Ci-dessous, la plaque de la salle d'honneur du Pyrénéisme du château fort de Lourdes, où malheureusement il est traité à minima. Dans cette salle, on ne peut que constater l'absence de toute photo et de tout instrument (jumelles, piolet, crampons). Les noms de ceux qui ont fait l’histoire de cette saga ne sont pas non plus mentionnés, exception faite des officiers géodésiens. Tous les dons des pionniers et des guides de montagne ont disparu dans les archives et les réserves. Voir à la fin du dossier, la bibliothèque du musée pyrénéen.
Photo J. Omnès
Gavarnie a installé dans les bureaux de la mairie -maison du parc, un petit musée sur le Pyrénéisme
Le Pyrénéisme est une conception bien spécifique de l'approche de la montagne qui n’a rien à voir avec l’alpinisme ou les ascensions de hauts sommets. Il ne s’agit nullement de vaincre des hauteurs pour le seul plaisir de la compétition, mais d’aborder la montagne dans son environnement global, dans un but purement culturel ou scientifique. C’est une démarche qui s’adresse plus à des amoureux de l'altitude qu’à des « professionnels du vide ». Une ascension des Pyrénées ne peut se concevoir sans un objectif botanique, scientifique, géologique, cartographique… L’observation est la qualité du grimpeur.
Cette démarche a été mise à l’honneur au tout début de l’époque romantique. La référence de base est l’ouvrage de l’historien Henri Beraldi : Cent ans aux Pyrénées, où la définition du terme est ainsi résumée : « le Pyrénéisme c’est savoir à la fois ascensionner, écrire et sentir ». L’innovateur sera Ramond de Carbonnières avec son ouvrage : Observations faites dans les Pyrénées et son ascension du Mont Perdu en 1802.
Musée de Gavarnie
Les officiers géodésiens. Dès 1825, afin d’établir la carte d’état-major des Pyrénées, deux officiers géodésiens furent envoyés au Balaïtous dans le Val d’Azun. Le mont fut gravi par messieurs Peytier et Hossard le 3 août 1825 ; ils furent les pionniers discrets de ce qui allait s’appeler plus tard le Pyrénéisme. De nombreux amoureux de la montagne les suivirent par la suite, avant le déferlement des touristes du XXe siècle.
Hossard par Charles Jouas Signal de Troumouse, dessin de Hossard, musée Pyrénéen
Un petit monument géodésien, genre tourelle de signalisation, commémore le centenaire de cette ascension. Il se trouve au-dessus d’Argelès, sur la D918, vers Arras sur la gauche, après la D102 (Gez). C'est la reproduction de la tourelle que les officiers géodésiens Peytier et Hossard élevèrent au sommet du Balaïtous en 1825, tourelle qui a été restaurée en 2016. Haute de 3, 40 mètres, en plus des visées, elle servait d’abri pour les instruments de mesure. Dans cette réplique, une petite chambre scellée abrite la liste des souscripteurs et quelques pierres rapportées du Balaïtous
Ces officiers devaient s’installer pour des périodes relativement longues en transportant du matériel encombrant, dont le fameux cercle répétiteur de Borda et Lenoir, instrument de visée, La tourelle mentionnée ci-dessus devait être visible de très loin pour servir de repère de visée. Les géomètres devaient par la suite opérer ces visées et faire des relevés sur d'autres points, et ce, par beaux temps. De ce fait, l’expédition dura trois années, de 1825 à 1827.
Pour calculer les distances, ils utilisaient probablement aussi des télémètres à miroir. La salle des géodésiens ayant disparue au Musée pyrénéen, nous ne sommes pas pour l'instant en mesure d'affirmer si l’instrument exposé est l’un des appareils utilisés par les géodésiens pyrénéens.
Voir l’article complet de Suzanne Débarbat, sur Pierre Peytier et les géomètres dans la revue Pyrénées 281 de février-mars 2020, pages 42 à 59
Monument souvenir aux géodésiens à la sortie d'Argeles. Bornes de géodésiens au château fort de Lourdes.
Photos J. Omnès
Télémètre à miroirs fin du XIXe siècle des ateliers H. Depaepe. Photo J-M Prat d'Aucun. A droite répétiteur Borda. Photo Google
Au col de Soulor
Petite histoire
En 1864, un avocat anglais Charles Packe, accompagné d'un guide d'Arrens, veut être le premier à franchir les 3 144 m du Balaïtous ; il découvre au sommet des piquets de tente ! Le mystère demeure entier pendant de nombreuses années. Ce n’est que bien plus tard que l’historien des Pyrénées, Henri Beraldi, apprendra par les archives que Peytier et Hossard avaient fait la triangulation du massif en 1825.
Les Pyrénéistes. Les premiers sont naturellement les bergers et les chasseurs anonymes, puis vinrent les scientifiques poussés par les idées nouvelles des encyclopédistes. L’astronome Vidal et le chimiste Reboul vainquirent le premier 3 000, en 1787. Puis, ce fut au tour de Ramond de Carbonnières avec le Pic du Midi. Voir ci-dessous. À la fin du XIXe siècle, pratiquement tous les sommets étaient conquis.
Les Pyrénéistes
1-Arlaud Jean
2- Carbonnieres Ramond de
3- Boudon de Saint-Amans
4- Brulle Henri
5- Calvet Diego
6- Gaurier Ludovic
7- Lassus (de) Bertrand (baron)
8- Le Bondidier Louis et Margalid
9- LedormeurGeorges
10 -Lister Anne
11- Meillon Alfred
12- Meillon Alphonse
13- Nansouty
14- Packe Charles
15- Russsel Henry, comte
16- Saint-Saud Aymar; comte
17- Schrader Franz
Les guides exceptionnels
Bernat-Salles François
Passet Célestin
1- Arlaud Jean (1896-1938) médecin montagnard, fondateur en 1920 du groupe des « Jeunes » (GDJ), il participe en tant que médecin à l'expédition française au Karrakoran dans l'Himalaya. Président de la Fédération Pyrénéenne du ski, il participe au développement de ce sport. Son nom a été donné à un pic en 1953, puis en 1992 à à un refuge près du lac du Portillon d'Oô. Il se tue en montagne le 24 juillet 1938, près de Luchon. Sa tombe se trouve au cimetière de Gavarnie.
2- Boudon de Saint-Amans, dit Saint-Amans (1748-1831) : né à Agen, fondateur de l'académie de la ville, ami de Ramond de Carbonnières, c'était un botaniste réputé. Installé à Barèges lors de sa venue dans les Pyrénées, il est l'auteur de Fragments d'un voyage sentimental et pittoresque dans les Pyrénées.
Plaque sur la route de Luz avant le pare -avalanche
Plaque en hommage à Saint-Amans
Hommage rendu à Messieurs les officiers municipaux de la vallée de Barège par M . Saint Amans et M. Dusaux de l’académie des inscriptions des belles lettres de Paris, le 11 juillet 1788
contemple ici
du haut de ces monts de ? jusqu’au fonds (sic) de l’abîme, les prodiges de l’art et ceux de la nature adouci par l’industrie de humaine, le fier genre de ces montagnes, défend (sic) d'y trembler désormais.
Brisée en 1795, cette pierre a été restituée en 1852, aux frais de quelques habitans (sic) de Luz partisants (sic) de la conservation des monuments historiques à quelques ordre d’idées qu’ ils appartiennent.
suite illisible
3- Henri Brulle (1854-1936) : issu d’une famille de notaires bordelais, sa fortune et ses nombreux loisirs lui donnent la possibilité de consacrer une partie de sa longue vie à la montagne. Partisan des difficultés, il fait de nombreuses courses dans les Pyrénées, surtout vers le Pic du Midi, le Vignemale, le couloir de Gaube, soit près de 274 courses. Ce couloir, fissure glacée sur la face nord, fut sa plus grande performance (1889). Il faudra attendre près de 50 ans pour qu’elle soit rééditée. Il meurt à Chamonix en 1936 à la suite de sa cinquième ascension du Mont Blanc. Il a 82 ans. Il ne laisse à ses successeurs qu’un « petit carnet » qui n’a jamais été publié.
4- Calvet Diego (1898-1922)
Tombe de Calvet au cimetière de Gavarnie-Carte postale ancienne
5- Carbonnières Louis-Ferdinand Ramond de
Carbonnières Louis-Ferdinand Ramond de (1755-1827) est originaire de Strasbourg, d’un père languedocien et d’une mère allemande, Il est avocat. Il découvre la montagneen 1777, lors d’un voyage en Suisse avec un ami. Ce qui l’amène à traduire de l’Anglais « les lettres de William Coxe sur la Suisse », superbe écrivain de montagne d’après Henri Béraldi
En 1781, il se met au service du prince cardinal de Rohan dont il devint le conseiller privé et secrétaire. Après la célèbre affaire du collier de la Reine, Rohan est exilé en Auvergne, Ramond le suit.
Les Pyrénées
En 1787, Ramond accompagne le cardinal aux eaux de Barèges, il le quittera en 1788, pour revenir à Paris. Après avoir découvert l’envoûtement des Pyrénées il y consacrera une activité sans limites. À la fois homme de terrain, grand pyrénéiste avant la lettre et homme d’études avec de nombreuses publications toujours dignes d’intérêt, il édite en 1789, ses Observations faites dans les Pyrénées. Acte de naissance du pyrénéisme d’après Henri Béraldi. Deux ans auparavant, il avait atteint le sommet du Pic du Midi. Appartenant au club des Feuillants, il sera quelque peu inquiété pendant la Révolution qu’il avait fuie en 1791, en venant se réfugier dans les Pyrénées qu’il connaissait bien. il sera incarcéré en 1794, pendant sept mois à Tarbes. Puis sera nommé en 1796, professeur de sciences physiques et naturelles à l’école centrale de Tarbes, jusqu’à la fermeture de l’école en 1800. Après avoir découvert le Mont Perdu, il atteindra le sommet en 1802, après plusieurs essais infructueux.
Grand géologue et botaniste, il étudia l’âge primitif des calcaires, la mesure des altitudes et l’ordonnance géologique des Pyrénées centrales. Il fit l’inventaire de sa flore en herborisant près de 800 espèces. Un botaniste Claude Richard lui dédira une plante endémique alors inconnue. Elle prendra le nom de ramonda pyrenaica.
Sa vie politique
Élu député de Paris en 1791, puis des Hautes-Pyrénées en 1800, il devient membre de l’académie des Sciences en 1802 et est nommé préfet du Puy-de-Dôme en 1806, il finit en 1818, maître des requêtes au Conseil d’État et baron d’Empire en 1809. Il meurt à Paris, le 14 mai 1822 à l’âge de 72 ans.
Sa connaissance approfondie des Pyrénées et sa curiosité scientifique en ont fait l’exemple même du Pyrénéiste moderne : la Société Ramond, société savante de Bagnères-de-Bigorre, fondée en 1866 se veut sa digne héritière.
Son héritage
Il se trouve que Margalide Le Bondidier fondatrice du Musée pyrénéen de Lourdes a pu hériter du petit fils de Ramond, d’un legs important d’objets ayant appartenu à son aïeul. Celui-ci comprenait sa croix du commandeur, son épée d’académicien, sa canne baromètre, son masque mortuaire, son buste par Henry Triqueti (1803-1874), les portraits de son père et de sa mère, celui de son amie, des dessins, des eaux fortes et son grand panorama du pic du Midi réalisé en 1809, de sa main, ainsi que de nombreux documents. (1) À ce don, l’on peut ajouter les acquisitions faites en 1921 et répertoriées dans le catalogue Cinquante ans d’acquisitions du Musée pyrénéen 1920-1970 (2)
On trouve parmi les acquisitions de 1921 :
-La boussole de Ramond (inv 21.2.322),
- Son profil dessiné par Edme Qubnedy inv. Es 2549
- Son espingole (fusil) inv. 21.2123
- Ses carnets manuscrits
- Et quelques lithos et ouvrages personnels.
Le legs du petit-fils ne figure pas sur la liste des donateurs, page XV.
(1) Énumération d’Henri Béraldi dans l’article Salle d’honneur, Bulletin pyrénéen 167, septembre-octobre 1923.
(2) p113-115, objets 187 à 195
Louis Ramond de Carbonnières
Ramonda pyrenaica Wikipedia France par Babu
Son masque mortuaire, réserves du Musée pyrénéen. Photo Agnès Mengelle, directrice des collections, avec nos remerciements ; juin 2021 Buste de Massey par Nelli réalisé à partir du masque mortuaire de Carbonnières.
On ne peut parler de Ramond sans mentionner Jean -Pierre Piqué, médecin, député maire de Lourdes, conventionnel qui fut l'un des premiers à étudier la botanique locale et à la comparer avec le versant espagnol, du côté de l'Aragon. Il accusa par la suite Carbonnières d'avoir pillé ses recherches. Pour plus d'informations, voir le dossier hommes célèbres.
6- Gaurier Ludovic
Gaurier Ludovic, abbé (1875-1931), originaire de l'île d'Oléron, va quitter l'Océan pour s’intéresser aux eaux des Pyrénées. Géologue, glaciologue, limnologue, spéléologue et cartographe, grand spécialiste des lacs et des eaux, il est l’initiateur du barrage d’Artouste. Il a découvert une grotte au pied du Taillon, près de la fausse brèche qui a hérité de son nom : la villa Gaurier. On lui doit l'Atlas des Lacs Pyrénéen (520 lacs) qui fait toujours référence, l'Etude hydrologique des Gaves de Pau et d'Oloron, et en 1922, l'Etude glaciaire dans les Pyrénées françaises. Sur les 520 lacs pyrénéens, il en a cartographié 250. Ce qui est moins connu, c’est qu’il a été mandaté par le ministère des Affaires étrangères et le Touring club pour organiser des conférences entre 1915 et 1917, en Amérique latine pour vanter la beauté des paysages français et antillais. On espérait qu’après la guerre de nombreux Sud-Américains seraient venu faire un tour chez nous. Chevalier de la Légion d’honneur, sa dépouille se trouve au carré des Pyrénéistes, au cimetière de Gavarnie
Il se trouve que notre amie Anne Lasserre Vergne auteure de plusieurs ouvrages sur la région est la petite nièce de l’abbé. Elle lui a consacré trois livres, dont le dernier vient de sortir chez L’Harmattan (2023) : « Ludovic Gaurier de Pau à Valparaiso, un Pyrénéiste pendant la première guerre mondiale » Une interview par Florence Vergely, d’Anne Lasserre Vergne se trouve dans le journal Montagne du 17 février 2023
Ludovic Gaurier, à gauche à Bogota, photo de ? parue dans la Montagne du 17 02 2023, à droite au Musée pyrénéen
Villa Gaurier à la brêche de Roland bulletin CA 1912. Musée pyrénéen
7- Lassus (de) Bertrand ( baron)
Le baron avec son confesseur et un ami . Musée pyrénéen de Lourdes
8- Le Bondidier Louis et Margalide (1878-1945 et 1880-1960) : avec le Touring-Club de France, dont ils étaient membres, ils purent devenir, en 1920, les conservateurs-fondateurs du Musée pyrénéen. Ils en ont fait l’un des principaux musées d’arts et de traditions populaires de France. Mais leurs carrières commencèrent dès 1905, date à laquelle Louis organisa la Fédération des Sociétés pyrénéistes, puis en 1907, l’hôtellerie (hostellerie) du Pic du Midi, et en 1908, le premier concours de ski dans les Pyrénées. Il est également l’initiateur du téléphérique du Pic du Midi et du premier téléski de La Mongie. Membre du Conseil supérieur du tourisme au ministère des Travaux publics en 1935, écolo avant la lettre, on lui doit de nombreux ouvrages, souvent militants, toujours courageux sur la défense de la montagne contre les appétits des affairistes ; tout comme la protection par classement d’un certain nombre de châteaux et d’édifices. Il décède en 1945. Quant à Margalide, sobriquet gascon dérivé de Marguerite, dont l'étymologie viendrait du latin Margarita signifiant la « pureté », elle est née en 1879, Marguerite Liouville, et devient Margalide Le Bondidier en épousant en décembre 1898, Louis Le Bondidier. Nommée conservatrice à vie le 6 mars 1945, elle décède à son tour en 1960.
Louis et Margalide, revue des Pyrénées et son bronze au château fort de Lourdes.
Il existe le Pic Le Bondidier (3 200 m) et le Pic Margalide (3 258 m). Louis et Margalide sont inhumés à Gavarnie sur le versant méridional du Turon, face au Cirque. Deux plaques de bronze commémorent leur foi : « Quand la montagne vous a pris le cœur, tout vient d’elle et tout vous y ramène ». Citation attribuée à F. Schrader.
Louis Le Bondidier par Gabard. Musée pyrénéen de Lourdes. Photo J. Omnès
Collection de photos de Margalide. Musée pyrénéen, exposition Ici commence le chemin des montagnes ; Juillet 2020. Photo J. Omnès
La bibliotèque pyrénéenne
Elle se trouve sur plusieurs étages dans le donjon du château de Lourdes Au premier étage nous avons le bureau de Louis Le Bondidier, vu son embonpoint croisant il a fait faire une découpe en arc de cercle au plateau de sa table de travail. La cheminée à l’arrière est factice. A côté, est située une petite pièce appelée cabinet des estampes où nous retrouvons les ouvrages les plus célèbres sur le pyrénéisme, parfois en première édition avec nombre de dédicaces : de Carbonnières, Russel, Beraldi, Louis Le Bondidier...
Photos prises lors de la célébration du centenaire du Musée le 17 septembre 2022. Photos J. Omnès
Margalide et Louis au Musée pyréénen
9- Ledormeur Georges (1867-1952), né à Rouen, venu voir son frère militaire à Tarbes en 1894, il se fit embaucher comme employé dans un cabinet d'architecte. Il a près de 1 500 sommets à son actif, dont 120 au-dessus de 3 000 mètres. Il est à l'origine en 1925, des plans de la construction du refuge qui porte son nom au Balaïtous, sa montagne préférée et d'un guide richement documenté avec cartes qui servira plus tard, pour organiser les passages en Espagne (1943-1944). Il réalisa près de 7000 photos de la chaîne pyrénéenne qui se trouvent au Musée pyrénéen de Lourdes. Son guide publié en 1928, avec ses cartes précises sera très utilisé lors des passages en Espagne, durant la dernière guerre.
G. Ledormeur pour sa 17e ascension au Balaïtous lors de ses 80 ans. Photo R. Dastugue
Table d'orientation Ledormeur, au sommet du pic du Jer. Plusieurs se trouvent disséminées à travers le département, dont une face à l'office de tourisme d'Argelès-Gazost.
Table d'orientation au musée Massey.
10- Lister Anne (1791-1840). Si Anne Lister, riche héritière, née en 1791 à Halifax (Grande-Bretagne) est connue dans son pays comme personnalité du monde homosexuel et littéraire, elle est surtout connue en France pour ses ascensions de pics pyrénéens. Ses 24 volumes décrivant, parfois sous forme de code, ses aventures tant sexuelles que ses voyages, ont été en partie édités. C’est avec Anne Walker, une autre riche héritière qu’elle a « épousée » en 1832, qu’elle continuera ses exploits sportifs ; après avoir auparavant visité Paris (1819) et les Pyrénées, avec l’ascension en 1830, du Mont Perdu par la Brèche de Roland. En 1838, en accompagnant son amie à Luz-Saint-Sauveur, elle profitera de son séjour pour réaliser une première : l’ascension du mythique Vignemale (3298 m)… Puis, de longues pérégrinations l’amèneront dans le Caucase où elle décèdera de fièvre en 1840, auprès de son amie. Cette dernière ramènera son corps embaumé en Grande-Bretagne.
Anne Lister peint par Joshna Homer. Gèdre, cabanon de Ramond d'où il partait pour ses promenades, rénovée et transformée en Maison du Géologue. Journée de l'ouverture avec Jean Knobel, octobre 2016. Photo Guy Trousselle.
L’aventure tumultueuse de la conquête du Vignemale.
Le 24 juillet avec ses guides habituels Jean-Pierre Charles et Jean-Pierre Sajous, Anne Lister monte au Pïménée. De là, elle envisage la conquête du Vignemale jugée inaccessible à cause du glacier d’Ossoue. Elle s’informe auprès de guides expérimentés : Cazaux et Guillembet. Elle apprend que ce dernier a été engagé par Napoléon Joseph Ney, le prince de la Moskowa pour faire la même ascension. Elle précipite son départ et le 6 août, c’est une colonne de plus de 25 personnes qui se dirige vers la cabane de Saoussat-Debat. Elle repart en direction du versant espagnol, franchit le col entre le pic de Cerbillonna et le pic Central, nommé depuis col Lady Lister. À 13 heures, elle atteint le sommet de la Pique-Longue. Après avoir écrit son nom et celui de ses guides sur un papier glissé dans une bouteille, l'expédition reprend la descente. Le 11, le prince et les mêmes Cazaux et Guillembet partent à la conquête du même sommet et font disparaître ladite bouteille.
L’affaire se terminera devant un avocat tarbais au bénéfice d’Anne. Elle avait 47 ans.
Anne Lister figure dans un film tourné par René Dreuil (premier volet : Les découvreurs).
Pour en savoir plus sur Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Anne_Lister
Photo de Topo Guide
11- Meillon Alphonse(1862-1933) Fils aîné d’Édouard-Alfred et Albertine Meillon, Alphonse, né à Cauterets en 1862, continua l’œuvre de ses parents. En plus de l’hôtellerie, Il s’intéressa à la montagne en participant à la triangulation du Vignemale. Il fonda la Confédération pyrénéenne thermale et climatique et le syndicat d’initiative de Cauterets. Il reprendra à son compte les arguments de d’Espourrins concernant les propriétés communales des moines de Saint-Savin en prouvant que l’acte de donation de la vallée à ceux-ci par le comte de Bigorre, était un faux, établi au XIIe siècle. Un petit monument érigé en son honneur se trouve au Marcadau, derrière l’hostellerie du Pont d’Espagne. Auteur de très nombreux ouvrages sur la montagne et la région, dont Esquisse toponymique de la vallée de Cauterets (1908), Excursions topographiques de la vallée de Cauterets en trois volumes (1920), Autour du Vignemale (1928), il est à l’origine d’une plaquette rare sur les Pierres Saint-Martin (Bulletin pyrénéen, 1907 Pau). Marié en 1900, à Mlle Fournier, il eut deux enfants, Henriette décédée en 1933 et Jean (1902-1981) qui repris la succession de l’hôtel d’Angleterre. Il décéda à Paris en 1932.
Monument à Alphonse Meillon à Cauterets au pont d'Espagne. Photos J. Omnès
12- Meillon Alfred (docteur) Le fils cadet, Alfred, médecin, né à Pau en 1871, fut très actif dans le tourisme. Vice-président du Touring-Club de France, Il fit construire les premiers refuges pyrénéens, celui du Culaous et celui du Marcadau. Adepte des activités de plein air, il créa des camps de vacances thermaux pour les enfants malades. Il organisa à Cauterets le premier concours de ski. On lui doit également l’asphaltage de certaines portions de routes dans la région ; ce qui lui valut le surnom de « docteur goudron ». Conseiller général d’Argelès-Gazost, il fut élu maire de Cauterets en 1947 où il décéda en 1949. Il lutta durant des années, de toute ses forces contre les convoitises d'EdF sur les lacs pyrénéens, lors des grands travaux de création d'usine hydroélectrique. Il eut deux enfants Violette (Mme Paya) et Jacques, né en 1910.
Docteur Alfred Meillon, bronze au château fort de Lourdes. Photo J. Omnès
13- Nansouty, Général Charles Champion de (1815-1895) : fils d’une famille de militaires, il s’engage dans la cavalerie en 1837, fait des campagnes en Afrique où il apprend à survivre sous un climat rude. Après un voyage dans les Pyrénées vers 1860, il s’éprend de la région et s’installe à Bagnères-de-Bigorre. Se passionnant pour les pierres, il parcourt, son marteau de géologue à la main, non seulement les chaînes des Pyrénées, mais également la vallée du gave. Fondateur de la Société Ramond (société savante) en 1866, avec le pasteur Émilien Frossard, il en devient plus tard président. Il s’associe avec Vaussenat pour réaliser l’Observatoire du Pic du Midi. Malheureusement, en 1870, il est obligé d’aller se battre contre la Prusse. Après la défaite de Sedan, il revient à Bagnères fatigué et malade. Ce qui ne l’empêche pas, en 1872, avec la Société Ramond, Frossard et Vaussenat de créer la station météorologique du Pic du Midi. Pendant les travaux (véritable prouesse technique), il passe l’été, de nombreuses journées en ermite, au-dessus des nuages (2 877 m), souvent rejoint par Vaussenat. Puis, il s’installe à demeure à l’hôtellerie Sencours (2 366 m), dont il était à l’origine de la construction quelques années auparavant. Il décède à Dax en 1895.
Charles Champion de Nansouty au pic du Midi. Photo J. Omnès
14- Packe Charles (1826-1896). Pyrénéiste anglais, avocat passionné de montagne. Il vient en France, parcourt les Alpes et les Pyrénées en 1853, il en ressort l'édition de The spirit of travel : L'esprit du voyage. Puis, il revient dans les Pyrénées en 1857-58. Il s'attarde sur le versant espagnol avec son guide préféré H. Passet ; le massif de la Maladeta l'attire particulièrement. Il publie en 1864 The guide of pyrenees : Le guide des Pyrénées avec la carte du Balaïtous (3144 m). Il attaque par le versant nord, la Munia (3134m) et le 19 août 1864, il fonde à l'hôtel des voyageurs de Gavarnie, avec Russel, Frossard, Maxwel-Lyte, la société Ramond. Amoureux des patous qui l'accompagnaient dans nombre de ses courses, il est à l'origine de l'introduction de ce chien de montagne en Grande- Bretagne. On le dit inventeur du sac de couchage. Un refuge porte son nom près du Néouvielle-pic Long.
Portrait de Charles Packe au Musée pyrénéen- Refuge Packe
15- Russell Henry, comte : singulier personnage que ce comte né à Toulouse en 1834, d’un père irlandais et d’une mère gersoise. Après avoir parcouru pratiquement le tour du monde, surtout l’Asie et l’Océanie, il s’installe dans les Pyrénées et tombe follement amoureux des montagnes du Lavedan : « Quand j’arrive auprès d’elles, elles me reconnaissent » aime-t-il à dire. Son massif de prédilection est le Vignemale, au sommet duquel il creuse des grottes-abris. On lui doit la hauteur actuelle de ce sommet : 3 300 m. Le géodésien Peytier l’ayant calculé à 3 298 m, il le surélève artificiellement de 2 mètres. Acte administratif insolite, le syndicat des vallées de Barèges lui accorde une concession qui part de janvier 1889, pour 200 ha entre 2300 m et 3300 m et pour 99 ans. Il peut ainsi s’installer dans sa montagne et recevoir ses amis et relations comme à la maison, lors de ses trente-trois ascensions. Il monte pour la trente-troisième et dernière fois au sommet du Vignemale le 8 août 1904. Il a contribué grandement à la renommée du Pyrénéisme dans le monde. Il décède à Biarritz en 1909 et est enterré au cimetière municipal de Pau. Un des grands sommets pyrénéens, dont il a réalisé la première ascension en 1865, situé à l'extrémité est du massif de la Maladeta (point culminant : l'Aneto), porte son nom : le pic Russell (3 205 m).
Il est l’auteur de Souvenirs d’un montagnard. Éd. Librairie des Pyrénées/PyréMonde, Pau. Ses excursions sont relatées dans le Bulletin pyrénéen de Pau et le Bulletin Ramond de Bagnères.
Henry Russell à Gavarnie. Photo J. Omnès
À propos des grottes :
"Il fait creuser sept grottes de 1881 à 1893. Le 1er août 1882 la première grotte est achevée; c'est la villa Russell, située à 3205 m d'altitude, au col de Cerbillonna (3 m de long, 2,5 m de large et 2 m de haut). Russell habite sa grotte pendant trois jours. Le 12 août 1884, il la fait bénir ainsi que le Vignemale.
En 1885, il fait creuser la seconde grotte (celle des Guides) puis en 1886 la troisième, celle des Dames. Il y reçoit ses amis et de nombreux visiteurs, avec libéralité mais un confort relatif. Une visite de ses amis Brulle et Bazillac, qui dressent une tente sur le glacier, avec des tapis d'orient et une profusion inaccoutumée d'accessoires (« il y avait même des vaporisateurs »), lui vaut une réputation de luxe extravagant qu'il ne mérite pas tout à fait.
Le 5 décembre 1888, il demande au préfet des Hautes-Pyrénées de lui accorder la concession du Vignemale (200 ha entre 2300 et 3300 m). La location annuelle est fixée à 1 franc sur 99 ans et débute en janvier 1889.
Le glacier recouvrant ses grottes, trois autres seront creusées 800 m plus bas, à la base du glacier (2400 m) : les grottes Bellevue. La dernière, la grotte du Paradis, est creusée à quelques mètres sous le sommet de la Pique-Longue."
Texte d'Alain Paulia sur le site les Amis du Lavedan et du pays toy.
Il existe un dessin, de Charles Jouas de 1922 environ H 31, 6X L 385. Dessin à la pierre noire, touche de sanguine et de pastel. Mais le bâton se trouve le ong du corps. Musée pyrénéen.
Russell dans son sac de couchage en peau de mouton. Chambre de Russell à l'Hôtel des voyageurs avant l'incendie. Photo P. Lavantès et cliché de Meys.
Plaquette de L. Le Bondidier pour le centenaire de sa naissance. H. Russell et l'une de ses grottes
Crampons de Russell Maquette grotte de Russell, musée pyrénéen
Russell avec ses porteurs devant sa grotte. Musée de Gavarnie
16- Saint-Saud Aymar, comte en préparation
17- Schrader Franz
Schrader Franz né à Bordeaux en 1844, excellent grimpeur et scientifique, il est l’inventeur en 1873, de l’orographe, appareil qui servait à mesurer les sommets, puis en 1895, du tachéographe, appareil destiné à réaliser plans et cartes avec leurs courbes de niveau. Ceux-ci sont au Musée pyrénéen de Lourdes. Son sommet préféré était le Piméné (2 801 m), face à la vallée d’Ossoue, à l’est de Gavarnie. Mais il était aussi très bon dessinateur et peintre, et avait le sens de l’observation. Il réalisa le document connu sous le nom de panorama Schrader : aquarelle à 180° du paysage du Mont -Perdu. Elle se trouve au musée pyrénéen de Lourdes. Président du Club alpin français de Bordeaux, il est l'auteur du nom pic Ramond en hommage au vainqueur du mont Perdu, il en réalisa la première carte au 1/ 40 000e, en 1874. Jusqu’en 1914, il réalisa nombre de cartes et d’atlas de montagne. Il décéda à Paris en 1924. Il est enterré à Gavarnie sur le turon de la Courade, face au Cirque à côté de Louis et Margalide Le Bondidier. Tous les trois, protestants, préférèrent être enterrés hors du cimetière catholique, à côté de l'église.
Franz Schrader et son orographe (appareil qui sert à mesurer les sommets, musée du château fort de Lourdes.
Photos J. Omnès
Le Mont-Perdu aquarelle de Franz Schrader, hélas derrière des vitres
Sa copie, musée pyrénéen
Carte du Mont-Blanc
Montagnes à 360 °
Orographe. Photo Musée pyrénéen
LES GUIDES
Sans lesquels nombre d'ascensions n'auraient pu se faire.
François Bernat-Salles (1855-1934)
Imposant gaillard de Gavarnie, guide préféré de Brulle et Bazillac et ami de Célestin Placet, il réalise de nombreuses performances au couloir de Gaube, au mont Perdu par le glacier nord, comme au Vignemale et au mont Perdu le même jour, un certain 25 août 1891. En 1894, il accompagne le comte Aymar de Saint-Saud dans l‘ascension des Picos de Europa. Sa maison, après avoir quitté celle de Célestin, vu sa pauvreté, fut construite dans un élan d’amitié par les gens du village à l’entrée de celui-ci. Pour compléter ses maigres ressources il élevait des moutons et faisait aussi office de porteur, il avait une force exceptionnelle. C’est lui qui a porté la vierge de Tuquerouye de 75 kilos sur son dos, le jour de l’inauguration du refuge. Il décède le 2 février 1934, dans l’indifférence générale.
Maison de Bernat- Salles en face de la mairie le long du petit chemin dallé. Elle a été vendue il y a peu.
Photo J. Omnès
Larramiau Noël, dit Lestable (1815-1855)
Guide de 2e classe. (1845-1853)
Né en 1815, Noël Larramiau est engagé lors du séjour d’août 1843 par Victor Hugo. Corinne Chuat qui étudie le journal de Juliette Drouet, la compagne de Victor Hugo relève l’adresse de Noël Larramiau : « près de la fontaine ». La somme payée à Noël Larramiau « 50 » est mentionnée avec la date du mercredi 16 août, pour un service et non une excursion pense Corinne Chuat (1). Pourtant, Juliette Drouet mentionne une promenade près d’un dolmen, un torrent, dans la vallée du Lutour ou au plateau du Clot. Noël Larramiau est homologué en 1845 et 1853 comme guide de 2e classe (2). Par la suite, Noël Larramiau devient limonadier à Cauterets. Il décède, prématurément, dans sa maison, rue de l’Eglise à 53 ans (3). Texte de Céline Bonnal
(1) Chuat, 1994, p.10 et p.19-20.
(2) AD65, Liste des guides de 1844. Tableau des guides de 1853. Mairie de Cauterets.
(3) AD65, Etat civil de Cauterets.
Célestin Passet : né à Gavarnie (1845-1917). Chasseur, guide de montagne réputé, il accompagna à de nombreuses reprises H. Russel, Schrader, Bazillac, H. Brulle et De Monts. Il fit la première du mur de la Cascade en 1887 et du couloir de Gaube en 1889. Durant 32 ans (de 1878 à 1910), il effectua un nombre impressionnant de premières. Très demandé comme son cousin Henri, avec qui il reçoit en 1890, la grande médaille du Club alpin français, il voyage en Grande-Bretagne, en Afrique du Sud, en Ethiopie et en Sardaigne. Sa maison, au centre du village où il vivait avec son gendre Castagné devint l'hôtel Mourgat. Il décéda en novembre 1917, suite à une attaque de paralysie. Sa tombe mentionne Passet-Castagné, elle se trouve près de celle de Pierre Adagas et de Claude Valleau. Deux textes à sa mémoire ont été écrits par Henri Brulle. Henri Russel l"avait surnommé l'isard bipède, vu ses aptitudes à l'escalade.
Célestin Passet Plaque de guide de son cousin Henri
MUSEE PYRENEEN
Château fort de Lourdes, galerie des Pyrénéistes. C’est Louis Le Bondidier, fonctionnaire à Campan et amoureux de la montagne pyrénéenne qui, en compagnie de son épouse, Margalide, avec l’accord de la municipalité de Lourdes et du Touring-Club de France, créa le Musée pyrénéen dans l’enceinte du château fort en 1920. Le couple sut prévoir, avant tous, le spectaculaire développement des sports de montagne, auprès des masses populaires et la curiosité croissante des visiteurs de Lourdes pour un des tout premiers musées d’arts et de traditions populaires en France. Louis et Margalide reçurent très rapidement en dons « toutes les reliques de la brillante épopée du pyrénéisme ». Le Bulletin Pyrénéen qui fut remplacé par la suite par la Revue Pyrénées des Amis du Musée, en fit à l’époque l’inventaire : « Ce fut vertigineux de voir accourir et se rassembler en un clin d’œil, les éperons de Nansouty, les piquets de tente de Peytier, le daguerréotype d’Hossard, le marteau de Vaussenat, la gourde et le sac de Russel, la carte qui lui servit à traverser l’Asie et la minute de l’acte de concession du Vignemale… la canne baromètre de Ramond et l' olographe de Schrader… ». On peut y ajouter le fonds Ledormeur : plus de 7 000 photos de la chaîne pyrénéenne.
C’est la seule salle actuellement rénovée, mais la plupart des dons mentionnés y compris ceux des guides de montagne ont pris la direction des archives. C’est devenu la salle des géodésiens avec de nombreuses cartes et peu d’instruments.
GAVARNIE HAUT LIEU DES PYRENEISTES
Quelques tombes de Pyrénéistes : en sortant de l’église, au fond, à droite, celle du Savoyard Jean Arlaud (1896-1938), médecin montagnard, fondateur en 1920 du groupe des « Jeunes » (GDJ), il participe en tant que médecin à l'expédition française au Karrakoran dans l'Himalaya ; à côté, un rocher commémoratif aux nombreuses victimes de la montagne.
Plus avant, la sépulture de l’abbé Ludovic Gaurier (1873-1931), grand spécialiste des lacs et des eaux, initiateur du barrage d’Artouste, la plaque de bronze est due au sculpteur béarnais Gabard et celle de Diego Calvet (1898-1922) avec hommage du C.A.F. (1) et l’épitaphe : « Des plus purs sommets, des montagnes les plus ardues dont il aimait les grands horizons et les dangers, il est parti vers les sommets éternels, n’ayant pas connu dans la vie, l’ombre de la vallée ».
Celle de Georges Ledormeur (1867-1952), employé dans un cabinet d'architecte à Tarbes, il a près de 1 500 sommets, dont 120 au-dessus de 3 000 mètres à son actif. Il est à l'origine des plans de la construction du refuge qui porte son nom au Balaïtous et d'un guide richement documenté avec cartes qui servira plus tard, pour organiser les passages en Espagne (1943-1944). Il est l'auteur de plusieurs tables d'orientation.
Table de Ledormeur offerte par le comte Roquette-Buisson à la ville d'Argelès, sur la terrasse de l'Office de tourisme. Photo J. Omnès
Mairie de Louey. Table d'orientation de l'hôtel Moderne de Lourdes, 1910. Photo J. Omnès
Un lieu si empreint d’histoire mériterait une meilleure présentation.
(1) Club Alpin Français
Cimetière des Pyrénéistes. Photo J. Omnès
Tombe de Georges Ledormeur. Photo J. Omnès. Plaque, tombe des Le Bondidier. Cliché Loucrup65-Barragué
C'est sur cet emplacement que se trouvait l'hospitalet ou "ausmnone" de l'Ordre des hospitaliers de Saint-Jean. Il a été transformé en 1783, en Auberge des Voyageurs par un sieur Belou, pour loger chaque année, la veille de la Ste Madeleine, les syndics de Barèges et de Broto. Puis le bâtiment à côté fut construit en 1881, par Pierre Vergez-Belou, lors de la restauration de l'Auberge des voyageurs. L'ensemble prendra alors le nom d'Hôtel des Voyageurs. C'est en 1864, dans l'auberge que naîtra la société Ramond. Le premier bulletin pyrénéiste paraîtra en 1866.
Cette maison a accueilli pléthore de randonneurs illustres dont V. Hugo, A. de Vigny, G. Sand, G. Flaubert, Chevalier, alias P. Gavarni, Swan et pratiquement tous les Pyrénéistes de renommée. Espérons que la chambre de Henry Russel sera conservée ou pourquoi pas, transformée en musée. Malheureusement, en 2010, un incendie important à ravagé en partie l’immeuble.
L'hôtel au début du XXe siècle, carte postale.
L'ex hôtel Vignemale, photo J. Omnès
La bibliothèque pyrénéenne utilisée par l'élaboration de ce site patrimonial
Le pyrénéisme a un fleuron peu connu du grand public : la bibliothèque du Musée du château de Lourdes.
En son temps le conservateur Jean Robert en avait fait un bref inventaire : nous pouvons lire dans l’un de ses ouvrages (1) : « A côté du Musée, s’accroit la riche bibliothèque, formée à l’origine par les 2000 volumes ou environ de la bibliothèque personnelle des Le Bondidier, auxquels vinrent se joindre les 480 volumes dont 220 titres, de la bibliothèque du naturaliste et pyrénéiste Ramond de Carbonnières acquise avec ses manuscrits en 1921. Puis, plus près de nous se situe l’acquisition du fonds Bacquerisse qui totalise près de 800 ouvrages en gascon, languedocien et provençal et qui réunit peu à peu tout ce qui a été rédigé en langue d’Oc, de la Renaissance à 1854, accompagne des œuvres imprimées, moins complètes de 1854 à 1938. […]
Pour le présent, sans compter les périodiques, la bibliothèque compte un peu plus de 20 000 volumes et aligne pour le total 912 m de rayonnages. Pyrénéisme et thermalisme y sont particulièrement bien présentés. L’ethnographie ouvre un large éventail sur la chaîne pyrénéenne, permettant des études comparatives…. […] Le fonds manuscrits volumineux, qui s’adjoint à la Bibliothèque, s’intègre peu à peu dans l‘ordre qui lui convient, accompagné des nécessaires analyses.
On ne saurait oublier le département des estampes qui totalise environ 3600 pièces, dont 87 albums de lithographies, de dessins originaux ou d’aquarelles, albums de lithographies français et anglais signés Bacler d’Albe, de Basterot, Ciceri, Gorse, Marianne Colston, albums d’originaux signés Deveria, Gelibet, John Nattes, Charles Jouas… De ce dernier, il faut noter au passage les 24 dessins et pastels acquis en 1969 et représentant presque tous des paysages des Pyrénées centrales. »
Nous ignorons l’état actuel de cette bibliothèque spécialisée hors norme. Ne mériterait-elle pas un endroit particulier, facilement accessible à tous et une mise en fichier informatique accessible par Internet ?
(1) Château de Lourdes et musée pyrénéen, édition Art et tourisme, non daté (entre 1965 et 1985).
Lire :
Abadie Bernard, abbé (1900-1989) Le sanglier du Picharrot, Marrimpouey jeune Pau, 1969 et 1972
Amis du Musée pyrénéen, Pyrénées, bulletins trimestriels, Amis du Musée pyrénéen Pau
Beraldi Henri (1849-1931) Cent ans aux Pyrénées, 7 tomes, 1898-1904 ; réédition Les Amis du livre pyrénéen Pau, 1977, puis Monhelios en 2 tomes, 2011
Bonnal Cécile (1972- ) Les guides de Gavarnie, MonHélios, 2018
Brulle Henri (1854-1936) Ascensions Alpes-Pyrénées, 1944 ; réédition Éditions des régionalismes et PRNG, 2018 ; Gallica-tome 6
Carbonières(de) Ramond Louis (1755-1827) Observations faites dans les Pyrénées, Belin Paris, 1789
Duval Gilles ( ) Le comte Russel et les Pyrénes (1834-1909), L'Harmattan, 2021
Le Bondidier Margalide et Louis (1879-1960 ; (1878-1945) Articles dans le bulletin pyrénéen
Nansouty (de) Charles Champion Dubois (1815-1895) Observatoire du pic du Midi.
Packe Charles (1826-1896) A Guide to the Pyrénées, édition Longman, London 1862 et 1864 ; réédition
Perret Paul (1746-1834) Les Pyrénées françaises d'Est en Ouest en 3 volumes, dont celui de la Bigorre, H. Oudin Paris, 1881-1884 (gravures de E. Sadoux), réédition des tomes 2 et 3 Lacour et Ollé, 2006.
Russell, comte Henry (1834-1909) Souvenirs d'un montagnard -Pyrénaïca 1908, réédition PRNG Pau en deux tomes : Souvenirs en 2017 et Pyrénaïca en 2020
Sand Georges (1804-1876) dans Voyage aux Pyrénées avec d'autres auteurs romantiques, Pimiento, 2001
Schrader Franz (1844-1924) Atlas de Géographie Historique avec 55 cartes, Hachette, 1907
Wallon Paul Edouard (1821-1895) Panoramas des Pyrénées centrales, G. Cazaux Pau,1869
Weld Charles Richard ( 1813-1865) Les Pyrénées d'Ouest en Est., 1859 ; réeditions Rencontre, 1970 et Loubatières Portey-sur-Garonne, 2003