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                         Cauterets fruitière 2    Arras faderne 001

                                                                                     LES FRUITIÈRES

Une fruitière est une fromagerie traditionnelle de montagne où est transformé du lait cru, apporté par des éleveurs individuels réunis en coopératives, afin de le transformer en fromage. La fruitière représentait un lieu de stockage du lait produit en quantité durant les mois d'été, sous forme de grosses meules de fromages à pâte pressée et cuite, qu’un éleveur seul ne pouvait produire. La transformation permettait la consommation des fromages durant les mois d'hiver. En Bigorre, l'idée d'une coopérative n'était pas évidente, chaque producteur étant habitué à travailler seul et à vendre ses produits au premier acheteur. Son nom fruitière, vient du fait que les paysans mettent en commun le fruit de leur travail, en l’occurrence le lait.

L’objectif était double : rationaliser la collecte du lait et la fabrication de fromage de grande taille et passer du silvo pastoralisme à l’agro pastoralisme, à la demande insistante des Eaux et forêts. Pour cela il fallait diminuer les prédations des bois en limitant les activités économiques diverses des forêts et favoriser la valorisation des estives.   Le droit forestier du 27 mai 1827 réduira les glanages des locaux, elle sera complétée par la loi du 18 juillet 1837 qui instituera les commissions syndicales.

Les échecs
Si nombreuses ont été les créations, beaucoup n’ont pu tenir que quelques années. Et ce, pour de plusieurs raisons. Tout d’abord, le caractère individualiste des habitants comme déjà cité, mais aussi moins connu la suppression de la vente directe du lait par les femmes, ce qui leur permettait d’avoir une certaine indépendance économique, alors que la fruitière payait directement au chef de famille homme. Les vaches était également utilisé pour le travail aux champs et donnait de ce fait, moins de lait. Ce lait était surtout utilisé pour l’alimentation des veaux et la confection de beurre. Les fromages locaux étaient surtout des fromages de petites tailles d’ovins, fabriques et vendus par des particuliers comme au val d’Azun. Ce qui restait de lait était jugé comme un appoint, plus qu’une matière première commercialisable. Par ailleurs, les bâtiments étaient souvent rudimentaires, cabanes de bois et le personnel pas assez formé.

                                                                 Marc Beuillot

                    Marc Beuillot de l'Académie des Hautes-Pyrénées, spécialiste des fruitières. Photo J. Omnès 25 10 2023

Liste des fruitières par année ; en gras bleue, celles de Haute-Bigorre

1823 LA FRUITIÈRE DE SEMEAC. Fermée en 1827

1850 LA FRUITIÈRE DU CANTO D'AUCUN, voir Estaing

1854 LA FERME ÉCOLE DE VIZENS

Au milieu du XIXe siècle, on a assisté à la forte hausse des produits alimentaires. Rationaliser l’agriculture devenait un impératif. C’est ainsi, que parallèlement à la création des fruitières, les gouvernements successifs pensèrent à réaliser des fermes-écoles pour former du personnel aux méthodes modernes de l’agriculture.

C’est ainsi, que la circulaire du 23 juillet 1847, instituant les fermes-écoles fut complétée par la loi du 3 octobre 1848 précisant les directives données aux futures écoles, en instituant un cycle de trois ans, l’établissement d’un examen d’entrée, le trousseau à composer par les parents, le certificat d‘instruction reçu à la fin de la scolarité et le aides financières de l’Etat. (1)
Le 3 avril 1849, sera créée la ferme-école des Hautes-Pyrénées, la première de France. Elle sera basée à Lourdes, au domaine de Vizens, propriété du député Pierre-Marie Dauzat-Dembarrère 1809-1878 (Paul Louis Dauzat-Dembarrère pour J-F Labourie (1) et Benoît-Pierre Dauzat, pour Marc Beillot (3). Héritier de son grand-oncle, le général comte Dembarrère, il s’était Installé à Lourdes, rue du Bourg. Il fut élu député des Hautes-Pyrénées de 1852 à 1863. Ce centre de 240 hectares (3) aura l’originalité d’englober un centre de remonte pour pouvoir répondre à la cavalerie des hussards de Tarbes. L’exploitation agricole, construite sur une ancienne métairie (Caubotte) comprenait elle-même 90 hectares avec de nombreux bâtiments dont une étable, une porcherie et une bergerie modernes, des forges, un bâtiment agricole au nom de Circonstance, des prés irrigués par un canal puisant.          Vizens plan

Curieusement dans les Maires de Lourdes, il est mentionné que le député Dauzat-Dembarrère a créé cette ferme-école en 1868 (4)

L’exploitation abritait une vingtaine de vaches, des porcs et plus de 500 brebis et formait une douzaine d’élèves/
Mais les résultats, malgré médailles d’or obtenues et les aides publiques d’Achille Fould, ami de Dembarrère et Ministre d’Etat de Napoléon III qui s’était aussi installé dans le secteur au bois de Mourle, la ferme-école ne put exercer longtemps son exploitation. Vu les importants travaux Dauzat-Dembarrère s’était ruiné. Elle ferma définitivement ses portes en 1878 (3).
Le propriétaire ruiné, le domaine fut vendu morcelé, certains bâtiments démolis. Il ne reste de nos jours que la belle bergerie octogonale sur les hauteurs, qui, avec le « château » deviendra propriété en 1899, d’Edouard Nelli, le constructeur des sanctuaires, puis des soeurs de l'Auxilium après plusieurs ordres religieux et de nombreuses modifications. Les forges Rouach sont devenues une zone de camping (Arouach). Une route sépare maintenant en deux, la propriété.

Jean-Pierre Thomas de Saint-Pé est l’auteur d’une monographie intitulée « Une oligarchie provinciale, le clan Barère- Dembarrère (1752-1852). »

                                      Vizens2 001.jpg coté nord

   Le "chateau" façade Nord. Lithographie d'Abadie de Sarrancolin. On reconnait difficilement la façade actuelle et même le terain qui est en pente forte avec un mur de soutainemente Volonté de l'artiste ?

                            Vizens PA260160

(1) Mémoires du pays de Lourdes la Lac, pages 95-97
(2) Gustave Heuzé dans la France agricole
(3) Revue Centenaire du Lycée agricole de Vic en Bigorre, page 10. Et plaquette de J-P Thomas
(4) Les Maires de Lourdes, éditions Atlantica, page 301.

 Vizens bergeri

,                                                                        Vizens

                                                                                   La bergerie modèle. PhotoJ. Omnès

                                  Arrouach

                                                            Arouach, l'anciene forge. Photo J. Omnès 2023.

1866 LA FRUITIÈRE DE LUGAGNAN, elle est évoqué par  Auguste Calvet dans une correspondance avec les Eaux et Forêts. Information Marc Beuillot. Elle n'a fonctionné qu'un an. Nous ne connaissons pas son emplacement

1868 LA FRUITIÈRE D'ANCIZANS. Fermée en 1870

1868 LA FRUITIÈRE D'AULON, proche d'Ancizans. Elle ferme aussi en 1870

1871 LA FRUITIÈRE DE JUNCALAS. Installée dans l'ancienne faderne, devenue mairie

                                       Juncalas mairie

 

1872 LA FRUITIÈRE DE GAZOST. En liaison avec celle de Juncalas, elle a fermé ses portes en 1875

1873 LA FRUITIÈRE DE CAUTERETS

La création d'une fruitière dès 1873, sur l'exemple de ce qui se faisait dans le Jura, est due à l'initiative de l'inspecteur des Forêts, monsieur Calvet. Il fut aidé dans sa démarche par son administration et les conseils généraux des départements pyrénéens. Mais une reconversion d'élevage devait se faire dans la foulée en substituant l'élevage des moutons "dégradeurs de pâturage"  par du gros bétail. Ce qui d'après Jean Bourdette (1) avait pour but également de retarder "la ruine des terrasses supérieures d'estive." C'est ainsi que fut créé l'association Fruitière de Caoutarés (Cauterets) avec l'édification à 1374 m d'altitude, d'un "chalet-abri"et l'accord du Syndicat de Ribère de Saint-Savin (Ribera de Sén-Sabi). Elle arrêta son activité en 1882. C'est devenu après sa transformation en hôtellerie, un lieu de randonnée avec une auberge et un refuge l'hiver (accès pédestres) grâce à un programme de travaux dont elle a bénéficié en 2022

Auguste Calvet Auguste Calvet, initiateur des fruitières

1) Annales des sept vallées du Labeda tome 4 page  452, ; édition Lacour, 2001

                         

             Fruitière Cauterets

                                              La fruitière à l'origine. Carte postale

                             Cauterets fruitière 2

                                                      La fruitière de nos jours. Photos J. Omnès

fruitière intérieur   Fruitière 2

Transformée depuis en restaurant                                        Les estives environantes


1873 LA FRUITIÈRE DE GER

Si tout le monde connait la fruitière de Cauterets, celle de Ger est bien plus discrète, face à l’ancien café-plantier du village. 
 

Historique de la fruitière
La maison Borde-Bertranou a été édifiée en 1873 (plan de Salette). Elle a été transformée en fruitière en 1936, par Jacques Noguez après l’achat du bâtiment aux frères Maysonnave de Lourdes. La présence d’une source dans la cave a été déterminante, de même que la grandeur de celui-ci. Une rigole a été aménagée afin de créer un grand leytè, et des soupiraux réalisés pour obtenir une bonne ventilation pour la conservation du lait. À l’étage, ont été creusé une série de meurtrières, toujours visibles, sur le mur pignon, pour l’aération de l’affinage. Après la seconde guerre l’établissement a été retransformé en maison d’habitation avec l’obturation des soupiraux en façade et le détournement de la source. Elle a été rénovée depuis peu avec la mise en valeur de la pierre apparente. 
Un grand merci à la famille Sassus pour ces informations. Voir aussi le blog de Bertrand Sassus « Ger mon village »

  Ger
                    Ger 2       la fruitière a nouste22

Son fonctionnement
« Les commencements ont été bien difficiles ; mais M. Calvet, en consacrant à son œuvre, son intelligence, son temps, sa santé, et même en ajoutant sa fortune aux subventions qui lui étaient fournies, a sur plusieurs points vaincu l'esprit de méfiance et de routine de bien des paysans. Depuis 1860, 12 fruiteries ont été fondées, plusieurs se maintiennent avec plus ou moins de difficultés, mais deux sont prospères :
Celle de Ger (vallée d'Argelès) et celle de Bielle (vallée d'Ossau).

À Ger, le rayon d'approvisionnement de la fruitière, nous dit le rapport de M. du Peyrat, de la fruiterie, s'étend sur trois petites communes : Ger, Geu et Lugagnan.
Le chalet est établi pour fonctionner toute l'année, sans chômage, et son apport quotidien de lait est d'environ 200 litres en moyenne, ce qui est encore trop peu. La moitié du lait est écrémée et sert ensuite, avec égale quantité de lait non écrémé, à la fabrication du gruyère et d'un type particulier de fromage, auquel on a donné le nom de fromage des fruiteries des Pyrénées.
Ce dernier fromage est intermédiaire, pour le goût, la forme et l'aspect, entre le gruyère, le hollande et le septmoncel, et rappelle vaguement le goût du fromage local fabriqué avec le lait de rebis.
Le beurre fabriqué à Ger trouve un débouché illimité vers Pau, au prix de 3 fr. 50 le kilogramme livré en gare de Lugagnan, c'est-à-dire sur place.
Les fromages sont en grande partie écoulés dans la vallée, à Lourdes et à Tarbes, et se vendent aux prix suivants, par kilogramme : fromage des Pyrénées gras, 2 francs; le même mi-écrémé, 1 fr. 80; gruyère, 1 fr. 70.
Un lot de gruyère est vendu, tous les ans, pour l'exportation, à des négociants de Bordeaux et de Paris. »
Source : Académie d'Agriculture de France

1876 LA FRUITIERE D'ARGELES. Dans le quartier du Bergons

1876 LA FRUITIERE DE PAYOLE

1877 LA FRUITIERE DE GAVARNIE. Elle n'a jamais fonctioné

1878 LA FRUITIERE DE SAZOS, fruitière privée ayant appartenue à Bernard Dufour. Elle arrêta son activité en ?

1879 LAFRUITIERE DE SELECHAN

1880 LA FRUITIERE DE MAULEON-BAROUSSE

1894 LA FRUITIÈRE DE BARÈGES-ESQUIEZE

l’abbé Izac, jeune vicaire s’était rendu compte que ses administrés dans la vallée de Barèges avaient une certaine difficulté à vendre leurs fromages. Il eut l’idée de réaliser un syndicat de producteurs de lait destiné à fabriquer beurre et fromage en grande quantité, en diminuant le maximum de frais. Jean Bourdette (1)  nous dévoile que la tâche à « renoncer aux antiques usages fut rude » Il parvint à réaliser son rêve. Le « Sindicat » a été fondé en 1894 et la première fruitière installée à Esquièze (Esquiésa) en 1895, avec pour directeur  un ancien élève de la Fruitière-école de Marignac (31). La fabrication était en moyenne de 120 kg de fromage  et 600 kg de beurre par mois, aux environs de 1899. 
Annales des sept vallées du Labeda tome 4 page  476, édition Lacour, 2001

1913 LA FRUITIERE ECOLE DE LANNNEMEZAN

1964 LA FRUITIÈRE D'ESTAING.  Elle n'a durée que deux ans. Elle était installée dans la mairie actuelle. La hauteur dela rambarde servait aux chargements.

                                   Estaing

                                                                                   Mairie d'Estaing en 2023

Estaing fromages Production locale. Photo Marc Beillot

1964 ? LA FRUITIÈRE D'ESTAING.

Elle n'a duré que deux ans. Elle était installée dans la mairie actuelle. La hauteur de la rambarde servait aux chargements.
Inauguré avant juin 1965, le ?, sous la municipalité Jouaniquou, cette coopérative fruitière avait tous les atouts pour une réussite pérenne (1°. Impactant toutes les communes du canton d’Aucun, 40 coopérateurs livraient 500 litres de lait (par ?) produisant du fromage et du beurre, 30 kg de beurre par semaine. Les fromages eux étaient mis en cave durant deux mois et retournés tous les deux ou trois jours.
D’après un article de la Nouvelle République 600 fromages avaient été fabriqués depuis le 11 novembre (1964 ?), mais nous n’avons pas la date de l’article signé JL et il y a pas d’archive de ce périodique pour cette époque.
Lors de l’inauguration, le sous-préfet avait déclaré « l’évolution condamne l’individualisme et impose la solidarité. »
Nous ignorons les raisons de sa fermeture.

(1) En juin 1965, René Fourcade devenait maire


     


 
                                                                                   LES FADERNES (Hadernas)

Les fadernes ou haderna étaient très présentes dans notre région dès le Moyen-âge. Elles  étaient représentées par une communauté d'ecclésiastiques : curés, vicaires, prêtres, chapelains. Ils se réunissaient régulièrement dans une vaste maison au nom d'"Oustaou dera Haderna". Leur syndic était élu tous les ans. D’après Gustave Bascle de Lagrèze, le nom viendrait de la langue d’oïl : father, fader, père ? (1)

Il s'agissait lors de ces réunions de se partager les montants des messes pour les défunts messe unique ou obits (messe à perpétuité). Les fadernes étaient aussi aptes à recevoir dons et legs de la part des fidèles.  Jean Bourdette dans ses Annales du Labeda les évoque, l'une d'elles existait en 1280 (Sères-en-Barèges)  et Jacques  Poumarède en a fait le sujet d'une étude en 1978 :" A l'origine des paroisses de montagne dans le diocèse de Tarbes" (2).

Bascle de Lagrèze a mentionné  dans son histoire du droit dans les Pyrénées-Comté de Bigorre  (1) les statuts de la faderne de Juncalas, souvent citée et a énuméré les différents bénéficiaires qui se réunissaient dans cette maison. Le texte est en bigourdan.  Il s’agissait des recteurs et mossens (1 bis) de   Gazost, Cotdoussan, Geu, Lias, Berberust, Osté, Ordon, Juncalas, Cheust, Ordiis, Gazost, Sazost, Antalos, Ordon, Puchac (?) et Justous.

Jean-Charles Rivière  lui nous rappelle le rôle économique de ces assemblées qui distribuaient sous forme de prêts notariés, l'argent reçu. Il précise qu'au premier trimestre 1708, en Barèges, les actes notariés du notaire royal avaient enregistré que sur les 53 actes passés, 18, concernaient des prêts, dont 6 par l'intermédiaire des fadernes (3).

Bien que représentantes de la solidarité et du partage chrétien dès l'implantation du christianisme en hautes vallées pyrénéennes, ces fadernes ont rarement intéressé les instance épiscoplales. Les archives des diocèses sont inexistantes sur ce sujet. Peut- être à cause de leur puissante autonomie

(1) Histoire du droit dans les Pyrénées. E-book, pages 384-385.
(1bis) nom fréquent en Espagne surtout en Catalogne que l’on pourrait traduire par père, traduction non garantie.
(2) Les fadernes du Lavedan : associations de prêtres et sociétés de crédit dans le Diocèse de Tarbes (XVe -XVIIIe siècles), dans « Mélanges » de Jean Dauvillier, Toulouse, 1979, pp. 677-694. Après la présentation de cette institution originale, l’auteur insiste sur la vie associative particulièrement intense et égalitaire dont témoigne cette institution. A partir de la faderne de Juncalas, il lui a été possible de dresser un état des sommes en jeu pour la période 1654-1783 et d’estimer les taux pratiqués, et les dispositions prises.
(3) Bulletin SESV 1977, page 123

Lire également Les fadernes du Lavedan par Jacques Poumarède. Une partie de l'ouvrage  se trouve dans Mémoires de Lourdes, bulletin municipal.

                                                                              En Haute-Bigorre

Du Moyen Age au XVIIe siècle il a été dénombré 18 fadernes ;  14 pour le Lavedan et 4 pour les Angles. Ce sont généralement des maisons imposantes, dont certaines ont résisté au temps. Nous avons relevé quelques-unes d'entre elles. Par ordre  alphabétiques des villages nous avons :

Angles (Les) 
Sur les hauteurs du village. 
Cette maison propriété d'un parent a été jadis la chapelle du château, puis détruite en partie pendant les guerres de Religion, elle a été transformée en faderne, puis en presbytère (d'après la tradition orale). Une porte en pierre de taille au linteau en arc en accolade se trouve toujours à l'intérieur. Sur le porche est gravé un agneau pascal avec son étendard. En 1860, la bâtisse a servi d'école et de local à archives. Le jardin abrite une croix de fonte sur socle de pierre (emplacement d'un ancien cimetière ?). L'instituteur était logé dans l'aile sud. Le curé de Neuilh (Nulh) (1)était membre, entre autres, de cette faderne vers 1342, 

(1) Les Annales du Labeda  de Jean Bourdette, éditions Lacour, page 434.

Faderne

Les Angles

les Angles 2

 

                                                        Les Angles 3


Arras-en-Lavedan

En 1972, des travaux ont modifié le toit en enlevant les lucarnes et supprimé les ailes de la batisse, dont le côté gauche qui abritait la porcherie et le poulailler. Cette haderna possèdait une autre batisse au XVIe siècle avec jardin et verger pour servir d'abris à des enfants pauvres et nécessiteux. Elle avait pour nom haderrneta. (1)

(1) Jean Bourdette Les Annales du Labeda, Lacour, page 455 (achat avril 1586).


Arras faderne 001                                                                        L'ancienne faderne (haderna) près de l'église

           Arras faderne

                           Physionomie actuelle 2020, les ailes ont été arasées


Aucun

Faderne mentionnée en 1100 dans le cartulaire de Bigorre. N'a jamais existé d'après J.-M. Prat d'Aucun.


Batsurguère  (Bat Surguèra)

Nous ignorons où se trouve cette faderne ou hadernà à qui étaient adressées les rentes obituelles (1) de la vallée. Elle correspondait aux cures de Ségus, Aspin (Aspi), Omex (Aoutméts) Ossen (Ossén) et Viger (Biyér).
Mentionné dans Les annales du Labéda de Jean Bourdette, éditions Lacour, 2001, tome 2, page 340, elle serait apparue en 1516. Et aurait fonctionnée jusqu’en 1705, voire 1782. On peut suivre son évolution dans les archives départementales des H-P ; G 1150 à 1154. Nous savons par ces mêmes archives qu’en 1782, c’est le curé de Viger (Biyér) de Puyo qui récoltait les rentes obituelles et foncières, des autres curés de la vallée.
La faderne était-elle à Viger ? ou à Omex. Si elle est à Omex cela pourrait être la maison en face de l’église, toujours fermée, et qui abrite un linteau gravé d’un ostensoir encadré de branches d’acacia et de deux marguerites, une date  :1707, sous un 1833 dont le 1 est invisible. À suivre...

                                    Omex 7 1

(1) Honoraires payés aux prêtres pour la célébration d'un service funèbre.


Beaucens

Sa faderne abritait trois paroisses qui se partageaient 30 rentes obituelles, avec en moyenne 100 livres par affilié.


Gez Argeles

                                          Gez Galan

                                           C'est  derrière l'arbre que se trouvait la faderne. Photo J. Omnès

Le musée d’Aucun dans la section lapidaire abrite, en plus de meules de moulins, quel ques pièces : linteau, morceaux de fenêtre trilobées, départ d’escalier qui appartenaient à une maison noble ui se trouvait +sous la vassalité de l’abbaye de Saint –Savin et qui servait de faderne ou haderna à Gez-Argelès. Appelée maison Galan, elle est mentionnée dans l’ouvrage de Ritter et Balencie de Lourdes à Gavarnie, page 86

Pour ce qui est du linteau il est indiqué, semble-t-il, une date : 1552, transformée en IHS, Jésus sauveur des hommes, les deux informations se chevauchent à la pointe de l’accolade. Sur la partie droite, le seau royal de la fleur de lis, consécutif à la lettre patente d’octobre 1341 de Philipe VI donnant aux moines de Saint-Savin le privilège d’arborer le panonceau royal sur toutes ses propriétés et dépendances. (1) Nous avons le même panonceau sur le linteau de la fenêtre géminées de l’ancienne faderne de Sassis.

Nous avons retrouvé l’emplacement de cette faderne de Gez qui a complètement disparue, remplacée par une maison moderne. Elle se situait au centre du village, derrière l’extrémité d’un mur. Il ne reste plus aucune trace. Le petit -fils de l'ancienne propriétaire Galan, habite en face, de l'autre côté de la rue. Et un parent à l’extérieur, vers le bas du village, possède la base d’une colonne, de la porte ?

                                       Gez maison 002

Gez maison 1    Gez Galan frise

                                                                    Fenêtre trilobée et sa base

                                             Gez vestiges Aucun 1

                               Linteau au musée d'Aucun 1552 et ihs plus le seau royal marquant l'appartance à St Savin

Gez socle

Socle de colonne décoré d'animaux ; sur le dessus, pas visisble,  un creux circulaire pour recevoir une colonne (de la porte ?) Photo J. Omnès

                                       Sassis fronton 001

                  Pour comparaison linteau de la faderne de Sassis avec AM, IHS et le seau royal. Photo J.-M. Prat d'Aucun

PS : cette faderne n'est pas mentionnée dans les Annales du Labéda de Jean Bourdette

 (1) Les annales du Labéda tome 2, page 68, édition Lacour, 2001.

      


Juncalas

Sa faderne  correspondait à 10 paroisses, et abritait 23 membres en 1679 : curés, vicaires et desservants qui se partageaient 30 rentes obituelles entre 1540 et 1600. Ce qui représentait au XVIIe siècle, en moyenne 25 livres par affilié.
Bascle de Lagrèze a mentionné  dans son histoire du droit dans les Pyrénées-Comté de Bigorre les statuts de la faderne de Juncalas, souvent citée et a énuméré les différents bénéficiaires qui se réunissaient dans cette maison. Le texte est en bigourdan.  Il s’agissait des recteurs et mossens (1) de Gers,  Gazost, Cotdoussan, Geu, Lias, Berberust, Osté, Ordon, Juncalas, Cheust, Ordiis, Gazost, Sazost, Antalos, Ordon, Puchac ( ?) et Justous.
Un nouveau règlement fut élaboré le 3 août 1577, plus proche de l'air du temps : influence huguenote.

ll nous a été impossible de retrouver qu'elle était la maison en question, même après avoir interrogé les personnes les plus âgés du village. Nous pensons que cela pourrait être la mairie actuelle (ex- école) , qui seule possède sur son linteau un symbole christique : IHS. Jusqu'à preuve du contraire. Nous savons pa Jean Bourdette que le bâtiment fut vendu avec ses dépendances, comme bien national, le 5 octobre 1795, à Messieurs Poumarous et Baron du village. (2)

(1) Les Annales du Labeda de Jean Bourdette, édition Lacour, tome 2, page 431 
(2) Les Annales du Labeda de Jean Bourdette, édition Lacour, tome 4, page 229



Juncalas mairie
                                  Juncalas mairie 2  IHS 1724.


Lau (Balagnas)

 Le long du chemin du Salhet il y avait une maison ancienne à toit de chaume (il n’y a plus de chaume sur la photo) et à pignon à redents. Elle a été rasée par son propriétaire vers l’an 2010. C' était l’une des plus anciennes maisons de Haute-Bigorre, probablement des XVe-XVIe siècle. D’après son linteau richement décoré, il est évident que le propriétaire n’était pas un paysan lambda.
En l’analysant, on pencherait pour la maison d’un curé, soit de l’église paroissiale soit de la chapelle de Sainte Castère du château d’Abilhac (rasé lui aussi il y a peu) qui est juste en face, sur la colline. Il se peut aussi que ce soit une faderne, bien qu'elle ne soit pas mentionée dans les Annales du Lébéda de Jean Bourdette.
En effet, sous la forme d’un nœud de Salomon, nous avons le monogramme IHS (Iesus Hominum Salvator). Le signe en forme de mini croix, au-dessus du I serait le point de la lettre. Ce cachet rappelle celui qui se trouve encastré dans le mur extérieur de l’église d’Arrens.
L’interprétation du second sceau est un peu plus délicate. D’après l’ancien charpentier d’Aucun il représenterait l’arbre de vie encadré par deux chèvres stylisées. Thème récurrent en Haute-Bigorre qui a trait aux psaumes 42 et 43 évoquant une biche qui a soif de Dieu. L’arbre de vie représentant l’eau de la source divine. « Comme la biche vient s’abreuvoir à la fraicheur de la source, je m’avance vers toi seigneur, car j’ai soif de toi ». Une explication plus rationnelle veut qu'il représente les lettres A M d'Ave Maria, interprétation plus classique partagée par Arnaud Lalanne. Contactés les propriétaires actuels ont conservés l'encadement au complet, mais ne veule pas vendre. Pour information, il y avait un prêtre dans la famille.

Lau Balagnas 1

                                                Lau Balagnas 2

 

                                               Lau Balagnas 3 1

                                                                  Il ne reste plus rien

               Lau 1 Lau_2.jpg

                                              IHS Jésus sauveur des hommes

Lau monogramme 7 001

D'après J-M Prat deux chèvres sur l'arbre de vie ou AM Ave Maria


Luz 

Faderne de tot Baretge


Marsous

Nous avons une trace de son existence par un procès en 1660, du curé Lacassabe contre la hadèrna de Marsous devant la Cour Présidiable de Tarbe(s). (1)
Grâce aux information de J.-M. Prat d'Aucun, nous l'avons retrouvé au 7, rue Marque de Dessus. Rien ne laisse penser que c'était une faderne ; son linteau n'a aucune inscription religieuse. Seul, le nom Haderna, mentioné sur la façade nous prouve que nous sommes devant la fadene de Marsous. D'après J.-M Prat, la maison derrière le lavoir aurait, sur le pignon arrière, une pierre en réemploi fleurdelisée qui viendrait de la faderne. Elle est actuellement invisible,  car cachée par le crépi.

     MarsousMarsous 3 3

 

Marsous 3 2

(1) Jean Bourdette, les Annales du Labeda, édition Lacour tome 3, page 265


Préchac

La faderne se trouve sur les hauteurs d'Ayret. Nombre de locaux la situe dans la grange-ferme du château, il semble qu'elle se trouvait plus en hauteur, au 59 cami d'Areyt, dans la propriété de Thiery Trémouille dont le nom est Haderna.

Prechac faderne 2    prechac faderne

Site de la Haderna au 59 cami d'Areyt un peu plus haut du château, avec maison, poulailler et ruines

Préchac grange 4

                 À la grange-ferme  ?



Saint -Pastous
Cette faderne est mentionnée dans des textes de 1412. Elle recevait les obits des habitants du village et de ceux de Boô, Silhen, Asmets, Couret, plus Sainte- Marie, Bayes et Saint-Germès (hameaux). Les rentes venaient aussi des habitants de Cabanac (hameau de Boô) (1)

(1) Les Annales de Jean Bourdette, édition Lacour, page175.


Saligos 

Cette faderne abritait les prêtres des paroisses de Saligos, Chèza (Chèze) et Biscos (Vizos).

Nous avons une trace de son existence par un procès en 1648, devant le Sénéchal., contre Marie de La Crampa, au sujet de dîmes, Et un second procès en 1662, devant le Sénéchal, du curé de Biscos (Vizos) contre la Hadèrna.   (1)

(1) Jean Bourdette les Annales du Labeda édition Lacour, tome 3, page 215


Salles
En face l'église, est située la farderne médiévale qui se trouvait dans l'enclos du château. Il parait que tranformée au XIXe siècle (1819), elle servait encore recemment à l'accueil de prêtres. La maison restaurée depuis,  a été vendue à une personne de Bordeaux. Le claveau représente 4 coeurs en forme de croix ; symbole que nous retrouvons sur la porte de la maison d'en face qui jouxte l'église et qui aurait été l'ancien presbytère.
Cette faderne très ancienne dont le premier document connu date de 1364,  abritait dix communautés de religieux de l'Extrême de Salles (Salas) (1). Le presbytere lui, se trouvait à l'emplacement du restaurant

(1)Les Annales du Labeda de Jean Bourdette, éditions Lacour, page 91.

Salles fadene 2 2

      Salles fadene 2 1  Salles faderne 4

PS : les archives départementales abritent nombre  de documents sur les fadernes de la région et les inventaires des obits : G1124 à G1174


 Sassis

Linteau de la faderne de Sassis qui a disparue vers 1787. Deux hypothèses soit détruite par l'homme, soit emportée en 1787 par le raz- de- marée déferlant du lac d'Héas. Ce très beau linteau avec les classique IHS et Ave Maria a lui aussi la fleur de lis marquant la vassalité de la faderne avec l'abbaye de Saint-Savin. L'année 1506 n'est pas évidente à lire, chaque chiffre est suivi de : . Il sert maintenant de décor à une fontaine

                                            Sassis fronton 001

            Linteau  de fenêtre trilobée avec IHS, AM et le seau royal des dépendances de Saint-Savin. Photo J.-M. Prat

Sazos 

Nous avons une trace de son existence par un procès en 1660, du curé de Biscos et Chèza ( Viscos et Chèze) contre la hadèrna de Sazos devant la Cour Présidiable de Tarbe(s). (1)

Nous savons d'après un rapport épiscopal, que cette faderne existait en 1781 et quelle réunissait les curés de Sazos (J-P Destrade) de Sassis ( Jean Vergez), de Grust ( Bernard Poueymidan) et  les prêtres originaires du bic (équivalent au canton).
D'après ledit rapport elle était "très délabrée."
Elle a été vendue avec son jardin à Cazavielle (Casavielle) de Luz, le 6 octobre 1795, chez Maître Jacques Faure de Nestalas.
Ce serait la maison dite des ecclésiatiques qui abrite un bénitier daté de 1701

                                        Sazos faderne

La tradition voudrait que ce soit cette maison aux encadrements de porte du XVIIe siècle abritant à l'intérieur un bénitier daté de 1701. Elle est située, rue de la Herrade.

sazos bénitier 001 Le bénitier 1701. Photo C. Dupire de Sazos

(1) Jean Bourdette les Annales du Labeda, édition Lacour, tome 3, page 265


Viella 

Sa faderne ne représentait que cette paroisse


Viey  joint à Saint-Martin (détruit en 1600)

Sa faderne ne représentait que cette paroisse


Lire : 
Jacques Poumarède : Les faderne du Lavedan. Université des Sciences sociales de Toulouse, 2018