurait été érigé au quartier Paradis d’après  les coordonnées Lambert 3 proposées par Alain Dole  : x=405.453 , y=3090.616. En cherchant le point avec ces coordonnées, on se trouve entre la rue Pene Taillade et le chemin de l’Arrouza. Un peu loin semble-t-il du quartier du Paradis. Il n’ya aucune trace d’un éventuel four à chaux.

                                            Lourdes Sacré Coeur

                                                                                  Four du Paradis ?


                                                                                         Aspin

Le censier de 1429 cite un enclos et un four à chaux dont il ne reste que les fondations. En 1512, deux habitants du village d'Aspin, étouffés par les décombres d'un four à chaux, probablement le même, voient une belle demoiselle venir à leur secours. Miracle publié en espagnol par l'abbaye de Montserrat en 1540.



                                                                                     Ouzous
                                                                           balade   
Au pied des grottes de la Gleisette, emplacement d'un four à chaux qui a disparu. Panneau explicatif.
Ou , en montant à la sablière, il faut prendre à droite le chemin marqué d’une flèche noire. On redescend alors sur le village d’Ouzous et en bas, le four à chaux se trouvait en bord du chemin. Déception, il ne reste plus rien si ce n’est un creux et quelques morceaux de pierre à chaux. Heureusement un tableau explicatif nous informe sur ce four disparu.

four à chaux 2

   Four à Chaux   IMG 0373


four à chaux8
chaux  Pierre à chaux



 Peyrouse

Voir St Pé                                                                                    

Saint- Pé

Le canton de Saint-Pé riche en fours à chaux, qui se trouvaient dans la forêt de Trescrouts, doit être rajouté à la liste des archives des H-P précitée.  Une dizaine a été répertoriée mais  aucun n’a été réhabilité à ce jour. La quasi majorité fonctionant au bois, fournissait de l'engrais pour l'agriculture. Ils sont répertoriés avec les parcelles cadastrales anciennes et récentes dans la thèse de Lisa Jamet Chopin mentionnée en début du dossier. Nous les mentionnons avec l'indication du cadastre napoléonien (1812) qui leur donne leur "numéro d'identité".
 

              st pe

 
Au site  Carrès sur la route qui mène au monastère, en bord de route, sur la droite, face au parking engazonné, se trouve  un imposant four fait de briques réfractaires. Il vient d'être nettoyé avec ses abords, en août 2017, par les Chantiers jeunes-culture et patrimoine. Construit pendant la guerre par les chantiers de jeunesse du groupe No 30, dit groupe Foch, il mériterait une bonne restauration. Ce groupe était stationné dans le bois sur les hauteurs derrière le monastère des soeurs de Bethléem. Quelques infrastructures sont toujours présentes.
Ce four est situé sur la parcelle cadastrale I3-36. Ses coordonnées Lambert 93 sont X=442206,46,  Y= 6226688,95
 

                                     St Pé chantier

                                                                               C'est en face
 
            St Pé 30    St Pé 23
 

St Pe 26

St Pé 24  St Pe 29

Trémie de chargement                             L'une de briques réfractaires tapissant la parois intérieure. Photos J. Omnès
 
Sur le chemin menant au monastère, 100 m, après le four des chantiers de jeunesse cité,  dans le quartier Mourichi au fond du champ de la ferme éponyme , en bordure du bois.
Pour y accéder, prendre le chemin de randonnée à côté du panneau.  Pas loin de  la borne 286, en bord de champ, là se trouve  le four de la parcelle 13-168. 

Ce four construit en 1858, a appartenu à Jean-Pierre Jacob, puis Henri Latapie Caubolle puis à la famille Gaye jusqu'en 1920. Ses cooordonnées Lambert 93 sont X= 442092, 04, Y= 6226394, 39

 
st Pé four 3   St Pé four 1 i
                                                                                       Le four Mourichi
                                            St Pé four 2

Sur le même chemin du monastère, plus haut au quartier Caubolle, nous avons le four 13-152. Celui-ci a appartenu au même propriétaire que le four 13-168, cité ci-dessus. Il se trouve en bord de route sur le côté droite, à l'intrersection du chemin menant à la ferme Caubole. Il ne reste que des ruines
Ses coordonnées Lambert 93 sont X=442254,44 Y= 6226008,58.
La ferme Caubole possède également un second four près de celle-ci, en hauteur. Son propriétaire actuel envisage une éventuelle restauration.
 

St Pé Caubole 2 1

                                                            St Pé Caubole 2 2

 
 
Plus à l'est sur la route menant à Escot (gîte rural) ,  nous avons le four H2147 édifié par Bernard Latapie Marrouat vers 1880. Il appartient maintenant à un ressortissant britanique, Bruce. Il se trouve à l'intersection de sa maison et du chemin pour attendre Escot. Derrière sa maison, ce four qui possède encore de beaux murs risque de tomber en ruines par les arbres imposants qui s'enracinent dans ses pierres.
Ses coordonnées Lambert 93 sont X=442629,45  ,Y=6226609,65
 

                                          St Pe Escot 1

 
 Au nord de Saint-Pé, au quartier Cocagne, sur la route du Mousqué,  après le rocher d'escalade, les ruines d'un four se trouvent sur la gauche de la route,  près du dépôt des bennes d'ordures ménagères, en limite d'un champs derrière le grillage de la maison Gerbet.
Cadastré A2-412, ses coordonnées Lambert 93 sont x=442841,14 , y=6228434,59


             St Pe four   St Pefour 3
                                                        Photos Omnès 2018
 
                         St Pé four A2412
                                                            Photo J. Omnès, janvier 2022
 
À l'est de Saint-Pé, au quartier la Clote, nous avons le four D110. Il commence à disparaître sous la verdure.
 Ses coordonnées Lambert 93 sont X= 443809,3 Y=6228049,54
 
Sur la route de St Pé à Peyrouse et le ball trap, nous avons trouvé deux traces d'éventuels fours
La première où ne ne voyons qu'une simple ouverture et un monticule cachant une doline à l'arrière.
Cette ruine, au Nord-Est de Saint-Pé, sur le site Manahoutet,  se trouve  face à la ferme  Bartet avant le virage qui tourne à gauche. Ses coordonnées géographiques sont  X= 43110039 Y=0.148394 et Lambert 93 X = 443597.9 Y=6228525.8
 

Four St Pé 67

Ouverture sur un monticule cachant une doline à l'arrière
La seconde ruine  bien plus loin, au Nord de Peyrouse,  sur le côté gauche en descendant possède de beaux restes avec une belle entrée de pierre et un apareillage de pierre en bon état.  Elle se trouve  face à la ferme Caubure, sur la commune de Peyrouse. Ses coordonnées  géographiques sont X= 430116.982 Y = -0.125751.  En Lambert 93 X= 445487.2et Y= 6229225,0 

                                            Four St Pé 2 2

 

                        Four St Pé 2 1 À l'intérieur



                                                            Les différents usages de la chaux
                       
Nous avons vu que la chaux servait surtout de liant dans les mortiers anciens et de crépis naturels ou colorés (poudre de brique). Mais son utilisation  est bien plus vaste. Elle peut servir  aussi comme :
- badigeon des murs, sous forme de lait de chaux naturel ou coloré, 
- fresques murales : peintures réalisées sur des enduits frais,
- réalisation de stuc et de faux marbres,
- pour la fertilisation des sols par amendements calcaires ; pour remonter le ph des terres acides,
- bactéricide par badigeonnage du tronc des arbres,
- antiseptiques badigeonnages des étables,
- préparation de sels de calcium en chimie. 
On peut affirmer que nous sommes en train de redécouvrir les qualités intrinsèques de ce matériau et que les nombreuses rénovations des bâtis traditionnels lui offrent une belle perspective d’avenir. Pour ceux qui désirent découvrir ou redécouvrir la chaux : http://www.ecoconso.be/Redecouvrons-la-chaux

La Société d’Études des 7 Vallées dans son numéro Lavedan et pays toy no 35, a réalisé un article sur les fours à chaux, sous la plume de Georges Peyruc.
 
À lire :  Thèse de Lisa Jamet Jamet Chopin Production de la chaux dans le piémont pyrénéen à la période contemporaine (Montaut-Saint-Pé-de-Bigorre) Université de Pau, 2019
                                                                     Fours à charbon de bois
Le charbon de bois.
Depuis les temps les plus anciens l’homme a dû utiliser la combustion lente du bois ou carbonisation pour alimenter nombre de ses industries : du goudron résiduel pour les cordages, les soutes de bateaux, les embaumements dans les temps les plus anciens jusqu’aux gazogènes (1940-45), aux réchauds, barbecues en passant par les forges et les mines (surtout au XVIIIe siècle), du fait de son pouvoir calorifique 7 à 8 000 kilocalories. L’apparition du charbon minéral, puis du propane et du butane et de la fin des gazogènes entrainèrent la diminution considérable de la production du charbon de bois consacré alors essentiellement à l’alimentation des barbecues.

Sa fabrication
Cette carbonisation s’obtient par une combustion lente du bois par la chaleur et l’absence d’air. Au départ à 100 ° C l’eau s’évapore, à 150 ° C le reste de vapeur d’eau entraine l’acide acétique. La chaleur augmente lentement jusqu’à 450 °C, en évacuant vers 280 °C acide acétique et alcool méthylique qui amène vers 300 ° C, la phase exothermique de la carbonisation. Comment procède-t-on ? On choisit les bois les plus durs, comme le chêne vert, le charme, le hêtre et même le cep de vigne. Coupé en buchettes de 20 à 60 cm de long et 4 à 8 cm de diamètre, elles sont superposées en forme de meule ronde de 2 à 3 m de diamètre et de 1, 50 m de hauteur sur un terrain plat, propre de toute aspérité (faulde), à l’abri de tout courant d’air. Les rondins placés debout, les plus serrées possibles, autour d’une cheminée centrale sont recouverts d’une épaisse couche de mousse et feuillage, elle-même recouverte d’un mélange de 6 cm de terre (sable et argile). On introduit le feu par de la braise jetée dans la cheminée. Quand la combustion est active, on bouche la cheminée. Peu de temps après, on perce quelques ouvertures ou évents à partir du haut. Lorsque la fumée qui en sort devient bleu clair, on continue le percement d’évents dans une région plus basse à 20 cm ou 30 cm des derniers trous, et à près la même observation, on continu jusqu’à la base. A la fin de l’observation de fumée bleu, on recouvre à nouveau la meule de terre. Et on laisse refroidir environ 12 heures. Lorsque la meule est bien refroidie, on la dégage de sa gangue et l’on range les charbons dans des sacs de jute prêts pour le transport. Une meule moyenne produit 100 à 150 kg de charbon de bois en 24 heures.

Les charbonniers                                                                                                                           
Beaucoup de charbonniers étaient pauvres souvent cadets de famille, car cette production demandait peu d’investissement, un ou deux ânes pour le portage de l’eau et du bois. Mais un corps robuste et endurcie, car il demandait une certaine force physique. Ceux qui n’avaient pas de mule ou d'âne de bât portaient le charbon dans un sac de 40 kg environ porté dans le dos et fixé au front par une large sangle de tissus. Ils vendaient leur marchandise par du porte à porte et sur les marchés. Dans la région de Saint-Pé les  charbonniers ou carbouès, vendaient aussi de la glace conservée naturellement dans des grottes ou des gouffres qu' ils remplissaient de neige l'hiver. Le dernier des charbonniers, selon Alain Dole, serait un Saint-Péen qui aurait arrêté son exploitation vers 1970. 

Les lieux de production
Les forêts denses comme celles du Bergons et de Tres Crouts à Saint-Pé, et le bois de Poutbelou (col d’Andorre). Les villages de Saint-Pé, Ouzous, Salles et Gez abritaient nombre de charbonniers. Les droits de coupes étaient achetées par adjudication ou à des exploitants forestiers. Les emplacements de fours étaient négociés avec la préfecture. On reconnaissait facilement les lieux de coupe car les arbres de faible importance.étaient régulièrement taillés à hauteur d’hommes et présentaient des gros troncs d’où partaient nombre de branches droites et verticales.

meule charbon 2        onf foye st pé 1970 1   onf foye st pé 1970
Préparation d'un four à charbon de bois et mise à feu, Saint-Pé, 1970. Fonds ONF Il s'agit d'une foye (meule) réalisée pour le feu de la Saint-Jean au Bout du Pont par Madeleine Artigot (avec son fichu), Anne Mengelle, Patrick et Baptiste Borde.

Charbon 001                                                Préparation. Fonds A. Dole
Charbon 002
                                       Mise à feu. Fonds A. Dole
Charbon 003                                                                                       Mise en sac. fonds A. Dole 

L’évolution
À partir de la guerre de 1940, vu l’impérieuse nécessité de charbon pour les gazogènes (1), on utilisa des cuves métalliques portables, de deux à trois mètres de diamètre, de forme cylindro-conique, surmontées d’un couvercle pourvu de tubes périphériques pour l’administration de l’air et l’évacuation des fumées. Ces fours industriels  ou four Magnein étaient plus performants avec une meilleure régulation et un séchage plus rapide du bois. Depuis 1950, la production s’est réduite, restant importante surtout pour l’alimentation des barbecues.
(1) véhicule fonctionnant au charbon de bois.

                                                                             LES DIFFERENTS SITES                                                                                                                                                                    Lourdes 
Dans le bois de Lourdes, le long du chemin des Cousteaux, présence de deux cuves :
 

                    Lourdes charbon de bois 1  Lourdes Charbon de bois 2

                                                                       Photos de J-C Labbadie
                                                                                      Saint- Pé
La forêt de Trescrouts à Saint-Pé abritait un nombre considérable de charbonniers. 

Vers 1900, ils étaient fort nombreux : "le soir sur le coup de quatre heures, les voici qui reviennent et agitent le Bout du Pont d'une animation extraordinaire: deux cents ânes, descendus de l'Aroü, de la Pale ou d el'Aühlet se bousculent sur l'étroit chemin de Trescrouts..." Deux cents ânes avec trois sacs de charbon chacun, les femmes en portaient deux et les hommes  un seul, selon les mémoires de l'abbé Abadie (1).

(1) Le sanglier du Picharrot de Bernard Abadie, édition Marrimpouey, 1972, page 9.

 



Four charbon de bois0010 4                                           Sentier Abadie, chemin des charbonniers, OT de Saint-Pé

Les ahumats
Carte postale ancienne-Les charbonniers de Saint-Pé
Après 1940, Pla Debers, massif de l'Aülhet :
65 SPE 012                                                                                                         Fonds A. Dole

                                                                                          Salles
Salles, dans le Bergons, était aussi un haut-lieu de la fabrication du charbon de bois, grâce à la foret d'Aber ; ne disait-on pas Salles et Gez tous carboues. Entre 1920 et 1939, une vingtaine de familles vivaient de l'exploitation du charbon de bois. Durant la seconde guerre des entreprises extérieueures vinrent sur place pour répondre à la demande qui ne cessait d'augmenter. Le dernier charbonnier fut M. Bat, il cessa son activité en 1957.
Un gazogène                                                          Un gazogène allemand 1945

                                                                               Sère-en-Lavedan

Four charbon de bois
             Sere charbon de bois                                                         Fours individuels à charbon de bois à Sère-en-Lavedan

                                                                               Vallée de Louzom
Restes de fours  à charbon de bois. Quelque part au-dessus de la vallée de Louzom, en Béarn, limite de la Bigorre, commune d' Asson. Photos Fonds A. Dole

Louzom charbon

                                                                        Fours à minerai de fer                                                               

                                           LES SITES METALLURGIQUES MECONNUS DE HAUTE- BIGORRE

                                        four à fer

bas fourneau  minerai de fer explication

Bas fourneau à minerai de fer, en miniature. Agos, entrée de la vallée

Si le site de Ferrières est bien connu et a été étudié comme celui d’Asson en Pyrénées Atlantiques, il n’en n’est pas de même pour deux autres sites pour lesquels nous avons peu d’information : celui de Hourcade et celui de la Hourna

Le site de Hourcade est situé à Germs-sur-l'Oussouet. Il s’agit d’ un site métallurgique daté par Claude Gourault de Lacassagne(65)  d’environ 500 avant J-C (datation sur 14C sur charbons de bois inclus dans les scories). Il s'étend sur au moins 2 hectares. On y trouve, outre une foultitude de scories, des tessons de céramique, mais aussi des parois de four vitrifiées. Cette métallurgie concerne le plomb et le cuivre.

Le site de la Hourna, du côté de Saint-Pé et de Montaut est situé en contrebas de la grotte la Hourna, la bien nommée, dans le bois de Mourle, prolongement du territoire lourdais en terre béarnaise.

C’est grâce à de nombreux laitiers (résidus de la fonte du minerai) trouvés en 1994 par Frédéric Joly, Alain Grall, Jacques Omnès (1) et bien d’autres depuis, que nous en avons déduit,  que ce secteur, depuis des temps inconnus abritait une forte activité métallurgique à base de minerai de fer (hématite, limonite), conforté par la présence de bois abondant et de cours d’eau permettant la réduction du minerai.

Une étude plus approfondie, avec Alain Dole et Fréderic Joly, nous a permis de découvrir au milieu d’une forêt de résineux et le long des ruisseaux traversant la zone (la Mouscle, son confluent la Carrérasse, le Limon et la Hourna), un certain nombre d’emplacements de bas fourneau et un sol jonché de débris de minerai, de scories, de terres vitrifiée et de laitiers. Deux de ces emplacements de bas fourneaux encombrés par une végétation abondante se trouvent proche de la résurgence du ruisseau de la Hourna. Ils sont  formés d’un grand cercle d’environ 5 mètres de diamètre sur une hauteur d’environ deux mètres. L’absence d’élévation (cheminée   de ventilation) et de textes historiques rend cependant difficile la lecture générale du site.

D’où venait le minerai ? Pour le moment, nous ne connaissons qu’une petite mine proche, situé dans une propriété privée. Vu l’activité supposée intense, il est plus que probable que d’autres mines se trouvent dans les environs.

Où les loupes, résultat de la réduction du minerai, une fois obtenues, étaient-elles envoyées pour être traitées purifiées et martelées ? Le mystère demeure. Nous pensons cependant que des forges catalanes ne devaient pas être bien loin. C’est la raison pour laquelle nous pouvons raisonnablement penser que l’important moulin Bergeré proche, alimenté par un canal de dérivation de la Carrérasse, en plus de son activité meunière, devait probablement, entre maison et moulin proprement dit, abriter un martinet. Les recherches continuent. Le martinet était généralement composé d'un long manche, d'une tête de 80 kilos, d'une roue à aubes entraînée par le courant de l'eau et couplée à un arbre de transmission en chêne de près d’'une tonne. Le tout donnait pour les grands martinets une force de frappe équivalente à celle d'une dizaine d'hommes pour réaliser, des barres de fer envoyés aux différentes forges locales afin d’être transformées en objets métalliques  (clous, fer à cheval…).
De même, qui utilisait les barres de fer obtenues ? Probablement les cloutiers  de Saint-Pé. Mais ni Palassou, ni de Dietrich n’évoque cette activité industrielle locale qui devaient faire vivre nombre de familles. Car, en plus de ces fours métallurgiques, le secteur abritait fours à charbon de bois et fours à chaux du fait de la profusion de bois et de la présence proche d’une carrière de pierre à chaux.

Nous espérons que prochainement nous aurons quelques réponses à ces questions.

(1)  Voir le bulletin de la SESV de 1994.

À lire La fouille de la Zac d’Asson par Argitxu Beyrié et Anne Berdoy, 2013. Lecture croisée pour l’histoire de l’occupation du sol et d’un quartier artisanal sidérurgique dans le piémont béarnais.

https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00977318/document
 Iron bloom 1024px Loupe Forge abbaye de Fontenay 2
                                 Bas fourneau et forge de l'abbaye de Fontenoy. Cliché Wikipédia. destinatiodijon.com
                            four catalane              

         Four 2       Four 3                                                            Emplacements de bas fourneaux     
Forge 3  forge 1
                          Ferme-moulin et forge ?, de Bergeré. Traces de foyer
 

moulin 1  Lourdes 4

                Moulin de Bergeré                                Frédéric Joly à la recherche de four

              Lourdes 7        Lourdes 6

                                                 Laitier, minerai de fer
 

fer 2

scorie de fer et ses bulles d'air
Une incroyable coïncidence à Saint-Savin :

A peine avions –nous porté à la connaissance des membres du groupe notre découverte dans les bois de Mourle,  de bas fourneaux  pour la réduction du fer,, que des élèves en CE1 et CE2 de l’école de Saint-Savin ont fait une étonnante découverte. En jouant aux archéologues dans leur cour, ils se sont mis à gratter le sol avec des instruments rudimentaires. Leur étonnement fut à la hauteur de leurs trouvailles.  Devant eux étaient enfouis, un certain nombre d’éléments de matières dures, dont certaines ressemblaient aux photos mises et vues sur notre page FB. Il s’agissait bien de laitiers de réduction de minerai de fer par bas fourneaux de probable époque médiévale.

Cette présence n’est pas surprenante dans la mesure où les montagnes voisines au-dessus de UZ, siège de l’anachorète Sabinus regorgeaient de ce minerai. Le ruisseau d’alimentation en eau de l’abbaye passait de plus juste à côté de ce supposé four. On peut constater qu’en face se trouvait l’écurie de l’abbaye, avide de fer de ferrage. Le sol a été brûlé durant des siècles ce qui permet de comprendre l’absence d’herbe au milieu de la pelouse

saint savin 1
Cour de l'école de Saint-Savin. Photos J. Omnès

saint savin 2 Les laitiers trouvés en surface



                                         Fours à Pain (communaux et particuliers)

Paréac

Il s’agit d’un rare four communautaire en Bigorre. J’ignore s’il y a  d’autres petits bâtiments de ce genre. Ce four aurait pu être le successeur d’un four banal comme le moulin des Angles et aurait pu donc appartenir à un seigneur et être affermé à des fourniers locaux.
Si, à l’origine c’était un four banal et non communal, il aurait appartenu non au seigneur des Angles qui n’était nullement possesseur du « pays », comme le mentionne à tort l’instituteur Latapie dans sa monographie de 1887,  mais à celui d’Arras- en- Lavedan en Val d’Azun,  de la famille des Castelnau. Cette famille puissante était devenue par mariage, seigneurs d’Escoubes, Julos, Paréac et Laloubère.
On cuisait le pain pour la semaine ou la quinzaine grâce à la grosse croute qui permettait de mieux le conserver. Chaque famille grignait (incisait) une marque pour le différencier de celui des autres familles. Il était de coutume d’amener au four sa bûche pour la cuisson.

J’attends quelques informations de la mairie qui ont du mal à me parvenir. La fiche Wikipédia du village ne mentionne nullement ce four.
 

                       Paréac 4


                                                                             


four à pain2
 
En règle générale chaque maison à son four à pain accolé sur le côté de la maison. De forme arrondie, il est protégé par un petit toit d'ardoises
 
Arras-en-Lavedan
 

                                        four à pain

                                         Four à pain classique. Photo J.omnès
Bartres

bartres 78

Ici le four à pain domestique est doublé par un mur avec trappe de visite. Photo J. Omnès

Chèze
                                                                              Four à pain de particulier (boulanger)


four à pain                                                                                     Photo Google


 
                     
                                      Les glacières artisanales et industrielles


De tout temps l’homme s’est rendu compte de l’importance de la glace dans la conservation des aliments et des cadavres. Par empirisme, il s’est rendu compte que le froid pouvait aussi atténuer la douleur et retarder les infections. Expérience vérifiée par le bigourdan Larrey, lors de la campagne de Russie. Arriva également du Moyen Orient  via l’Italie de Catherine de Médicis, la mode des sorbets ou glaces parfumées.

C’est pour toutes ces raisons que depuis les origines les plus reculées, l’homme a essayé de conserver ce produit précieux, voire par la suite de le fabriquer

En Bigorre, avec ses montagnes couvertes de neige l’hiver, avait sur ses pentes toute la matière première à portée de main. Il s’agissait d’aller la chercher et éventuellement de la stocker dans des endroits propices et de la livrer à dos d’homme ou de mulet. Dans le massif de Saint-Pé, les charbonniers exploitaient aussi les glacières naturelles qu' ils remplissaient de neige l'hiver, pour une fois devenue glace ils pouvaient la livrer pendant que leur meule de charbon de bois se consumait.  Ils descendaient dans ces failles à l'aide d'échelle de bois. A l’office de tourisme de Saint-Pé-de-Bigorre, dans une vitrine, sont exposés pieux à glace et torches du XVIIIe  siècle, offerts par Alain Dole explorateur de grottes à glace

Ce fut surtout le travail des cadets, qui, avec des pieux de bois ou des pics  de fer découpaient des blocs de glace de 15 à 20 kilos et les descendaient dans des sacs de jute jusqu’aux hôtels de la plaine ou dans des lieux aménagés appelés glacières. Celles-ci pouvaient être constituées de murs épais, où neige et paille se superposaient. Tarbes possédait ainsi plusieurs de ces glaciaires. A Cauterets ce fut un Néerlandais, qui au début de 1900, au quartier de la Costabère, réalisa un puits de 12 mètres pour y entasser la neige récoltée l’hiver ; mais il se trouva rapidement en concurrence avec les porteurs qui livraient régulièrement les hôtels à partir de glaciers proches dont  celui de la Cascade du cirque de Gavarnie, du Péguère au lieu-dit la Glacière à Cauterets. Le Vignemale et le Pibeste servaient aussi de réservoir.

Puis, au XIXe siècle, les inventions permettant de fabriquer de la glace se multiplièrent. Après les chercheurs Ferdinand Carré en 1859, puis Giffard et Pictet, les usines à glace sont apparues, en même temps que la fabrication de glacières destinées à recevoir les pains de glace produits. À Cauterets, la société Heïd édifia son usine à partir d’un moulin reconverti, comme à Soues avec le moulin Escoubet (1920). À Lourdes, un peu avant, vers 1913, François et Pierre  Soubirous propriétaires de l’hôtel Moderne (voir liens familiaux avec Benoite), eurent l’idée de  fournir en glace, les nombreux hôtels-restaurants et cafés de la cité mariale très demandeurs. Près de leur villa, avenue du Paradis, à côté de l’usine à gaz,  ils édifièrent une importante usine  qui fonctionnait avec deux personnes. Elle comprenait 42 rangées de fabrication ayant chacune 14 espaliers fournissant chacun un bloc de glace. Chaque bloc faisait 25 kg. A plein régime l’usine pouvait  fournir jusqu’à 14700 kgs/ jour de pains de glace. Soit 588 pains. Un livreur motorisé fournissait tous les clients.

Hélas, après les différentes crues, toutes les archives de l’usine ont disparu, nous n’avons retrouvé aucun document ni photo. L’établissement a arrêté son activité en 1963 et les imposants bâtiments ont été désaffectés mais sont toujours présents. Comme la villa, aux grilles marquées du S de Soubirous, habitée par leur descendant, Bernard Maystre.


Glacière de Soues et schéma d’une glacière ancienne : http://lieux.loucrup65.fr/glacieredesoues.htm 


Cadets et la glace                                                                     Chargement de glace à Gavarnie

 colporteurs 2

                      colporteurs 5      glaciere schema

                                                              Cartes postales anciennes et photo Google

 Torche XVIIe        Pique a glace
  Torche et pieu à glace XVIIe-XVIIIe siècles exposés à l'OT de Saint-Pé. Don d'Alain Dole.
Photos J. Omnès


Glacière naturelle                                                                Glacière naturelle. Photo Alain Dole

Proche de la région étudiée, sur les hauteurs de Campan en direction du casque du Lhéris se trouvaient les puits à glace du Theillet. Glace qu'utilisaient les pâtissiers de Bagnères de Bigorre pour la conservation de leurs gâteaux. Information et photo de Michèle Lacrampe (FB)

                                 glaces Bagnères

          gaz lourdes 001 usine à glaçon

                                                                                                      La Glacière lourdaise, tout au fond

                                        Glace Lourdes

 Glaces 2

Meuble de métier glacière ancienne en bois

                                                                                                Meublle à glace

glaces lourdes 001

                                                        180px 5 rue des Moulins Strasbourg 76371