Mais les montagnes et les différents ports du Lavedan ont surtout servi de liens entre les communautés, de lieux d’échanges commerciaux et d’unions entre des familles. Tout ceci grâce à des conventions intercommunautaires appelées Lies et Passeries ou Alliances et Paix. Ces traités permettaient aux frontaliers d'échanger librement en dehors de tous les accords et textes royaux. Ce qui leur donnait une certaine indépendance. Pour comprendre la présence ancienne espagnole sur les terres bigourdane et parfois les confusions qui pouvaient en découler, il faut savoir qu'au début du XIe siècle, les hautes vallées étaient sous la coupe du comte de Bigorre qui lui était vassal du roi d'Aragon.
Entre Azun et Téna : 1390, 1544, 1719, 2000
Plutôt que de vivre en perpétuel conflit, la sagesse poussa les communautés locales à trouver des moyens de vivre en paix, en dehors des conflits nationaux. Chez nous, comme dans toutes les Pyrénées, il y a eu ce qu’on appelle des Pactes de Concorde, ou Lies et Passeries
Ils prévoient le règlement des conflits pour le commerce, la libre circulation, les conflits pastoraux entre bergers, pour les vols de bétail, etc...la justice, (vols meurtres, etc. ).
En 1390, 1544 (1) et 1719 ont été signés des Pactes de Paix à la Peyre Saint-Martin. Ils ont été renouvelés en 2000. Le petit film daté de cette époque, envoyé par Patrick Ferrant que nous remercions, est instructif à plus d’un titre : en dehors des rappels historiques, tant en français qu’en castillan, il nous permet de voir différentes danses locales avec les baladins et leurs belles bretelles ainsi qu’aragonaises. Vers la fin du film, nous avons droit à un tour de chant des chanteurs montagnards de Lourdes. Nous pouvons également voir de nombreux amis ainsi que le regretté auteur Robert Arnaut (Les corneilles blanches et A l’ombre de Dieu). Voir aussi les dossiers de J-L Massoure, dans les revues Pyrénées 276 (Novembre 2018) et 282 (avril-juin 2020). Voir plus bas, la commémoration du pacte intitulé La Marcha
(1) Le 5 mai, d'après Jean Bourdette, dans ses Annales du Labéda : Carta dé pats
Entre les vallées de Barège (s) et de Broto : 1319, 1390, 1572, 1575, 1712, 1744.
En 1390, Jean de Béarn, sénéchal de Bigorre, châtelain de Lourdes céda au Brotois, de l’autre côté de la frontière, par un traité la jouissance pour cent un ans les estives d’Ossou (Aussoue), près de Gavarnie, la nue-propriété restant au seigneur. Ce traité modifiait les accords de 1319 passés par les locaux entre eux, de sorte qu’à partir de cette date les pasteurs de Broto profitèrent pleinement des pâturages d’Ossoue. Cela entraîna de nombreuses rixes entre les montagnards et nécessita la signature de nombreuses lies et passeries. Ces traités ne ramenèrent pas cependant la paix tant les litiges étaient multiples, surtout les étés avec des vols de bétail, des emprisonnements et des amendes mal acceptées. Une sentence arbitrale en 1575 attribua définitivement la montagne aux Brotois alors qu’une sentence antérieure (1572) l’avait attribué aux Barégeois. Des expéditions punitives se multiplièrent au XVIIIe siècle. Un nouveau traité en 1712 devint vite caduque à cause des litiges occasionnés par la présence de miquelets, pilleurs et incendiaires qui, d’après les Barégeois, étaient dirigés par les gens de Bielsa. Un nouvel accord fut décidé et signé à Luz en 1744. Avec échanges de dédommagements et organisation de l’occupation aux enchères avec partage des produits entre le deux vallées.
En ? La valléee d’Ossoue devint définitivement française mais avec un droit de pacage pour les Brotois et de passage par le col de la Bernatoire.
Annuellement les syndics de la Commission Syndicale de la Vallée du Barège (s) et les homologues de la Mancomunidad del Vallé de Broto organisent au moins deux rencontres.
La Première fin mai ou début juin, une fois en Espagne, une fois en France, ou sont évoqués les programmes courants et la transhumance.
La seconde généralement fin juillet lors du passage des 1 000 bovins espagnols au col de la Bernatoire. Voir le lien de Pyrénées parc national
Un casse-croûte a lieu à Milhas, avec quelques chants traditionnels de montagne etc...
Entre Barèges et Bielsa (en préparation)
Entre Panticosa et la Ribère (1) de Saint-Savin (Marcadau) : 1314... 2015
Deux communautés du Lavedan et de l’Aragon sont liées par la gestion des pâturages du Marcadau. Ils se trouvent en indivision entre le Quiñon (canton) de Panticosa et les communes de la Commission Syndicale de la vallée de Saint-Savin (CSVSS). Certe dernière a remplacé les moines de l'abbaye de Saint-Savin
Tous les 4 ans, une vente aux enchères à la bougie, est organisée avec l'aide d'un notaire, en mairie d’Argelès Gazost, afin de désigner la personne qui assurera la gestion de ces estives qui recevront du bétail espagnol, durant ces 4 années.
Les partenaires espagnols du Quiñon de Panticosa accueillis par les élus de la Commission Syndicale participent à cette manifestation. Le dernier adjudicataire en mai 2015, a été Jean Nonon de Saint-Savin. Il devra verser tous les ans durant quatre ans, la somme symbolique de 270 €. Cela lui donnera le droit de faire paitre son bétail et de louer les estives concernées à qui bon lui semble. La somme versée du "bail à ferme" est partagée entre les deux intervenants franco-espagnol.
Le week-end placé sous le signe de la convivialité a réuni en 2015 une cinquantaine de marcheurs issus des deux communautés.
Tous se sont retrouvés, à l’initiative du Président de la CSVSS, et des trois maires des communes du Quiñon (Hoz de Jaca, Panticosa et Pueyo) au Port du Marcadau - col symbolique des échanges franco-espagnols pour un déjeuner au refuge Wallon.
La journée s’est terminée autour d’un dîner traditionnel à La Raillère avec chants partagés autour d’un verre de “Vino Forte con melocotones”
Voir aussi l’article de Jean Guyot dans La Dépêche du Midi du 26/05/2015, ainsi que le dossier très détaillé réalisé par Marie- Paule Mengelle SESV de 2005, pages 39 à 58. Lien, petit film de Patrick Ferrant en attente.
(1) versant cultivé d'une vallée.