Les objets des traditions populaires
L’économie pastorale a marqué fortement l’économie du Lavedan et du Pays toy, elle a donné lieu à de nombreux objets fonctionnels et typiques du piémont montagnard, tant bigourdan que béarnais ; cette richesse patrimoniale séculaire a pour épicentre l'agriculture de montagne et la transhumance.
http://www.youtube.com/watch?
Les objets traditionnels de la vie paysanne et de la transhumance par ordre alphabétique :
1-aspre, 2-barattes, 2-bis bât, 3-bâton de berger, 4-béret, 4-bis biberon à agneaux, 5-bidon de lait, 6-buffadou, 7-blutoir, 8-burguét, 9-briquet de berger, 10-broyeur à fumier, à raisins (fouloir), 11 cabadé, 12-cape de berger, 13-capucin, 14 cardeuses, 15-chapelets, 15 bis- claris-pipeaux, 16-clous, 17-coiffes, 18-colliers, 19-cruches, 20-cuillers, 21- cuveaux de bois et leur pierre à lessive, 22-l'estacadei, 23- étrille, 24- faux et sa pierre 25-fers de marquage, 26-fléau, 27-forces à tondre, 28-éclairage, 29 -fuseaux, 30-gourde, 31-joug, 31 bis-lancettes, 32-lainages (ustensiles), 33-lanternes de morts, 34-marcadés, 35-moules à beurre, 36-moules à hosties, 37-moules à fromage, 38-montre solaire, 39-paletos, 40-panier à fumier , 41-parapluie, 42-peigne à lin, 43-planche à dépiquer, 44-pot à lait, 45-quenouille, 46-ruche, 47-sabots, 47 bis-salié, 48-sandales, 49-saoumette, 50-siarrès, 51-sonnailles, 52-surjoug, 53-tranche-caillé.
Carrefour des patrmoines à Campan Musée Salies à Bagnères. Les salles régionalistes se trouvent au rez-de-chaussée.
Il y a aussi le petit musée d'Aucun (val d'Azun) et celui du château de Lourdes
1-L'aspre
Il s'agit d'une branche d'arbre garnie de picots. Il servait d'égouttoir des récipients à lait, lors des estives. Petit musée d'Aucun
Aspre : Petit musée d'Aucun Musée Salies de Bagnères-de-Bigorre Photos J. Omnès
Le même au musée Salies en 2022
2-Les barattes
La baratte est un instrument qui sert à fabriquer le beurre. Il en existe plusieurs modèles : baratte à agitateur, baratte à manivelle, baratte à pales, baratte en peau de mouton. Le mécanisme reste toujours le même, transformer la crème de lait crue en beurre par agitation.
Fabrication du beurre
Jusqu’au XX e siècle, on fabrique le beurre essentiellement avec une baratte.
A partir de la crème (matière grasse du lait de vache qui se forme à la surface du lait), on la sépare du petit lait. Il faut mettre plus ou moins 6 litres de crème dans la baratte pour obtenir 1kg de beurre, en battant la crème tiède environ 20 minutes d’un mouvement énergique. Si elle est trop froide, on rajoute un peu d’eau bouillante. La boule de beurre est ensuite rincée sous l’eau et mise dans un moule en bois souvent décoré d’un motif : fleur, vache …
La baratte à agitateur
ou baratte fixe ou à pilon, elle est constituée d’un récipient haut et étroit, en bois ou en fer blanc dans lequel la crème est mise en mouvement par un bâton appelé agitateur ou batrou, et dont l’extrémité est un disque. On l’actionne en le soulevant et l’abaissant. Il faut être deux pour l'utiliser : un qui tient le corps de l'objet et l'autre qui actionne le batrou. Le couvercle mobile et percé d'un trou pour le passage du manche est appelé furet.
Luz. Baratte à agitateur (pilon) en fer blanc, les plus anciennes sont en bois. Photo J. Omnès
Une autre baratte à agitateur, celle de la grand-mère de Gégé Papou (pseudo FB) à Escoubes-Pouts ; à droite au musée Salies à Bagnères
Barattes en bois avec pilon de Haute-Bigorre au Musée pyrénéen de Lourdes Photo J. Omnès. A droite, mini baratte de berger de la collection de H. Passet de Gavarnie.
Au petit musée de Gèdre. et à droite baratte dans un tronc d'arbre, musée Salies Bagnères-de-Bigorre.
Photos J. Omnès
La baratte à manivelle
Elle est composée d’un élément cylindrique en bois (qui peut être aussi en métal, en céramique ou en verre) dans lequel une manivelle située à l’extérieur actionne une ou plusieurs pales en bois (ou métal). On la trouve souvent pour un usage domestique.
Photo tirée de Objets de nos montagnes de Jessica Compois (édit. De Borée). A droite, baratte du musée pyrénéen de Lourdes.
Baratte à manivelle, musée d'Aucun ; à droite musée Salies de Bagnères-de-Bigorre.
Photo J. Omnès
Belle baratte à manivelle. Foire des antiquités de Soumoulou, mai 2022. Photos J. Omnès
Ustensiles présentés comme barattes à beurre. Il semblerait que ce soient de barattes à mayonnaise. À vérifier
Foire des antiquités, Soumoulou mai 2022. Photos J. Omnès
La barattte en peau de mouton
Autrefois, les bergers faisaient le beurre et le fromage en montagne. Pour faire le beurre, ils utilisaient des peaux de mouton ou de brebis. « Les bergers se servent de peaux de mouton bien cousues, les enflent comme des ballons, y déposent la crème, l’agitent de haut en bas, jusqu’à ce que le beurre en sorte arrondi comme une boule ».
Musée pyrénéen de Lourdes. Photo J. Omnès
Comment l’utiliser ?
On verse la crème dans la baratte et on la gonfle à l’aide de la bouche.
On ferme l’ouverture avec un bouchon de bois. La baratte remplie de crème est réchauffée à proximité d’un feu de bois. L’opération de barattage s’effectue toujours assise et très généralement près du feu La baratte est agitée vivement. Ce va-et-vient est renouvelé à plusieurs reprises. La fabrication d’une boule de beurre dure en moyenne 15 minutes.
Photo : fête du mouton Luz de septembre 2022
2bis-bât de mulet et d'âne
pour le transport de lait et de fumier
Bât avec bidon de lait. Au mini muséé P. Lavantès à Luz Phioto J. Omnès
Bât à fumier. Photo J. Omnès Fêtes du mouton Luz septembre 2022
Coll. privée
Bât et bidon de lait. Fête des cotelettes Luz 2022
Ce bât présenté provient d'une maison d'Arrens-Marsous. Son intérêt est dans l'excellent état des garnitures: peau , face externe; toile de lin, face interne. On notera les deux anneaux en bois. Selon Lotte Paret, et sa bible "ARRENS 1930. Les mots et les choses", bât se dit aùbardo ; les extensions latérales qui se déplient : picous.
Sur celui-ci, il ne manque que le guinsay, la corde pour fixer les charges. Ici, elle est remplacée par une cordelette de montagne. Chez J.-J Abdallah, un correspondant a vu une ou un guinsay ou guinsalh fait(e) de crins de chevaux blanc et noir tressés.
3-Les bâtons de berger
C'est le grand bâton de chêne ou de hêtre de 1, 70 m environ et sa ganche (ganchou), utilisé par les bergers pour les aider dans leur marche. Les pommeaux des plus luxueux peuvent être faits d’une corne de bélier. À l’extrémité de la canne, le berger y fixe dans les estives, un crochet de métal replié appelé ganche-ganchou ou houlette (petite houe). Il sert à attraper les bêtes par une patte arrière, pour les tondre ou les soigner. En les entravant ainsi, le berger n’effraye pas l’animal en se tenant éloigné et évite les désagréments d’une ruade. Certaines cannes sophistiquées peuvent être démontables
Pommeau, corne de bélier. Canne et bâton de berger
Ganche, houlette
Canne de berger pliable
4-Les bérets ou berrets (lou bonet).
Ce couvre-chef souvent appelé à tort béret basque est en fait d’origine béarnaise. Comme pour le Panama qui ne vient pas de Panama, mais d’Équateur, et dont les employés du canal ont fait la réputation auprès des Américains de passage. Ici ce sont les Parisiens, voyageant en Pays basque, qui ont fait la renommée de ce couvre-chef, ainsi que les Anglais et autres étrangers venus en villégiature sur la Côte basque.
C'est un couvre-chef rural pratique très utilisé par les locaux et les bergers. On peut le glisser dans sa poche ou y mettre la cueillette du jour : châtaignes, champignons... Imperméable, fait de laine foulée (lavée et martelée), il protège les bergers des intempéries. Tricoté jadis par ceux-ci, lors de leurs veillées, avec des aiguilles de buis, après le retour en ville, travaux de transhumance terminés. C'est à Oloron que naquit la première manufacture en 1800, puis à Nay que se développa sa production lors de l'apparition du métier Wisney en 1829. Mirepeix fut aussi un centre important de production. Comme en Espagne Tolosa et Bilbao.
Il est vite devenu citadin et emblème d’identité régionale, comme elle l'a été par le mouvement carliste avec le béret rouge des requetés, blanc pour les officiers et bleu pour la troupe (1). Ainsi, les Bigourdans et les Béarnais le portent en pointe alors que les Basques le portent sur l’occiput. Il est de couleur noire ou brune chez en Bigorre et rouge en Pays Basque, les Béarnais ont tendance à le choisir noir. Il était porté plus large en Béarn, tel une galette ou une toque, qu'en Bigorre et au Pays basque. Jadis le brun était considéré comme le béret des fêtes.
Il est devenu le symbole de l’influence française à travers le monde. Le citadin belge, comme le paysan vietnamien, l’a vite adopté. Il est même devenu une référence parfois un peu caricaturale avec son complément, la baguette de pain, de l’identité nationale vue de l’étranger. Jean-Loup Chrétien lui a donné ses titres de gloire à Baïkonour et l’abbé Pierre, ses titres d’humanité. Alors que durant la dernière guerre, en plus large, il a été le symbole de la milice de Vichy. Devenu multicolore (il était marron à l’origine), Hollywood l’a adoré. Il a été adopté par Laureta Young, qui en acheta des dizaines à mon père pour des amis, lors du tournage à Lourdes du film En Route vers Lourdes, en passant par Madonna, Rihanna Emma Watson, Greta Garbo et surtout Hemingway. Sur la trace du maréchal Mongomery, il s’est internationalisé avec son utilisation par de nombreuses armées de par le monde. De couleur rouge ou verte pour les paras ou bleu pour l’ONU, il représente la force établie. Cela n’a pas empêché le révolutionnaire Che Guevara (2) d’en faire un symbole de lutte contre l’oppression. Son port en arrière permettant de mettre en évidence l’étoile de la liberté.
(1) Petite histoire du béret basque de René Cuzacq, édition régionaliste 2016, page 40. Le général carliste Zumalacarreguy : " le béret rond était la coiffure solaire de nos ancêtres, je l'ai choisi rouge et sanglant..."
(2) Le béret de Guevara est un authentique Laulhère que lui a prêté son ami et photographe Arsenio Garcia Davila. De pure laine vierge avec son tour de tête en cuir, il était orné à l’intérieur de l’écusson Laulhère.
Carlistes. Caricature de La Flaca
Précisions techniques
Le béret de tous les jours a une circonférence plus petite que celui des jours de fête, mariage et enterrement. Les bérets classiques sont doublés et garnis d'une ceinture de cuir. Le petit bout qui dépasse au sommet (cabillou) est le point de départ du tricotage. On s’en sert pour le retirer de la tête. Certains pensent que cette petite « antenne » est destinée à chasser les mauvais esprits. La méthode de fabrication est identique depuis le XIXe siècle et comprend tricotage, remaillage, feutrage, teinture, enformage, ennoblissement, confection, bichonnage. Chaque pièce passe dans les mains d’une quinzaine d’employés et nécessite deux jours de travail. « Il s’agit d’un savoir- faire transmis de génération en génération appuyé sur les progrès de la technologie » Rosabelle Forzy, PDG de l’entreprise.
Précisions linguistique
D'après certains auteurs, le béret ou berret en gascon, viendrait de byrrhium, celui que portait saint Cyprien évêque martyr de Carthage, mort en 258. Plus sérieux, serait l'origine du tissus utilisé : la bure ou birrum. Ce terme aurait donné birretum la coiffe des clercs du Xe siècle et barrette celle des curés. Dans certaines régions, jadis, le terme lou capèt ( le couvre-chef) lui était préféré
Précisions historiques
Le premier béret officiellement connu est celui de la sculpture du portail principal de l’église de Bellocq. Il date de 1280-1300. Celui du panneau de bois de l’église de Sarrance, en vallée d'Aspe, tenu sous le bras par un pêcheur, date de 1760. Mais nous pensons que celui de la gravure sur la pierre en réemploi de l'abbatiale de Saint-Savin montrant un berger ou un pèlerin avec son bâton et précédé d'un oiseau est antérieur aux deux précités. Mais le dessin de cette pierre, à notre connaissance, n'a jamais fait l'objet d'une étude.
En 2005, seules subsistaient les manufactures de Nay (Société Blancq-Olibet) et d’Oloron (Groupe Cargo, Laulhère). En 2019, seule subsiste l’entreprise Laulhère. Un musée à Nay lui est consacré. Place Saint-Roch : www.museeduberet.com et Laulhère : http://l.facebook.com/l.php?u=http%3A%2F%2Fwww.laulhere-france.com%2F&h=RAQE34LzI
Situation à partir de 2019
Moribonde il y a une dizaine d’années l’entreprise avec 58 salariés, affiche un CA de 3, 4 millions d’€ en 2018. Ses ventes sont divisées en trois : un tiers pour le grand public, un tiers pour la haute couture et le dernier tiers pour les armées. Tout ceci grâce à la diversification des gammes, l’utilisation de la laine mérinos, différentes couleurs et différentes formes par la créatrice de mode, Agnès B, voir photo ci-dessous. En 2020, est créée à Lourdes, rue de la Grotte , face à l'hôtel Belfroy, une boutique-musée Héritage.
Fac similé béret de Che Guevara, musée-boutique de Lourdes.
Louis Mariano Certificat d'authenticité, ici Pebeo et les chaînes de Navarre.
Photos J. Omnès
Un porteur de béret vers 1200 ? Abbaye de Saint-Savin. Église de Bellocq (1280-1300)
Laulhère au Salon de l'agriculture à Paris, mars 2016. Photos J. Omnès
Laulhère à TF1 : https://www.facebook.com/laulherefrance/videos/995812480509651/
et site Laulhère : https://www.laulhere-france.com/
Boutique-mini musée Lourdes, rue de la Grotte
Légende
L’origine du béret viendrait de Noé lui-même. On dit que ce dernier trouva dans le fond de la cale de son bateau, après le départ des animaux, une touffe de poils et de laine qu’ils avaient perdue. À force d’être piétinée dans l’eau stagnante, cette touffe s’était transformée en tissu feutré imperméable. Notre patriarche s’en serait servi pour se protéger de la pluie.
Ceux qui veulent en savoir plus : http://fr.wikipedia.org/wiki/B%C3%A9ret et ceux qui veulent entendre la chanson le béret de 1931 :
https://www.youtube.com/watch?v=wGnROf25nrE&feature=youtu.be
ou André Dassary : https://l.facebook.com/l.php?
Laureta Young et un petit Bigourdan avec son béret
El Che, Madonna et De Niro dans "mon beau père et moi". Photos Google
Prise sur écran Antzenne 2 janvier 2001. La créatrice de Laulhère, Agnès B
Antériorité
Le béret a peu de rivaux. Porté un peu partout en Bigorre, il faut nuancer, qu’au XIXe siècle, les vieilles personnes restaient fidèles au bonnet, calotte de laine dont l'extrémité tombait sur l'épaule ou sur le front (genre couvre-chef catalan) et les toys au couvre-chef, genre bonnet de nuit au sommet en pointe arrondi, de couleur brune, qui lui, ne tombait pas sur l’épaule. Ce n'est que progressivement que le béret a remplacé ces différents types de bonnets.
Bonnet bigourdan et bonnet toy, d'après A. Dartiguenave, 1855.
Une petite chanson de1931
En organisant le travail des collections, il a été trouvé dans les réserves ce flacon de verre des XIX-XXe siècles, jamais exposé et qui a été assimilé de suite à un biberon de berger pour allaiter agneau ou veau en cas de carence maternelle.
Etranglé en son milieu on peut penser à une calebasse ou à un sablier. L’extrémité devait servir de tétine. C’est le seul exemplaire que nous connaissons en Bigorre et comme il s’agit d’un don aucun inventaire n’a été réalisé.
Il s’agit d’un objet en verre soufflé typique en Languedoc réalisé artisanalement par des souffleurs de verre itinérants.
Pour le transport et la protection, ces récipients étaient enveloppés d’une clisse : gaine en chanvre, jute ou seigle. Fin XIXe siècle à Nevers existaient des fabrique de biberons en toutes dimensions comme la maison Massonnat.
Les responsables des collections ont pu se rendre compte que ce genre de flacon était connu en Provence-Roussillon mais sous le nom de gourde de Guardian ou de vigneron. Elle servait en fait à transporter du vin comme une gourde, proche du porron catalan. Une statue à Montpelier, en hommage à Emilien Planchon à qui l’on doit la renaissance de la viticulture Languedocienne présente l’un de ces flacons sculptés en pierre, au pied et derrière la sculpture.
De nos jours, dans les fermes du Sud-Ouest de ma connaissance, on utilise pour les tout premiers jours du veau, un récipient en plastique, genre arrosoir avec une tétine sur l’embout afin qu’il acquiert le mécanisme de la succion.
PS : il existe sur E bay il y a pas mal de biberons en vente.
Biberon d'agneaux-clissé ou gourde de vigneron. Photos E bay
Bidon peint par Didier Leveille. Marchand de lait et son bidon, carte postale
Il existait aussi des bidons pour distribuer le lait. Ils possédaient un bec verseur. Tels les bidons reproduits sur ces photos. Curieusement on les trouve difficilement dans les brocantes à la différence du bidon de stockage plus décoratif.
Les laitières de Cauterets. Coll. Jean Labourie, Les maires de Lourdes. Édition Atlantica
Bât de mulet avec son bidon. Mini musée Lavantès à Luz . Photo J. Omnès. Porteuse de lait carte postale
Jeunes laitiers et leurs bidons. Carte postale ancienne. Un bât. Coll. Privée
Avec les bidons de lait. Petit musée de Gèdre. Photo J. Omnès
Petit musée privé de Bernard Héraut à Uz.Photo J. Omnès
Musée pyrénéen Lourdes. Photo J. Omnès
6-Le bouffadou-bofador (du gascon bofar, souffler)
C'est un tube d'origine landaise, originellement en bois de sureau, facile à percer dans son axe central, actuellement en bois de tilleul. Il est indispensable pour raviver les braises ou allumer un feu sans se brûler les moustaches ou soulever les cendres. En Bigorre cela s'appelle un bouhadou (de bouhar souffler). Rappel : la grotte de la Bouhadère à Saint-Pé ; mais on utilisait plus fréquemment dans le pays un vieux canon de fusil (1)
(1) Information J.-M. Prat d'Aucun
Histoire légendée (Lozère)
Bouffanelle était une sorcière, au temps où, dans les grandes forêts du Gévaudan, il nous en restait quelques-unes. Sorcière, avec une spécialité : le bâton du diable.
7-Le blutoir
Instrument servant à séparer la farine du son
Ce blutoir et son coffre, venant de Vier-Bordes se trouvait vers 1950, au château fort de Lourdes.
Cette photo montre le cadre en bois du cylindre du blutoir. On aperçoit les taquets (marteaux) en bois qui, en se mouvant et en retombant sur le bois font décoller la farine de la soie. |
Le burguét était l’élément indispensable pour les bergers qui restaient jadis, lors des transhumances, près de leur troupeau. Mais ces cabanes mobiles à ne pas confondre avec les cabanes de pierres sèches de hautes montagnes étaient surtout utilisées lors de l’étape de moyenne altitude, pas loin des granges ou germs, où l’on devait fumer les terres. Il était accompagné de la barguère ou parc mobile de planches de 3 mètres environ, qui servait à réunir le troupeau pour passer la nuit à l’abri des prédateurs. Burguét et barguère étaient régulièrement déplacés tous les soirs afin que tout le lopin de terre soit fumé. Après la fumure le troupeau, son berger, les chiens avec leur collier de protection, la mule et l’incontournable chèvre montaient vers les estives. L’utilisation du burguét s’est prolongée surtout en Pyrénées orientales (Cerdagne) jusqu’aux environs de 1960.
S’il existe plusieurs types de burguét qui vont de la cabane sur 2 ou 4 roues, surtout en plaine à celle portées à bout de bras par deux hommes ou femmes, le modèle le plus courant dans notre région est celui porté à bout de bras, de type cercueil (Musée pyrénéen) dans lequel le berger dormait couché. Il faisait environ 1, 80 m sur 85 cm de large. La plupart étaient faits d’une armature de frêne ou de hêtre recouverte de planches de sapin. Le toit était soit de bois, soit de chaume ou de tôle de zinc. L’ouverture se faisait sur toute la longueur, tel un couvercle de tabatière. On rencontrait parfois des burguéts de type maisonnette, plus haut, avec toit à une ou deux pentes en bâtière (musée d’Aucun). L’ouverture sous forme de petite porte, se trouvait sur la partie la plus large.
Certains burguéts possédaient quatre pieds de bois pour s’isoler du sol et afin que le chien puisse se glisser dessous.
Dans le livre l'ours et les brebis, Etienne Lamazou, jeune berger évoque ses nuits en Béarn, dans la vallée d'Ossau passées dans son abri, attentif aux bruits des sonnailles de ses animaux qui pouvaient, lorsqu'elles se mettaient à tinter ensemble, annoncer la proximité de l'ours.
Burguét-mini cabane. Musée d'Aucun. Photo J. Omnès
Le burguét servait aussi de point de ravitaillements laissés par la famille lors de leurs visites. Il paraît, que dans certaines vallées, on disait que les jeunes filles enceintes qui n'étaient pas passées auparavant devant monsieur le curé, étaient allées au burguét.
9-Le briquet de berger
Le briquet de berger des Pyrénées est fabriqué en corne , il reproduit les gestes ancestraux de l’utilisation des pierres pour obtenir un départ de feu. Ecologique, il ne nécessite aucun produit chimique et respecte donc notre environnement. Contrairement à un briquet classique ou des allumettes, il se montre efficace même par temps humide. Facile à transporter on l’utilisera avec de la paille sèche, de l'amadou ou de la fibre comme le coton. Il est constitué d'une corne scindée en deux, d'un grattoir en acier relié à la corne par un lien et d'une tige en alliage magnésium jouant son rôle de pierre à feu. On en trouve sur le site Esprit des Pyrénées (Bagnères) d'où est extrait ce texte.
Photo Esprit des Pyrénées
9-Le broyeur à fumier
La fumure se limite en de nombreux endroits au pacage des animaux après la fenaison. En montagne, cette opération fait l'objet des plus grands soins. Ainsi à Grust (Luz-Saint-Sauveur), le fumier, soigneusement conservé, est moulu et réparti, dans les pâturages. L'instituteur, dans la monographie des instituteurs de 1887, a décrit avec une rare précision ce travail méthodique. Le fumier d'ovin était broyé dans ce genre de machine pour l'aérer, puis mis en petits tas dans les champs avant d'être épandu.
Objet appartenant à Joseph Thirant. A droite panier à fumier, Musée pyrénéen.
Photos J. Omnès
10-Broyeur à raisins (Fouloir)
Escoubes-Pouts, collection privée.
Chaque ferme vivant en autarcie produisait son propre vin grâce à la présence d'une petite vigne dans leur potager. L'élaboration de ce vin nécesstait un petit fouluoir (1) portable que l'on mettait sur une cuve.
En œnologie, le foulage consiste à faire éclater les baies de raisin pour en extraire le moût sans écraser les pépins1. Le foulage peut intervenir avant la vinification proprement dite ou bien après une macération carbonique ou une macération préfermentaire à froid, ou bien encore avant une macération pelliculaire. Cette opération permet en outre un départ en fermentation par libération du jus et mise en contact des levures indigènes présentes sur les pellicules des baies du raisin. Ref. Wikipédia.
11- Le cabadé ou cabedé (coussin-couronne de portage)
Ustensile de portage de tète utilisé dans les 3 B : Béarn –Bigorre-Pays Basque. Il était réalisé en Bigorre en spathes de maïs avec les nœuds antidérapants, objet rare. En Soule, cette couronne de stabilisation et de confort des récipients (1) portés sur la tête des femmes, au nom de buridittoa était réalisé en tissus. Il ne semble pas que les musées de Lourdes et de Bagnères en exposent un exemplaire. Son nom varie selon les régions. Nous avons aussi cabesaou et cabedaou.
Coussin en maïs-cabadé (Bigorre) Coll. J.-M. Prat Coussin en tissus ou buridittoa en Soule, musé basque
Litho de Devéria Porteuse d'eau dans les Pyrénées. Carte postale
Utilisation en 1918 avec un faitout d'aluminium. Photo J.-M. Prat
(1) panier, cruche en terre cuite (pegarra en Pays Basque-Béarn) ou en bois (hérade ou herrat (en Béarn-Pays - Basque- Bigorre.
12-La cape de berger
Un texte de Pierre de Marca nous rappelle que le fameux manteau de saint Martin n'était autre qu'une "cape bigérrique", telle qu'elle était fabriquée alors dans nos régions pour l'armée romaine. Très chaude et de laine grossière, elle était idéale pour affronter les hivers.
Texte de Marca, remplacez le f par un s pour mieux comprendre : « ...Mais ce qui leur a donné fujet de tenir ce difcours eft, que Paulin efcrivant à fon Aufone, parle avec mefpris des habits des Bigordans, qu’il infinuë avoir efté faits de peux de beftes ; et auffi que les robes et manteaux rudes et velus, fabriqués d’une laine groffière, portoient anciennement le nom de Bigerriques, en consideration du païs de Bigorre, où fe trauailloit cette manufacture ; comme chés Severe Sulpice, et chez Fortunat, qui tefmoignent que fainct Martin acheta pour fon ufage vne cape Bigerrique. Car ceft ainfi que ie veux la nommer, eftimant que ces habillemens Bigerriques, pouvoient eftre femblables aux Capes qui fe fabriquent maintenant en Béarn, d’vne laine groffiere pour defendre les pauvres gens contre le froid et les pluyes. » « Histoire de Béarn… », 1640. Pierre de Marca, 1594-1662. Ed. Vve J. Camusat.
La société Esprit des Pyrénées nous rappelle aussi que l'existence de cette cape de berger est attestée dans les Pyrénées mêmes, à l'époque des Romains. Ils venaient prendre les eaux à Vicus Aquensis (Bagnères-de-Bigorre) et achetaient aux habitants, les Bigerriones, des “Bigerri vèstès", qui n’étaient autres que capes de pure laine des troupeaux locaux. La matière est de la pure laine des Pyrénées bouillie, foulonnée, imperméabilisée, sur la base d’un tissage cardé. "Capes et pèlerines ont traversé les siècles sans subir pratiquement aucune modification et deviennent « tendance » en
période d’intempéries".www.espritdespyrenees.com
Noël Canivencq à Gavarnie. Photos J. Omnès
Dark Vador et sa cape au petit musée d'Aucun. Photos J. Omnès
À gauche, la fabrique La Carde à Luz essaye de perpétuer la tradition de la cape de berger. Une boutique a été ouverte en 2013 à Cauterets à la galerie Aladin. À droite, cape proposée par Esprit des Pyrénées. Cliché Esprit des Pyrénées.
13- Le capucin ou couteau du berger.
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Machine à carder à balancier. Musée Salies à Bagnères-de-Bigorre. Photos J. Omnès
Les grains de prière.
Nous avons pu voir il y a peu, au musée pyrénéen de Lourdes, une exposition sur les chapelets du monde. En fait, une collection itinérante d’une dame portugaise qui partageait avec nous le plaisir de son savoir. J’avais alors fait remarquer que cette exposition, vu l’origine et l’objectif du Musée aurait pu entrer dans le cadre plus local de cet artisanat fort important pour nos « paternostriers. » Artisanat qui grâce aux forêts de buis et à la force motrice des gaves s’est même développé au rang industriel avec la présence de manufactures en Vallée de l’Ouzoum, à Montaut, Saint Pé, Nay, Asson d’Arthez et bien d’autres villages… Le succès de cet artisanat qui exportait dans le monde entier au fait de sa réussite, avait pour assise, la forte concentration locale en Bigorre-Béarn, de pèlerinages : Sarrance, Betharram (origine du chapelet de Bernadette), Garaison, Piétat, Bourisp, Héas, Poueylaün et …Lourdes Un dossier fort complet de Christine Lanardonne d’Asson vient justement d’être présenté dans le dernier bulletin de la SESV numéro 49, page 159 à 192, 2018. Il serait temps de se pencher sur ce métier qui a fait vivre nombre de nos ancêtres.
Enfants revenant de la forêt de Très Crouts (Saint-Pé) avec leur hotte pleine de branches de coudrier et de buis pour les patenôtriers (paternostriers) confectionnant des chapelets. Photo 1906-1907 de l'ingénieur ONF de la Hamelinaye (Info Alain Dole).
Un paternostrier. Wikipedia
Fabrication d'un chapelet : voir la vidéo Youtube
Origine
Si l’utilisation du chapelet ou patenôtre a remplacé lentement dans les couvents médiévaux, la prière digitale, à l’aide de ses doigts, il devint au XVIe siècle après la victoire de Lépante en 1571, contre la flotte turque, l’élément indispensable de tout catholique romain. Quittant ainsi les zones d’influences cléricales et nobles pour investir le monde du peuple.
Le chapelet possédait à l’origine 150 grains, référence aux 150 psaumes de la Bible. Mais la prière à partir de ce support, appelée « psautier du Christ », apanage des Cisterciens (saint Benoit) fut par la suite, au XVe siècle complété par les Dominicains par un « psautier de la Vierge » à partir d’un chapelet toujours de 150 grains, appelé Rosaire en raison des roses entourant généralement la présentation de Marie couronné, mais avec la prière adressée à Marie : l’Ave Maria, remplaçant le Pater Noster. Cela en raison d’une apparition qu’aurait eu de saint Dominique en 1208, recevant un chapelet de la Vierge.
Nous devons la concrétisation de cette évolution au pape Pie V, lui-même Dominicain, qui, engageant sa flotte à côté de celle des Espagnols et des Vénitiens contre les Ottomans, avait demandé la veille de la bataille, à tous les couvents de prier jour et nuit avec un Rosaire composé de cent cinquante grains correspondant à 150 « Ave ».
Cette victoire en 1571, grâce à l’intercession de Marie eu un retentissement considérable dans toute la chrétienté, la flotte ottomane étant considérée comme invincible. Les prières étaient arrivées jusqu’aux oreilles de Dieu. La conscience populaire d’appartenir à une communauté autour de la même Foi, fut concrétisée par ce Rosaire. Il était devenu le signe conventionnel d’appartenance à la même famille de croyants.
Progressivement le chapelet de 150 grains fut remplacé par un chapelet de 50 grains plus malléable pour les gens du peuple. Un Rosaire devenant une prière correspondant à trois fois un chapelet.
Localement le développement du Rosaire fut bloqué, surtout en Béarn par Jeanne d’Albret instaurant sur ses terres le protestantisme, mais se développa par réaction en Bigorre, fidèle au culte de Marie et aux processions en son honneur. Au XVIIe siècle, Bétharram était devenu l’un des plus grands centres de pèlerinages du Royaume.
Deux siècles après, Lourdes et son message de prières, verra le développement considérable de ce support de prière, que le vœu de Louis XIII, les épidémies de peste et de cholera avaient maintenu toujours vivant. L’an 1886 verra la consécration du Rosaire grâce à Léon XIII qui fit du mois d’octobre, le mois du Rosaire.
Toute cette évolution de piété populaire contribua largement à l’instauration et au développement d’un artisanat local florissant de fabrication de chapelets et objets divers de bois .
Bannière d'Aucun. Photo J. Omnès Un chapelet catholique
Marie offrant un rosaire à saint Dominique. Photo J. Omnès
Des sites mariaux réputés
Si Lourdes, dès les apparitions de 1858, est devenu l’un des plus importants centres de vente de chapelets de la catholicité, il est peu connu que la cité mariale ait été précédée par Bétharram qui, au XVIIe siècle (1) alignait nombre de boutiques d’objets de piété, depuis Lestelle jusqu’aux sanctuaires. C’était l’un des trois sanctuaires les plus réputés du royaume France. Près de 40 stands de commerçants proposaient objets de culte et de prière réalisés dans la région par des chapelétaires ou « chapeletayres » selon Simin Palay. « Les foules étaient immenses, les rues tellement encombrées de gens et de bêtes qu’à grand peine on peut y trouver place. Devant l’église, c’est une cohue à ne pouvoir ni passer, ni s’entendre ; et pour entrer dans le saint lieu, il faut livrer combat » Camille Bonnard "Landes et Pyrénées," 1838. Vingt ans plus tard, Lourdes et sa dévotion mariale prit la relève.
(1) Bétharram était un haut lieu de pèlerinage depuis le Moyen Age, passage des jacquets. Le site au bord du gave a été l’objet de trois miracles qui se sont succédés dans le temps, au XIII siècle (vers 1200), celui dit de l’Etoile qui donna le nom à Lestelle, au XVe siècle celui du beau rameau qui donna le nom au lieu : Bétharram, puis en 1616, celui dit du Calvaire (N-D du Calvaire). Les guérisons miraculeuses furent fort nombreuses, ce qui entraina une forte concentration de pèlerins. Après les ravages des troupes de Jeanne d’Albret et la Contre-Réforme Bétharram reprit le chemin de la notoriété dans le monde catholique. C’est dans ce contexte que les chapelets ont naturellement pris une place prépondérante. Ceux-ci étaient confectionnés dans toute la région.
Bétharram. Litho de Madame Claude de Froissard
L’artisanat
L’offre locale de chapelets a pu suivre la demande de plus en plus grande, car étaient déjà en place nombre de manufactures de bois, surtout à l’est de la Bigorre et l’ouest du Béarn grâce à l’importance de forêts de buis et de la force motrice des gaves. Ces manufactures fabriquaient dès le XVIe siècle, toutes sortes d’objets de buis, des peignes aux cuillères en passant par des coquilles Saint-Jacques et des croix. Les principaux centres étaient Coarraze (Coirase), Igon, Asson avec un point fort Montaut. Les artisans d’Arthez d’Asson faisaient concurrence aux peigneurs de Saint-Pé à tel point qu’il a fallu une sentence arbitrale en 1541, pour mettre fin aux guerres commerciales. Les peignes étaient exportés en Espagne et dans tout le Languedoc. De Bayonne ils partaient à Paris.
Chapelet bigourdan. Coll. J-M Prat Aucun
La matière première
Grâce aux pentes calcaires bien drainées du pays de Saint-Pé et de Louzom jusqu’en vallée d’Aspe le buis était abondant. Il était coupé en rondelles et porté à dos de mules ou dans des charrettes par des « bouscassers », dans les manufactures de peignes et de chapelets. Sur les terres indivises les coupes étaient réglées par les services forestiers qui souvent interdisaient les coupes de buis de moins de 6 cm de diamètre. Ailleurs, sur les terres privées les particuliers pouvaient obtenir des droits de hache. Au XIXe siècle la demande était si importante que l’on passa de la petite manufacture à l’usine industrielle. On cite souvent en 1841, les 25 tonnes de buis livrées par 16 charrettes à l’usine de Montaut. Dans la crainte de la rareté de la matière première, des produits de substitution furent utilisés avec le bois de houx, le noyau d’olives ou la noix de corozo, surtout pour les boutons. Antoine de Froissard, 1993 « Histoire du chapelet » est l’auteur incontournable pour tout savoir sur le chapelet. L'aubépine et le houx étaient aussi utilisés.
Le buis. Wikipedia
De l’artisanat à l’industrie
Devant la demande augmentant, surtout après les Apparitions de Lourdes (1858), l’énergie de l’eau fut de plus en plus utilisée à la place des machines actionnées par le pied, un peu comme les anciennes machines à coudre. Les moulins transformés en ateliers pouvaient produire dix fois plus « grâce aux tours alignés fonctionnant par à un système de courroies liées à un arbre tournant, mu par la force de l’eau. Un ingénieux système permettait le débrayage et le changement de vitesse » Christine Lanardonne-Patrick Viala (1).
La fabrication du chapelet
Celle –ci se divise en deux étapes : la réalisation des perles ou billes et leur enfilage. La première partie se faisait en atelier, la seconde à domicile. La réalisation des grains : au début les billes de buis étaient transformées en billes rondes ou ovales par des ciseaux courbes débitant la pièce de bois qu’une machine à pédale faisait tourner. Avec l’énergie hydraulique la pièce de bois devient fixe et ce sont deux ciseaux qui tournent autour. Les billes obtenues passaient ensuite sur une machine à guillocher qui les décorait de motifs circulaires en creux ou en relief, puis les perçait. Elles étaient par la suite teintées. La seconde partie le tricotage se faisait encore au début du siècle dernier, à la maison par les femmes d’ouvriers et les enfants après l’école avec des pinces spéciales à bouts rondes les alicates. Il s’agissait d’enfiler les perles selon un code bien défini : dix petites perles pour les ave, suivies de dix grosses pour les pater, cinq fois de suite en les séparant par un muguet propre à l’entreprise. La jonction était souvent réalisée par un cœur parfois gravé d’une formule : N-D ou Souvenir de Lourdes, de Bétharram ou encore Allez boire à la fontaine et vous y laver. L’extrémité du chapelet était terminée par une croix souvent en hêtre, bois plus tendre pour les gravures éventuelles. Ces manufactures fabriquaient également des chapelets musulmans (sebhas, mishabas, masbahas ou te (a)bishs) à 99 grains pour les 99 noms d’Allah, en principe séparés tous les 33 grains, par un témoin. L’extrémité ou marabout est composé de perle(s) ou d’un plumeau de fils. Il existe également des tebishs réduits à 33 grains. Le musée de Bétharram expose des chapelets musulmans avec de nombreux objets de buis.
Machine à guillocher, Musée Maison carrée de Nay. Photo J. Omnès
Grains de buis sculptés. Ce type de chapelet est très difficile à trouver à Lourdes, vu son coût. L'une des rares boutiques se trouve rue de la Grotte à l'Icone (haut de la rue). Photo J. Omnès
Enfilement de perles avec les pinces alicates. Carte postale Delcampe
Chapelet catholique et ses grains symboles
Chapelet musulman avec et sans "témoin" séparant les 33 grains. Wikipedia
L’évolution
La fabrication de chapelets locaux en buis a pratiquement disparue, sauf dans quelques couvents avec l'artisanat monastique. Disparue aussi leur fonction de premier ordre lors des processions, des mariages et des enterrements, sans compter leur fonction de talisman. Le chapelet protégeait contre le mal, les mauvais esprits s’enfuyaient à sa vue, on pouvait le suspendre dehors pour demander un temps favorable, les femmes enceintes le portait pour faciliter la naissance à venir, il était également déposé dans les langes du bébé pour qu’il devienne un bon chrétien. Malgré la perte de ces différents usages et la crise de la ferveur religieuse, le chapelet est toujours présent et bien présent dans les échoppes lourdaises. Mais il est de plus en plus considéré plus comme un objet ludique, décoratif, un bijou que comme un objet de prière avec toute sa symbolique, sauf pour certaines communautés de chrétiens dont celles d'Orient (avec la mantille). Car le vénérable et sobre buis a été remplacé par des grains de toutes matières et de toutes couleurs. En France, encore les fabricants du Puy-de-Dôme ont su et pu suivre l’évolution, entrainés presque de force par les fabricants italiens et chinois.
Chapelets fantaisistes. Wikipedia
Les lieux de fabrication aux XIXe-XXe siècles;
Arbéost
A abrité l’usine de chapelet au bord de l’Ouzom, elle dépendait de l’Usine Navarre de Montaut
Ferrières
A abrité successivement quatre usines de tournage du buis d'aubépine et de houx.
1) Au quartier Herrère, à côté du tunnel, l’usine Henri Prat s’était installée en 1880, dans le moulin Miro-Crampete. Elle employait 37 ouvrières et 4 ouvriers. Les perles étaient polies et teintées à Arthez d’Asson en Béarn. Comme à Arbéost, elles étaient enfilées dans les familles locales. Photo J. Omnès
2) Au bord de la route, le moulin de Ferrières avec terrasse qui servait de restaurant jusqu’en 2016, fabriquait aussi des chapelets avec la force motrice de l’Ouzom. Le bâtiment abandonné un certain temps, vient de rouvrir en 2022, en lieu convivial : tapas, karaoké, groupes musicaux. Demeurent le mécanisma ayant actionné les machines et une petite croix en buis incrustée dans le pilier gauche de la cheminée.
Moulin de Ferrières, l'arrière
3) Il en était de même avec le moulin Gentillet, sous le quartier Lastètes, en bord de route menant à Herrère. Le moulin fut transformé de la scierie en usine à chapelet en 1881. Celui-ci cessa son activité en 1939. Cette usine s’était surtout spécialisée dans la fabrication de boutons. Le bouton servant de volant régulateur au commerce des chapelets essentiellement saisonnier.
Photo J. Omnès 2018
Rail passerelle sur le canal de dérivation. Photo J. Omnès
4) La plus récente (1955) fonctionnant à l’électricité fut l’entreprise Cazarré. Elle se trouvait au centre du village, près de l’usine de béret. Son activité cessa en 1960.
Lourdes
Paradoxalement, malgré le grand nombre de marchands de chapelets qui après les Apparitions se présentaient comme fabricants de chapelets comme les Galeries, catholiques, Marroum, rue de la Grotte (1), Raymond Arène… Il n’y avait pas à ma connaissance de manufactures de chapelets dans la cité mariale. Celui de Bernadette provenait de Bétharram, peut être offert par Michel Garricoïts qu’elle allait voir de temps en temps. Et ce, pour deux raisons semble-t-il, les manufactures abondaient tout autour et la dizaine de moulins lourdais fut à l’exception de deux (2), transformés en pensions ou hôtels bien plus rentables. Et l’entrepôt de Navarre de Montaut au 55, rue de la Grotte (3) devait suffire amplement à fournir les commerçants.
(1) Occupé actuellement par la boutique familiale Sainte-Marguerite au 96, rue de la Grotte, qui vend des chapelets, mais n’en fabrique pas.
(2) Devenus musées.
(3) Actuel Hôtel de Rome
Photo Viron Peintre Durand 1913, fabricant de chapelets à Lourdes
Saint- Pé
A abrité l’usine René Prat, fils de l’industriel Jules Prat d’Arthez-d'Asson, grand centre de fabrication de chapelets. Sa création remonte à 1910. La présence de la voie ferrée et de la forêt de Trescroutz riche en buis, matière première, associées à la proximité de Lourdes et de ses milliers de pèlerins furent alors déterminants pour cette implantation sur un terrain communal (1).
Usine voisine des établissements Latapie. Photo J. Omnès
Ancienne usine Latapie Photo J. Omnès
Une seconde usine se trouvait au centre d’apprentissage, ex-collège technique.
Saint-Pé ex centre d'apprentissage. Carte postale
Le Béarn prolongement naturel de la Bigorre de l’industrie du chapelet
En résumé nous avons :
- Arthez d’Asson, les ateliers Henri Prat, 1855
L’Atelier d’Arthez de Berdouley, 1881 ; les Ateliers Jauréguy
- Asson, l’atelier Guichou-Milhet ; l’usine Labarbère-Monguilholou au quartier Labat, 1870 ;
l’usine Cazabielle
- Coarazze, la fabrique Cuyaubère, 1863.
- Igon, en 1851, il y a 32 fabricants de chapelets
- Lestelle, l’entreprise Latanne Au XIXème et début XXème , presque toutes les Lestelloises fabriquaient des chapelets, notamment au village mais aussi à Igon et à Montaut.
- Montaut, la perle de l’industrie du chapelet, la Manufactures Lartigau et Navarre à l’origine de plusieurs brevets industriels et d’innovations commerciales vers l’Europe, les Amériques et le monde musulman. La maison possédait un entrepôt à Lourdes au 55 rue de la Grotte (actuel hôtel de Rome).
- Nay, l’entreprise Pédarré-fils.
14bis- Le clari ou clarin
C'est le hautbois de Haute-Bigorre. Instrument à vent de musique d’origine médiévale proche de la txanbela souletine, c’est est un petit tube de 20 à 25 cm de long, taillé dans du bois d’une seule pièce. Il est percé de 6 trous de jeu alignés verticalement, d’un latéral vers le bas et d’un trou d’octave supérieure à l’arrière. Il est muni d’une anche (1) double faite de corne ou de grosse plume d’oiseau. Le pavillon (extrémité évasée) est souvent peu développé. Objet personnel du berger, il était souvent décoré de motifs géométriques, genre dents de loup, parfois avec des inscriptions. Un clari se trouve exposé au Musée pyrénéen de Lourdes. (1) Lamelle de roseau, de métal ou de matière plastique qu'on place à l'embouchure de tuyaux sonores et dont les vibrations produisent un son d'autant plus élevé que sa longueur est plus faible et ses battements plus fréquents.
La conjugaison de riches forêts pour la fabrication de charbon de bois, de torrents pour la force motrice et la présence de minerais de fer à Ferrières ont permis au sud du Piémont de voir apparaitre et se développer une industrie fort active, celle des cloutiers. Le pôle le plus réputé, même jusqu’en Espagne et ce, dès le XIIIe siècle, était celui de Saint- Pé.
Forge au XVIIIe siècle Encyclopédie planche I, serrurier-ferronnier
Les cloutiers ou clabétès de Saint-Pé, ex Générès (devenue de Bigorre 1962).
Au XIe siècle, Saint-Pé était possession des vicomtes de Béarn et dépendait de l’évêque de Lescar. En 1281, le vicomte du Béarn, Gaston VII offrit au prieur et à la communauté (béziau) de saint-Pé, la forêt de Trescrouts avec ses bois et ses mines de fer proches. Voir le dossier patrimoine industriel.
à Saint-Pé
La multiplication des forges traitant du fer venu de Ferrières (voir plus loin) s’accéléra au XVIIIe siècle, à tel point que les fumées dégagées des ateliers obscurcissaient l’horloge de la tour de l’abbaye et qu’il était impossible d’y lire l’heure. Même au XIXe siècle, il se disait que les pèlerins se rendant à Lourdes, arrêtaient de chanter leur cantique en passant dans le village pour demander l’heure aux habitants, tant le halo de fumée était important sur la tour de l’horloge de l’abbaye et que ses sonneries étaient inaudibles. Après les tisserands, les cloutiers représentaient la deuxième population du village. Ils faisaient vivre près de 300 personnes. La Révolution vit la naissance de la manufacture nationale du clou, avec l’utilisation de l’église de l’abbaye réquisitionnée. La demande était forte, du fait des guerres qui nécessitaient de nombreux clous pour les harnais et les chaussures des soldats, mais la collectivisation des moyens de production, n’était pas dans l’esprit des autochtones. Exit la manufacture et bonjour le déclin, qui ne tarda pas à arriver, suite à la production industrielle des trèfleries (comme celle des minoteries industrielles pour le pain). En arpentant les rues du village, on peut se rendre compte du travail exceptionnel de ses cloutiers. Ces derniers tenaient marché à Lourdes et l’été à la foire de Gavarnie où les Aragonais venaient s’approvisionner.
Les cloutiers de Saint-Pé s'étaient groupés en une confrérie fort puissante, avec leur bannière, toujours visible à l'intérieur l'abbaye. Elle présente saint Eloi, en habits d'évêque, avec aux quatre coins, les instruments de la forge : marteau et pinces. Bannière inscrite au MH depuis 1981.
Ces forges sont à l’origine du sobriquet concernant les habitants du village : eths ahumats : « les enfumés » ou « les embrumés » (Enquête C.G. 1986). Ou Eths clavetons : « les cloutiers », (Rosapelly, vers 1910).
Tréfilés : botte de fer coulé, botte de fanton, triangle de fer arrondi, barre de fer plat, barre de fer carré. L’Encyclopédie, planche I, figures 1 à 5.
Les cloutiers de Ferrières et la vallée de l'Ouzom
La présence de ce minerai de fer le long de la rivière l’Ouzom a entraîné depuis des temps très anciens (les Romains semblaient en avoir connaissance) la construction de forges pour la transformation du minerai en fer brut. La première forge pour laquelle on a des traces officielles d’existence est celle de Louvie, en contrebas de la mine de Baburet, en Béarn. Cette forge fut reconstruite par le seigneur de Louvie vers 1512.
Après les Incamps, seigneurs béarnais (de Louvie), intervint la famille Claverie (seigneurs d’Arudy) et enfin celle d Angosse qui lui succéda en 1729, exploitant des mines et des forêts de la région.
Au XVIIIe siècle, on estime que 600 personnes travaillaient à la fabrication et à l'acheminement du charbon de bois pour le besoin de ces forges de la vallée de l'Ouzom. On estime qu’une forge utilisait environ une centaine d'hectares de forêts par an, pour sa production de charbon. Les coupes étant effectuées tous les dix-huit ans environ, les maîtres de forge devaient disposer de 1 800 ha de bois par forge en activité.
D’autres forges vinrent s’ajouter à Baburet, dont celle d’Asson après l’ouverture d’autres mines : à Lareut et Béost. Ces forges situées sur la rive gauche de l’Ouzum en Béarn, fabriquaient du fer brut, qui ne pouvait être transformé en produits manufacturés qu’à partir de la rive droite, en Bigorre. Aussi, un chemin de transport traversant les gorges de Caillabet dut être réalisé pour alimenter les forges de transformation qui commencèrent à se développer au cours des siècles. Un hameau en surplomb de celles-ci et en amont du ruisseau prit naissance sous le nom d’Arbéost-Herrère. Un autre hameau se développa en aval des forges sous le nom de Haugarou. Tous deux dépendaient des communes d’Arrens et de Marsous. Haugarou qui prit de l’expansion sur l’autre rive du ruisseau Lanet se trouvait sur le territoire de la commune d’Aucun. Ce nouveau quartier prit le nom d’Herrère-Aucun ou d’ Herrère-Debat. Tous ces hameaux étaient habités par des cadets : forgerons ou charbonniers et recevaient de nombreux journaliers surtout venus d’Espagne. L’activité métallurgique qui compta jusqu’à 600 ouvriers au XVIIIe siècle, prendra fin en 1866. Plusieurs causes en sont à l’origine, surtout la venue de hauts- fourneaux plus compétitifs et l’imposition en 1860, du libre-échange décrété par Napoléon III.
En 1922, la Société anonyme des Mines et Hauts fourneaux de Baburet acquit ces mines et construisit un chemin de fer pour amener le minerai au village de Ferrières puis jusqu’à la gare de Coaraze-Nay.
De 1937 à 1961, près de 455 000 tonnes de minerai passeront par Coaraze-Nay. Puis viendront un nouveau déclin et sa fermeture définitive.
armes de Ferrères
Les cloutiers d’Aucun
La présence des forges d’Aucun découle naturellement de celles d’Herrère-Aucun (Herrariis). Une partie du fer partait à dos de mulet à travers le col de Bazes vers le village d’Aucun. Les forges locales transformaient les tréfilés en produits manufacturés ; des forgerons s’étant petit à petit installés dans les boutiques dites à forgerons.
Et en 1666, le petit-fils d’un certain Claverie, seigneur d’Arudy, Jean Cosme de Claverie obtint des droits d’exploitation en vallée de l'Ouzom, sur les territoires d'Arrens, Marsous et Aucun, avec faculté d'établir des forges. Une forge, dite du milieu, fut alors établie en aval de la Herrère d'Aucun, en face du hameau des Eschartès. Le concessionnaire ne poursuivit pas longtemps son exploitation. La lente disparition des forges fut accélérée surtout les forges avec cages à chiens après la création en 1850, de la Société protectrice des animaux. Celle-ci lutta contre l’utilisation de chiens pour actionner les soufflets.
Film 2014 sur le tour de France 1913, réparation de la fourche du "Gaulois" sans la forge d'Aucun, censée dans le film être celle de Ste-Marie de Campan.
Lourdes, ville étape pour atteindre les cures thermales abritait un certain nombre de forges, où, surtout l'on réparait les calèches et ferrait les chevaux. La demande se multiplia après les Apparitions, vu l'explosion du nombre de voitures à cheval employées à transporter les touristes. Par information orale, nous avons appris qu'il y avait une forge en face la gare inférieure du pic du Jer, probablement pour l'entretien du matériel et une autre, chaussée du Bourg, près du Champ Commun où l'on ferrait les chevaux. Ceux-ci nous a t-on dit, allaient tout seul boire à l'abreuvoir du Champ et revenaient d'eux-mêmes à la forge. Celle-ci existe toujours et appartient à Monsieur Jean Vergès, mais il manque le soufflet qui a dû peut-être servir de table ou d'élément décoratif.
Forge Vergès, chaussée du Bourg. Photo J. Omnès
La forge d'Ossen
Ou forge Capdevielle. Elle se trouve en bord de route et a hélas été vidée de tous ses éléments. Mais une photo de J-B Durruty nous donne une idée de l'intérieur.
Photo J. Omnès
Photo Durruty avec son aimable autorisation
La forge d"Argelès
Il existe une forge du XVIIe siècle à Argelès-Gazost, son entrée d'origine possède un claveau de porte daté de 1618 !
Elle n'est pas visible de la rue, car au siècle dernier un bâtiment a été construit devant. La sortie, côté rue du 18 Mai, avec sa porte plein cintre est datée de 1672. À l'intérieur, tout semble figé depuis des siècles, le grand soufflet fonctionne toujours, mais il a été monté à l'envers.
Les propriétaires sont passés lentement, mais sûrement du métier de forgeron à celui de charron puis de constructeur d'automobiles au cours de la Grande Guerre. Pour laisser place à un garage de réparation qui s'éteindra vers 1960.
Photo J. Omnès
L'intérieur de la forge Bégué avec le soufflet monté à l'envers. Photo Jean Guyot avec son aimable autorisation
Le minerai de fer et combustibles
Ce minerai abondant dans le pays des vallées des gaves était riche en fer (45 à 50 %), en hématite rouge facile à fondre et entre 12 à 14¨% de silice.
Le charbon de bois pour les foyers provenait surtout de la forêt d’Estrem de Salles, du Val d’Azun et de Saint-Pé (Trescrouts). La gestion des forêts était rigoureuse, les bois surveillés en permanence par des gardes, les coupes « illégales » et le pâturage des chèvres sévèrement réprimés.
Le matériel et accessoires d’une forge (cloutier maréchal ferrant)
Il existe une forge du XVIIe siècle à Argelès-Gazost, son entrée d'origine possède un claveau de porte daté de 1618 !
Elle n'est pas visible de la rue, car aux siècles derniers un bâtiment a été construit devant. La sortie, côté rue du 18 Mai, avec sa porte plein cintre est datée de 1672. À l'intérieur, tout semble figé depuis des siècles, le grand soufflet fonctionne toujours, mais il a été monté à l'envers.
Les propriétaires sont passés lentement, mais sûrement du métier de forgeron à celui de charron puis de constructeur d'automobiles au cours de la Grande Guerre. Pour laisser place à un garage de réparation qui s'éteindra vers 1960.
Pour les travaux utilisant de grosses pièces à façonner, tels les fers à cheval, l’action du soufflet (barquis) sur la matière incandescente peut être intermittente, la malléabilité des pièces de métal évoluant lentement. Une action manuelle sur le soufflet fixé au plafond peut suffire. Un contrepoids ramène à la position initiale le soufflet, après pulsation de l’air sur le feu. Cependant, pour les pièces à petit volume, tels que les clous où l’incandescence doit être permanente, l’action en continu du soufflet devient indispensable, ce qui nécessite un système de sa mise en fonction permanente, ou au moins des plages horaires plus longues. Celui-ci est réalisé par un système de bielle-manivelle qui transforme un mouvement de rotation en mouvement vertical. Ce système est très adaptable aux forges utilisant la force motrice de l’eau, comme pour la roue d’un moulin. Pour les forges éloignées des cours d’eau, il devenait nécessaire de faire tourner ces roues par une autre traction, la traction animale. Aussi la forge comportait une roue de 1,20 mètre de diamètre environ, et un chien la faisait tourner.
Il parait que cinq séances suffisaient au chien, généralement un Labrit, parfois un Patou, pour qu’il comprenne ce que son maître attendait de lui et reste dans la roue. Il faut cependant ajouter qu’il était attaché à ladite roue par un collier mobile. Il parait qu’il apprenait vite les moments où l’arrêt ou un nouveau départ s’imposait : voix du maitre, sonnerie quelconque. Dans les forges importantes, plusieurs chiens se relayaient. La création en 1850 de l’Association protectrice des animaux, condamnant cette forme d’esclavage animal interdit son utilisation qui disparut progressivement avec le déclin de l’activité.
Le billot ou établi et son enclume
C’était généralement une pièce de bois de hêtre ou de frêne rond renforcée par des cercles de fer, sur laquelle se trouvait l’enclume, support de frappe. Au bas du billot, un récipient plat et percé, le curbel, servait à récupérer les clous nouvellement fabriqués et encore chauds, afin qu’ils refroidissent à l’air libre. Chaque forge utilisait plusieurs billots et enclumes.
Le billot, cliché Eric Delgado.
Le foyer
Généralement positionné contre un mur de la forge, il est composé d’une grande plaque de fonte (sola) surélevée. Sur cette plaque, le forgeron faisait brûler du charbon de bois dont la combustion était attisée par un tuyau (tuyère) envoyant l’air du soufflet. Voir la photo de la gorge Bégué d'Argelès.
Le coffre à charbon de bois
L’armoire à tiroirs pour le rangement des clous. Ceux -ci étaient fabriqués au fur et à mesure des commandes. Le stockage était faible, mais nécessitait cependant une armoire à rangement. Celle –ci avait la particularité de comprendre de nombreux tiroirs.
Les outils
Les différents outils étaient surtout des marteaux. On distinguait deux types de marteau selon le genre de clou à confectionner : le marteau à gros manche avec sa protection à étincelles et le marteau courbé. On y trouve également l’émolette ou pince à ramasser les clous.
Atelier du cloutier d'Aucun. La forge est en contrebas. Photo J. Omnès
Des matrices en fer formaient la tête du clou et calibraient la section. Leur nom variait selon les régions : clatièra, clabièra ou claujera. Une forge en comptait plusieurs dizaines avec des têtes de forme carrée, ronde ou rectangulaire.
Clabières. Cliché Eric Delagado avec son aimable autorisation
Les clous
Leur forme était très diverse selon l’utilisation. On fabriquait des clous de charpentiers, de menuisiers, de savetiers, de maréchaux-ferrants, des clous d'ardoises faîtières, des clous de sabots, des clous à glace pour les chevaux et pointes pour les cannes et les bâtons ... Étaient également forgés les fers à cheval et les lames de faux ou dailles.
Clous de la forge d'Aucun. Cliché E. Delgado avec son aimable autorisation
L'encyclopédie Planche VII
Série de clous. Musée de Bétharram. Photo J. Omnès
La fabrication
D’après Raymond Delgado d’Aucun, un clou nécessitait 30 à 35 coups de marteau. Un forgeron pouvait produire entre 100 et 200 clous à l’heure en fonction des tailles. Il précise l’ « on reconnait au simple coup d’œil le cloutier qui les a forgés. »
Voir aussi l’article de Raymond Delgado Les clouteries et les cloutiers d’Aucun aux XVIIIe, XIXe et XXe siècles. Lavedan et Pays toy, no 38, 2007.
Portes cloutées de Saint-Pé. Photos J. Omnès
Clous et porte de l'église de Saint-Pé. Photos J. Omnès
Si le métier de cloutier reste de nos jours le plus connu ou le plus visible en Pays des vallées de gaves, du fait de la présence de nombreuses portes ornées, on ne doit pas oublier que la forge permettait l'exercice de nombreux autres métiers comme charron, serrurier, maréchal-ferrant, serrurier,coutelier, chaudronniers et ferblantier. Certains nécessitaient une présence fixe, d'autres comme celui de chaudronniers étaient beaucoup plus nomades. Les chaudronniers de notre région venaient surtout du Massif central. Quelques-uns de ces colporteurs se sont établis à Soues, Lourdes et dans le pays de Barèges.
Dernier venu dans la profession de la forge, le ferblantier . Il utilisait du fer-blanc recouvert d'une fine couche d'étain. Cet "orfèvre du pauvre" va très vite, dès le XVIIIe siècle, remplacer les objets courants du ménage en terre cuite, par du fer-blanc. En 1872, six ferblantiers seront répertoriés à Cauterets, trois à Argelès et Luz,
18- Les colliers ou canoules
Ce sont de larges colliers de latte de bois souvent de frêne, assouplies repliées sur elles même et fermés par deux à quatre boutons de corne chevillés. Les canoules sont utilisées pour accrocher les sonnailles au cou des vaches et des brebis.
Les initiales du fabricant-propriétaire sont souvent gravées au-dessus des boutons. Le décor, facultatif, s’organise autour d’une rosace, géométrique, centrée sur la nuque de l’animal. D’autres motifs, de moins en moins géométriques au cours du XXe siècle, s’inscrivent latéralement, à mi-hauteur et se développent vers la rosace supérieure.
Ils sont adaptables à leur encolure.
Les couras (voir photo plus bas) utilisés pour les bêtes de somme possèdent une clé de bois qui permet de les ajuster au cou de l’animal pendant sa croissance. De nos jours, par économie, nombre de bergers et de pasteurs utilisent une lanière de cuir, de plastique, voire une corde qui peut blesser le cou de l’animal. Elles n’ont pas la même valeur décorative.
Collier-canoule et sa sonnaille, Collier sculpté (exemple de travail alpin), collier en plastique
Colliers au Musée pyrénéen. À droite au Petit musée d'Aucun. Photos J. Omnès
Peu de bergers savent maintenant fabriquer leurs propres colliers, les gestes et le savoir-faire se perdent. Seuls quelques ateliers, surtout en Béarn persistent dans cette activité artisanale ancestrale. Le bois utilisé est du noyer, parfois du frêne plus solide mais plus cher.
Collier marqué Arcizans. Musée pyrénéen
Collier de Viger et son système de fermeture. Photo Marie Helène Valentin
Collier de Bigorre, musée pyrénéen.
Collection de colliers et de sonnailles. Musée d'Arudy 64 Photos J. Omnès
Sonnaille avec collier plastique moderne . Colliers traditionnels, salon de l'agriculture, au centre la Lourdaise. Photos J. Omnès
Ci-après collier en frêne peint er décoré de dessins géométriques, réalisé vers 1903, par Monsieur Laplagne d'Ousté. A droite, système de fermeture.
Cliché Jean-Luc Laplagne avec nos remerciemets
Vache au lac du Tech, collier en partie peint
Super décor d'un collier, Musée Massey. Il provient de Sassis (haute vallée du Gave). Il a été finement et richement sculpté par Louis Pujo en 1955. Les motifs latéraux, rameaux de chêne à peine stylisés, étaient impensables un siècle plus tôt, tout comme l’usage de la peinture à l’huile. L’ordre de l’ensemble ainsi que la technique d’exécution restent toutefois dans la tradition. La rosace que nous voyons ici garde une rigoureuse géométrie tout en se végétalisant dans un goût nouveau.
Collier pour vache en étable ou u coura en bois de frêne. Celui-ci est utilisé dans les exploitations où les vaches sont gardées "à l'attache", alignées face au mur, à l'inverse des élevages en stabulation où les vaches sont parquées. On trouve encore des fermes qui pratiquent encore ce mode de fonctionnement mais je pense que ça tend à disparaître. Contrairement au collier pour sonnaille, il permet une ouverture et une fermeture très rapide puisque qu'il n'est pas là pour rester en place longtemps.
19-Cruches et pots
Pots à graisse, musée de Bagnères-de-Bigorre. Photo J. Omnès
Cruches à eau. Photo J. Omnès
Pots à feu, musée de Bagnères-de-Bigorre. Photo J. Omnès
20-Cuillers
Collection J.-M. Prat
Porte cuillers. Petit musée de Gèdre. Photo J. Omnès
Loiuches. Musée pyrénéen de Lourdes
Cuillèrs à écrémer ou cuilleron
Taillées souvent dans du hêtre ou en buis, d’un seul tenant, elles servaient au fastidieux travail du pasteur qui se faisait à la main. Le lait déposé dans un récipient devait reposer au minimum 12 heures après la traite. Passé ce délai durant les 24 heures suivantes, il recueillait la crème qui se formait à la surface, à l'aide de cette cuillère de forme ovoïde avec la poignée dans son prolongement, soit à l’horizontale soit à la verticale. Cette poignée en forme de chapeau de gendarme était parfois décorée de motifs géométriques, parfois de végétaux stylisés. Elle était généralement percée d’un trou pour pouvoir l’accrocher. Il y avait également de cuillers plus grandes qui servaient à manipuler la farine.
Cuiller à écrémer le lait. Petit musée de Gèdre. On a l'impression qu'il manque une partie dela poignée
Photo J. Omnès
Au Musée pyrénéen de Lourdes. Photo J. Omnès
Origine Cauterets, au dos une date : 1871. Coll. privée
21 cuveaux de bois et leur pierre à lessive
Carrefour des patrimoines à Campan, voir dossier traditions, la lessive (bugade). À droite au musée Salies à Bagnères, ici la"pierre à lessive est en bois.
22- Estacadei
Entrave pour vache à l'étable. Cela leur permettait de lever et baisser la tête. Ils proviennent tous du val d'Azun.
Collection de Raoul Colin de Bagnères-de-Bigorre.
Photos prises au salon du livre de Bagnères-de-Bigorre du 6 octobre 2018
23- L'étrille
C’est un instrument de fer jadis en acier, formé de petites lames dentelées qui sert à nettoyer les poils de bêtes en enlevant les malpropretés : terre, bouses, broussailles.
Etrille Etrille ancienne. Photo J. Omnès. coll. privée
24 La faux et sa pierre
Etui de pierre à faux
25- Les fers de marquage
Musée pyrénéen Lourdes
Carrefour des patruimoines . Campan 65 Fête du mouton Luz septembre 2022
26 Les fléaux (frappe de la gerbe de blé)
Fléau Carrefour des patrimoines- Campan 65
Camassade : grande gouttière de bois maintenue en pente et sur laquelle on frappait les gerbes de blé. Fête du mouton de Luz, septembre 2022
27- Les forces à tondre.
L’ancêtre de la tondeuse électrique. Genre de ciseaux aux lames très résistantes. A simple et double ressort (à droite).
Dessous anciennes forces et ciseaux. Musée Lavantes et pyrénéen.
Forces et leur étui. Comm. particulières. Photo J. Omnès
La présence tardive d'électricité obligea les habitants de Haute-Bigorre a utiliser jusqu'aux années 1900, les moyens les plus élémentaires pour s'éclairer. L'éclairage le plus basique était constitué de tèdes
La tède est une buchette de pin, sèche et débitée en brins minces comme des allumettes (halhes). Ceux-ci étaient posés sur une ardoise fixée dans un joint de pierre de la cheminée et qui servait de support. Il est évident que l'éclairage de la résine brûlée était des plus basique.
Les foyers plus argentés utilisaient des candelés ou pinces à résine sur trépied ; soit élémentaires constitués d'une branche de sapin en forme de fourche, d'un côté et de trépied de l'autre, soit plus sophistiqués, composés d'une barre de fer de un mètre environ formés à la base d'un trépied et au sommet d'une pince de 15 à 20 centimètres qui recevait le tison de résine. Cela procurait une faible lueur. C'est l'un de ces tisons qui tomba et brûla le sein de la mère de Bernadette qui dut trouver une nourrice pour son nouveau-né.
Musée pyrénéen, à droite collection. privée. Photos J. Omnès
Le caylé, vraie lampe bigourdane à huile. Son origine est probablement juive du bassin méditerranéen.
Lampe horaire, musée pyrénéen. Photo J. Omnès
C'est l’accessoire indispensable du berger, du chasseur et du randonneur. Ce récipient en peau de chèvre bien épaisse, en forme de goutte d’eau, que l’on porte en bandoulière, peut avoir différents aspects. La véritable gourde est une peau retournée et dont l’intérieur, avec ses poils, est recouvert de goudron (les anciennes ) ou de pure gomme (les plus récentes). Légère et isotherme, on ne peut y mettre que du vin. Pour la culotter, il faut souffler dedans et la remplir de nombreuses fois. Les gourdes pour touristes dites synthétiques, sans goudron et avec sac plastique intérieur, sont plus faciles d’utilisation. Elles sont polyvalentes. Le petit filet de liquide qui sort de la gourde que l’on tient à une certaine distance de la bouche lorsque l’on boit à la régalade, permet de conserver la fraîcheur. Il permet aussi de ne jamais trop boire. Le dernier fabricant qui se trouvait à Pau, la Maison Arroka, vient de fermer ses portes. La principale marque ZZZ vient de Pampelune où elle est fabriquée depuis 1873. Les gourdes ne doivent jamais rester vides, il faut les gonfler à l’air avant de les entreposer.
Gourde traditionnelle
31-Les jougs
Quelques exemplaires :
Luz et coutumes à Luz
Joug et son protège mouches. Musée pyrénéen. Photo J. Omnès
D'après les éléments sculptés ce serait un joug basque
32- Le lainage des Pyrénées et ses instruments
Seule subsistera dans la région, la manufacture bigourdane de Luz-Saint- Sauveur : La Carde, anciennement établissements Lafond (et sa boutique de Cauterets) qui présente un grand nombre de pièces en pure laine : vêtements et couvertures. Le site : www.lacarde-pyrenees.com
Machine à carder la laine à balancier, à la Carde de Luz-Saint-Sauveur. Photo J. Omnès
Celle de Bagnères, qui offre à sa clientèle des produits hauts de gamme sous l’appellation Lainage des Pyrénées, a su mettre à son profit et développer l’idée originale de Pierre Comet (1882), à savoir : mélanger du coton à de la laine.
Evolutions dans l'artisanat lainier
Depuis les journées patrimoniales de Bagnères-de-Bigorre, il ya quelques années où un artisan était venu nous présenter son travail sur la laine locale, un long chemin a été parcouru.
La laine est un produit très bon marché dont une grande partie est brûlée.
En dehors de la Carde de Luz des jeunes ont repris le flambeau du tissage et du feutrage dans un souci écologique de recyclage et de démarche solidaire envers les éleveurs locaux.
Les tontes des races locales se font à l’aide de forces avec les bergers et les laines sont triées lavées et séchées sur place (1)
La production est artisanale.
Les deux ambassadrices de cette nouvelle filière à notre connaissance sont Marjorie Dulom et Sylvie Delacour.
Marjorie des environs de Bun, tisserande formée aux métiers d’art en Lituanie avec les Compagnons du devoir à son atelier –mini boutique dans les anciens locaux de la coopérative de Pierrefitte, mis à sa disposition par le maire de la ville. Elle était établie auparavant à Estaing.
Pour plus d’information : https://www.facebook.com/Laine.et.bois.65/
Sylvie Delacour, feutriste est installée dans le Val d’Azun. Formée par Lainamac de Felletin, elle opère sous le nom de Laine–en-Sy, Esprit Parc
(1) Le lavage révolutionnaire par fermentation qui devait se faire à Lourdes dans l’ancien centre de dialyse semble en standby. La majorité des laines sont lavées en Chine ou en Belgique.
Marjorie au Musée pyrénéne 14 07 2024
Laine en écheveau Fileuse avec sa quenouille et son fuseau
« Ce tissu en mélangeant LAINE et COTON est la meilleure qualité de tissage des Pyrénées. Il perpétue une tradition ancestrale et vous offre un produit de haute qualité.
Divers articles en laine des Pyrénées sont en vente dans les magasins de Lourdes. »
Ceux qui veulent en savoir plus :http://www.lainesdespyrenees.com/Main.aspx?numStructure=82169&
33- Les lanternes des morts
Cet instrument sert à tracer des sillons parallèles pour la culture du maïs
À Arcizac-ez-Angles. Photos J. Omnès
35- Les moules à beurre
Le musée pyrénéen de Lourdes abrite un certain nombre de moules à beurre qui proviennent plutôt de l’Ariège. Mais la Bigorre utilisait pratiquement les mêmes durant les XIXe et XXe siècles.
L’objet
Fait de bois de buis ou de noyers abondants dans la région et produisant peu de tanin, ces moules étaient utilisés au XIXe siècle, pour transporter et vendre le beurre sur les marchés. Le bois évitait toute adhérence et avec un simple coup sur une surface, le produit pouvait sortir de sa gangue. Certains moules plus sophistiqués pouvaient s’ouvrir sur le côté. Ces moules étaient ornés sur leur fond, de gravure en creux représentant soit un animal, généralement une vache laitière, soit un végétal. En plus de la fonction ornementale, ces gravures permettaient de personnaliser le vendeur et de prouver que la motte était intacte et le poids garanti du fait que le dessin était toujours apparent. La motte était aussi vendue enroulée dans une feuille de choux et les dessins se faisaient avec un rouleau à beurre. Tradition qui s’est perpétuée bien après la disparition des moules à beurre. Jusqu’au années 1950 c’est ainsi que la ferme Teilhard de Lourdes (actuelle cité Saint-Pierre) vendait son beurre.
Rouleau à beurre ancien
À Campan, se trouve une fontaine qui permettait de prouver la qualité du beurre qui ne devait pas se dissoudre sous l’action de l’eau sortant.des quatre bouches. Le bas circulaire du bassin servant, tel un leytè, à conserver le beurre durant la foire.
Au XIXe siècle, des commerciaux, au nord de Lourdes s’étaient spécialisés dans la vente du beurre. Il s’agit des Ossunois appelés burrayrès (marchands de beurre). Ils n’hésitaient pas à arborer de belles tenues afin de montrer la grandeur de leur fonction.
Avant cette forme ovale, le beurre était présenté sous forme de boule. Une peinture de l’abbaye de Saint-Bertrand-de-Comminges nous présente ces boules offertes au XIe siècle à l’évêque Bertrand, suite à une affaire judiciaire relatée dans une histoire légendée Voir ci-dessous. Affaire qui nous montre l’importance de cette denrée en val d’Azun.
Le beurre du val d’Azun à Bertrand de Comminges
Le futur saint Bertrand, devenu évêque de Comminges en 1073, s’occupa de l’évangélisation de la Bigorre où il mit toute son ardeur pour extirper les coutumes païennes encore bien ancrées dans les populations montagnardes. Appelé par ses ouailles pour régler un litige dont l’origine est mal définie par les commentateurs, dont l’abbé Monzelun (1), il s’en alla avec sa mule dans la vallée d’Azun où ses prêches furent mal reçus. Les injures fusèrent à son encontre. L’exaspération fut telle que les Azunois coupèrent la queue de la mule épiscopale. Le Ciel, parait-il, pour punir ces malotrus envoya sur le pays calamités dignes des plaies d’Egypte : les arbres ne donnèrent plus de fruits, les champs de culture et les femmes et femelles de progénitures. D’après l’abbé cela dura 5 ans (2). Les députés de la vallée décidèrent alors d’aller voir le saint évêque pour se faire pardonner. Un accord fut conclu, le pays dut verser à l’évêque toute la production de beurre durant la semaine qui précède la Pentecôte. Il parait que ce geste de dévotion perdura jusqu’à la Révolution. Aussitôt fait, les désordres cessèrent.
(1) Histoire de la Gascogne, 1846, tome 2, page 58
(2) Contre sept à Saint-Savin qui subit une même punition pour une autre affaire
Moule à beurre, motif vigne Tampon à décorer le beurre. Coll. Pierre Lavantes Photos J Omnès
Moules à beurre, musée du château fort de Lourdes. Photos J. Omnès.
Cadeau de mariage. Photo Madame Lacolombe de Tarbes. Rouleau à décorer le beurre. Petit musée d'Aucun. Photo J. Omnès
Les burrayrès d'Ossun. Ils vendaient surtourt le beurre de Campan. Litho de 1841 de Ferugio. La fontaine au beurre de Campan
36- Le moule à hosties
Le moule à hosties est une matrice qui permet de réaliser plusieurs hosties, en même temps. Il était très courant au milieu du XVIIIe siècle.
Il ressemble à un gaufrier muni de deux grands bras métalliques, qui permettent de s’en saisir et de le manipuler sans risque de se brûler. Il est en fonte de fer. On verse la pâte sur l’une des deux plaques, les deux étant préalablement chauffées. On le referme et on le laisse environ trois minutes sur les braises.
Sur certains fers, une seule plaque est gravée en creux, mais le plus souvent ce sont les deux plaques qui sont gravées. Les motifs sont divers : formes géométriques, calices ciboires, étoiles, IHS, croix, dates, soleils, agneaux pascals…
Les plaques sont le plus souvent rectangulaires. Elles peuvent cependant être carrées, ovales ou rondes, dans cette dernière, on y cuit une seule et grande hostie.
On fait cuire généralement plusieurs hosties à la fois : de 2 à 18 hosties, panachant grandes et petites. Une fois la plaque de pâte cuite, on découpe les hosties avec un rondeau, pour une découpe nette et franche.
En France, le fer à hosties a été utilisé jusqu’en 1900.
Le village de Sère-Lanso ainsi que le Petit musée d’Aucun en possèdent un exemplaire, mais la cité Saint –Pierre de Lourdes en abrite un certain nombre. Du XVIIIe siècle, ils sont présentés insérés dans le mur d'un couloir. Photos prises avec l'aimable autorisation de M. Chaineau.
Dans un ouvrage sur l’ancien musée des Arts et Traditions populaires (1) il est mentionné : « gaufriers […] destiné à reproduire un décor sur un aliment cérémoniel notamment à l’occasion des fêtes religieuses comme Pâques. » Etonnante utilisation quand on connait l’épaisseur d’une hostie.
(1) Arts populaires des Pays de France, tome 1, Arts appliqués par André Desvallées et Georges Henri Rivière ; Joël Cuenot éditeur, 1975.
Petit musée d'Aucun
Petit Musée d'Aucun. Photos J. Omnès
Coll. J-M Prat
38- La montre solaire dite du berger
C’est en fait un cadran solaire ou gnomon portatif, constitué d´un cylindre de bois, souvent en buis, plus rarement de métal, d´une dizaine de centimètres de hauteur et 2 cm de diamètre et sur lequel figurent gravées des courbes horaires (variables suivant les saisons et dépendant de la latitude) et d'une petite lame métallique ou style située dans le chapeau mobile et escamotable dans le corps de l’objet. Pendant le transport du cadran, elle se range à l'intérieur du cylindre. Pour l’utiliser, elle doit être placée en position verticale. Les lignes verticales représentent les mois par leur première lettre, elles sont découpées en décades : 3 par mois et les courbes, les heures. Les mois sont disposés dans cet ordre : en première ligne : Juin (J), Mai (M), Avril (A), Mars (M), Février (F) et Janvier (J). Seconde ligne dessous : Juillet (J), Août (A), Septembre (S), Octobre (O), Novembre (N) et décembre (D).
Pour lire l´heure, il faut procéder d’après Wikipédia en 3 temps :
- d'abord faire tourner la lame sur le dessus du cylindre de façon à ce qu'elle soit située en face de la date du jour,
- puis tenir le cylindre bien verticalement (certains modèles disposent d'un fil permettant de suspendre le cylindre - comme on le fait lorsque l'on tient un fil à plomb,
- et enfin orienter le cylindre vers le soleil de façon que l'ombre de la lame soit verticale et donc aussi mince que possible.
L´extrémité de l'ombre de la lame sur le cylindre se trouve alors sur une courbe horaire correspondante à l´heure solaire (angle horaire du soleil) du moment, celle-ci permettant après correction d'obtenir l'heure légale officielle.
Un cadran de berger est conçu pour une latitude donnée. Il ne donne donc l'heure que si l'on ne s'éloigne pas trop du parallèle correspondant.
Origine elle est inconnue, mais doit être fort lointaine, car nous la retrouvons tout d'abord sous forme de cadran solaire fixe en Egypte et dans la Rome ancienne. au sol ou sur un mur. L'origine de sa transformation en cylindre portatif n'est pas connue.
Dessin Wikipédia
Sur cette enluminure médiévale montrant les différents moyens de mesurer le temps, se trouve à droite, sur le bas de la table, une montre de berger.
39- La pâle à chaume ou paleto
Planche qui servait à taper sur le chaume des toits pour égaliser la surface des poignées de paille de seigle, parfois de blé, posées par le couvreur sur nombre de granges locales. La majorité de ces planches sont de forme rectangulaire et à manche horizontal dans le prolongement. Quelques- unes sont ovales et ont une poignée sur le dessus. La majorité de ces toits de chaume a disparu du paysage local, remplacée par de toits en ardoises ou en tôle. Seuls subsistent, les pignons en espaliers protégeant le chaume et permettant de l’atteindre pour restauration. Nous avons quelques exemples visibles au Carrefour des patrimoines à Campan. Il existe aussi des paletos à chanvre et à lin.
« Taillée et creusée de cavités par le chaumier lui-même, la pale sert à égaliser le chaume. Assis sur la charpente de la maison, le chaumier la tient à deux mains et en tape la pointe des chalumeaux pour les tasser, les niveler et parfaire la surface extérieure du chaume. »
Extrait issu de « L’Art populaire en France », Jean Cuisenier, Office du Livre, p.37
40- Le panier à fumier
Panier à fumier, Musée Salies de Bagnères-de-Bigorre. Photo J. Omnès
41- Le parapluie de berger.
Une entreprise qui fait la promotion des objets traditionnels : https://www.facebook.com/edp.espritdespyrenees
Un fabricant, la famille Pando :Christophe et Hervé à Pau
https://youtu.be/kJfaks52KR0?fbclid=IwAR3qVQzzarOipMomfzV3NDlRkYP1IeDvbHmFeUXIhU2XaiUaQaNFZuPP9AA
35- Peignes à lin
Musée de Bagnères-de-Bigorre. Photo J. Omnès
Jusqu’au début du XXe siècle les pots étaient en bois, souvent d’érable, taillé dans une seule pièce. Ils servaient pour la traite des brebis comme pour les diverses manipulation du lait. Dans notre région, ils étaient de forme circulaire avec une ouverture plus large que la base, et une anse en quart de cercle armée d’un poucier sur le dessus, comme le pot de gauche présenté sur la photo. Celui-ci, de la seconde moitié du XIXe siècle, provient de Cauterets. Il était exposé à l’ancien musée des arts et traditions populaires.
Pot à lait. Petit chaudron en fer ou badina avec pellicule de cuivre ; on le déposait dans les leytès pour rafraichir le lait
45-La quenouille
Il s’agit généralement d’une tige de bois ou d'osier, munie d'une tête renflée (pour la laine) ou fourchue (pour le lin).
Les quenouilles servaient à filer le lin ou la laine et le chanvre, surtout en Béarn et au Pays basque (pour les espadrilles). C’est dans le réceptacle arrondi au sommet de la tige que l’on mettait la matière à filer. Celui de la laine était plus large que celui du lin.
On introduisait une touffe de matière dans ce réceptacle et avec les doigts d’une main, la fileuse extrayait des bouts qu’elle étirait jusqu’à en faire un fil. Elle l'enroulait avec l’autre main autour du fuseau emmanché sur une fusaïole qui pendait dans le vide. La fusaïole assurant la rotation régulière du fuseau tel une toupie. En tournant le fil se renforçait.
Ce système remplaçant le rouet statique permettait à la femme, car c’était surtout un travail de femme (1) de pouvoir filer à tout instant de la journée, quand celle-ci avait un peu de temps libre. Sa quenouille pendue à la ceinture ne la quittait jamais. Elle pouvait filer en gardant les bêtes, en allant au marché ou le soir, l'hiver, à la veillée. De nombreuses gravures du XIXe siècle illustrent amplement cette occupation.
Souvent en Bigorre, la quenouille faisait partie du trousseau de la mariée offert par l’élu. Elle était alors décorée des dessins variés géométriques, floraux ou de personnages représentant le couple.
Le fil a donné naissance à de nombreuses légendes touchant les fées des sources, qui envoutées par de mauvais esprits, ne pouvaient réapparaitre que lorsqu’un humain de passage, souvent une jeune fille, tirait par curiosité, le fil qui dépassait de l’eau. Voir patrimoine oral, les légendes.
(1) L’origine de la quenouille est très ancienne et bien présente dans la mythologie où Hercule se fait taper par Omphale avec sa quenouille. Quenouille qu’utilisaient les trois déesses grecques Clotho, Lachésis, Atropos. Elles présidaient à la destinée des hommes en filant, dévidant et coupant le fil de la vie.
NB La quenouille était si représentative de la féminité que le dicton perdre sa quenouille évoquait la perte de la virginité.
Collection de quenouilles pour la laine en creux et le lin en boule. Musée d'Aucun
Quenouilles à laine Détails de décoration
L' élément indispensable ou fusaïole pour filer la laine et le lin. Petit musée d'Aucun. À droite, quenouilles à laine
Quenouille à lin. Musée Salies Bagnères-de-Bigorre
46- La ruche
47- Les sabots
Le sabot classique se faisait en bois ; pour les fêtes un sabot plus léger avec dessus de cuir était utilisé. Son origine serait arabo-berbère. La pointe servait à débarasser la "semelle" de la boue.
Banc du sabotier. Petit musée d'Aucun
Sabot pour la ville, plus léger avec son dessus de cuir. Son origine serait arabe
Exemples de sabots, musée Salies de Bagnères-de-Bigorre. Photos J. Omnès
.
Extrait de l'ouvrage d'Henri Fédacou :
Herminette spéciale accrochée à un anneau : une huchÒlo.
Hache de sabotier, chez Nicolas Sorçabal à Saint-Pé- de- Bigorre. Le 2 heminette ou cabucholo et 3 ucholo pour dégrossir le bois. Fête du mouton Luz, septembre 2022. Photo J. Omnès
Atelier de savetier
48- Les sandales basques ou espadrilles
Mais pour contrer commercialement les sandales chinoises, il a fallu utiliser au mieux ce savoir-faire ancestral, réalisant des produits de qualité et de grande solidité en ajoutant des variations formelles en matières innovantes, en couleurs flashy et en imprimés audacieux. Avec Prodiso, les autres entreprises souletines Megam, Don Quichosse et Tauzin... ont réussi à faire de ce produit purement local, un complément de mode à l'échelle internationale, dont sont friands : Italiens, Japonais, Allemands etc...et les grandes maisons de mode : Yves Saint Laurent, Valentino, Marc Jacobs...
Les modèles classiques se déclinent maintenant sous toutes les couleurs et se portent beaucoup en bord de mer et pendant les vacances.
Espadrille Valentino
Espadrille traditionnelle
.
49- La saoumette
C’est avec cet instrument que les agriculteurs de montagne pouvaient porter jusqu’à 80 kg Les deux barres reposant sur les épaules.
Explications de Joël Adagas sur Les amis du Lavedan (Facebook) : Le " siaré " ou carré de toile permettait le transport du foin le plus souvent à dos d'âne. La " saoumette " était garnie de tas de foins préparés en "mats " et rangés sur les 2 barres contre la barre verticale servant de retenue à l'avant , le tas de "mats " était serré par la barre mortaisée et verrouillée . Un mat était, grosso modo, la 1/2 ration d'une vache pour la journée, l'hiver. Petit film sur la fenaison en montagne bigourdane
https://www.youtube.com/watch?v=QSC9g1xwQg4
Dessin de E. Sinturel
Sa cousine la "lyétère" est drap plus épais et plus grand que le siarrè, souvent blanc à raies bleues sur les bordures. La "lyétère" servait à porter sur la tête de plus grosses quantité de foins ou autres végétaux notamment quand on les rentrait dans les pentes.
Un siarrè. Musée Salies, Bagnères-de-Bigorre. Photo J. Omnès
51- Les sonnailles
Nom donné aux cloches accrochées au cou des brebis ou des vaches partant en estive. Il existe plusieurs variétés de sonnailles :
Les esquères (ou esquerres), longues cloches de tôle martelée sont d’un de forme parallélépipédique et légèrement rétrécies dans la partie supérieure. La boucle ou anneau est presque rectangulaire. Parfois, elles sont décorées de coeur ou de croix. Elles sont généralement accrochées au cou des génisses et des béliers, animaux dominants, seuls capables de mener les troupeaux. Leur sonorité grave rythme avec la transhumance.
Les autres animaux du troupeau, chèvres ou brebis sont équipés de clochettes plus réduites au son plat ou esquerets (diminutif d’esquère), ou de trucous, sonnaille en forme de poire renversée, au son sourd.
De plus en plus, on voit sur les marchés pour les brebis, des tringuerous, petite « sonnaille » en fonte à la forme d’une cloche et qui émettent un son argentin : tin, tin.
Eugène Cordier mentionne dans son ouvrage Etudes sur le dialecte du Lavedan aussi le truc, clochette plus grande que l'esquerre, et la tringolle qu'il dénomme grosse sonnette.
La sonnaille à l’exception du tringuerous est composée d’une feuille de tôle brassée au four, enrobée de cuivre et de laiton, ce qui la distingue de la cloche fondue en laiton au son plus métallique. Les sonnailles bigourdanes comme les béarnaises longues et étroites peuvent être décorées à coup de pointeau. Chaque sonnaille a sa tonalité due à sa taille, sa forme et à la nature de son battant (bois de sapin, os d'âne, dent de cheval…) afin que le berger puisse reconnaître ses bêtes et surveiller la marche du troupeau par temps de brouillard. Le battant doit dépasser de 3 à 4 cm.
La sonnaille est protégée de l’oxydation par le suint des poils de l’animal.
"Les grandes familles montraient avec fierté leur esquérada. L'esquérada (1) était la totalité des sonnailles de la maison tous animaux confondus.Toutes ces sonnailles étaient l' automne venu mises au grenier de la maison afin de les préserver. Ces sonnailles étaient enfilées dans des "balias" , ces derniers étaient des longueurs droites de noisetier. Ces balias étaient posés en hauteur et appuyés par bout sur les pannes de la charpente.Les sonnailles y étaient donc enfilées par le biais de leurs colliers en bois"canaoules", ces dernières étaient faites en frêne. Plus l'esquérada était importante, plus la maison était prospère." Texte de Soulas Cagost les amis du Lavedan FB mars 2018.
(1) Vient d'esquerre comme le nom de la génisse, esquirolle qui dirige le troupeau. Alors que le nom du chien qui dirige le troupeau eth tringoulet doit venir du tringuerou.
mi esquéret mi trucou
Tringuerous
L’un des derniers fabricants français de sonnailles se trouve à Nay : les établissements Daban en activité depuis 1795. www.daban.fr De nos jours, ils réalisent près de 18 000 sonnailles par an et exportent 15 % de leur production vers l'Espagne, l'Italie et la Grèce. Visite sur rendez-vous. On peut parfois acheter des sonnailles réformées sur les marchés.
Jadis au Musée pyrénéen de Lourdes était exposée la seule collection complète de sonnailles. Il n'en reste malheureusement que quelques exemplaires, accrochés à un mur. On peut imaginer que les autres se trouvent dans les réserves.
Une adresse : Musée pyrénéen du château de Lourdes. Jadis au Château fort était exposée la seule collection complète de sonnailles. Il n'en reste malheureusement que quelques exemplaires, ici, accrochés au mur. On peut imaginer que les autres se trouvent dans les réserves.
Fabrication d'une sonnaille : https://www.youtube.com/watch?v=o9AAhWHeSyU&feature=youtu.be
Bien que non bigourdan, cet objet très présent au musée pyrénéen de Lourdes, mérite une petite étude, ne serait-ce que pour comprendre son inexisitence, hors du territoire de son implantation. c'est surtout un instrument présent dans les plaines
Il s’agit d’un objet de bois tourné d’ornementation verticale, que l’on mettait sur les jougs de bœufs ou de chevaux. Il était emmanché au milieu du joug, sur sa tige centrale ou cheville. Travaillé et sculpté à la main, il était généralement en bois d’orme ou de frêne, de 30 cm à 1 mètre et peint de couleurs vives. Il est appelé dans le Sud-Ouest, sa zone de prédilection en France, bejouet (1) ou cluquet dans le Gers.
il permettait d'articuler la cheville centrale et d'assurer le confort des animaux, mais également, lors des jours de fêtes et des grandes occasions, à son propriétaire de montrer sa richesse par la beauté de son surjoug et la singularité des sons qu’il émettait. Aussi, les agriculteurs possédaient deux surjougs, un simple pour le travail des champs et un d’apparat.
Chaque surjoug abritait un certain nombre de clochettes. Celles-ci permettaient entre autres, de distinguer au loin l’attelage de chaque propriétaire.
Cet instrument ne semble pas avoir été utilisé en France ailleurs que dans le Midi toulousain : le Gers, la Haute -Garonne et l’Ariège, sur environ 100 km². Chaque région ayant sa particularité. Par exemple dans le Lauragais, les flèches (sommets) étaient plus hautes et les ouvertures pour les clochettes en ogive, alors que dans le Savès, la flèche était plus basse et les ouvertures pour les clochettes, rectangulaires. Le dernier fabricant qui s’est éteint sous le second Empire, se trouvait à l’Isle-Jourdain.
Historique
D’après Paillet (2) et Wikipedia, cet objet serait très ancien Il serait apparu pratiquement dès la naissance de l’agriculture. Le musée archéologique de Verdun abrite un bas-relief gallo- romain présentant cet objet sur un joug. En revanche les explications de son apparition en Gaule, développées par Maillet laissent perplexes certains érudits locaux. D’après Maillet, la présence de surjoug a été concentrée dans les régions celtiques occupées par les Volques Tectosages venus d’Europe centrale, les régions que nous avons évoquées. Cet instrument était lié à un rôle religieux, semble-t-il avec le culte d’ Epona la déesse de la fécondité, la tige était terminée par un gland, symbole phallique. Epona fut remplacée aux mêmes fonctions de la fécondité, lors de la christianisation, par Sainte Quitterie.
Toujours d’après cet auteur, comme de nombreux sites et usages ayant été christianisés vers le VIe siècle, il en fut de même avec le surjoug : le gland aurait été remplacé par une flamme, celle du Saint-Esprit ! La présence de deux évêchés dans le Volvestre et le Savès, sur ces terres païennes ne serait pas anodine.
Les surjougs ont disparu lors de l’apparition du tracteur, vers 1950. Objet rare de tradition populaire, il est très recherché par les collectionneurs.
Voir le musée campanaire de L’Ile- Jourdain et le Musée pyrénéen de Lourdes qui possèdent une belle collection.
Surjougs du Musée pyrénéen. Photos Jean Omnès
(1) diminutif de suberjouet
(2) Archéologie de l’agriculture en Bourbonnais
NB : je n’ai pas bien compris sa fonction de stabilisation du joug.
53- Le tranche-caillé
ou brassus à cinq branches.
Le tranche-caillé est un outil destiné à découper le caillé à même la cuve de caillage afin de favoriser son égouttage, pendant la deuxième étape de fabrication des fromages à pâte de type persillée, filée ou pressée, ainsi que de certains fromages à pâte molle.